Dyshidrose


Rédigé par Charline D. et publié le 15 février 2022

Dyshidrose de la main

Une dyshidrose, aussi appelée eczéma bulleux ou eczéma palmo-plantaire, est une maladie cutanée fréquente. Cette dermatite a la particularité de n’affecter que les mains et/ou les pieds, et concerne plus volontiers les individus ayant un terrain atopique. Les adultes sont les plus concernés, souvent entre l’âge de 20 et 40 ans. L’affection est moins fréquente chez les enfants. Une dyshidrose se manifeste par divers symptômes, également présents en cas d’eczéma ou de dermatite, dont des rougeurs, d’intenses démangeaisons ou la formation de petites vésicules remplies de liquide. Le diagnostic est clinique, parfois des tests allergiques sont prescrits en complément. La prise en charge repose généralement sur l’application d’un traitement local : une crème ou une pommade à base de corticoïde, associé aux mesures d’hygiène classiques.

Définition et symptômes

Qu’est-ce qu’une dyshidrose ?

Une dyshidrose est une dermatite fréquente de type eczéma localisé au niveau des mains ou des pieds, et caractérisée par la présence de petites cloques d’eau.

Une dermatite correspond à une inflammation des couches cutanées superficielles qui se manifeste par divers symptômes comme un gonflement, des démangeaisons, des cloques, des croûtes, etc.

L’origine exacte de la dyshidrose est inconnue. Cette affection peut être causée par des contacts répétés ou prolongés de l’eau sur les mains.

À noter ! Malgré son appellation, la dyshidrose n’a aucun rapport avec une transpiration excessive ou une anomalie des glandes sudoripares. En revanche, elle peut aussi être le symptôme d’une dermatite atopique ou allergique. Dans la majorité des cas, on parle de dyshidrose idiopathique, car on ne connait pas la cause.

Quels symptômes ?

Une dyshidrose est une atteinte chronique. Elle évolue sur plusieurs mois, par poussées, souvent entrecoupées de périodes de rémission. Les lésions causées par une dyshidrose empêchent généralement le patient de se servir de ses mains. Les répercussions psychologiques peuvent être importantes.

Une dyshidrose se traduit au niveau des pieds ou des mains par :

  • Une rougeur cutanée ou érythème ;
  • Une desquamation ;
  • Un épaississement visible de la peau ;
  • Des démangeaisons ou prurits ;
  • Des cloques qui suintent lorsqu’elles percent ;
  • Un gonflement de la peau lui donnant un aspect rugueux.

À savoir ! Une cloque (ou phlyctène) résulte d’une irritation cutanée provoquant une séparation de l’épiderme et du derme. Une petite poche de liquide se forme entre ces deux couches normalement superposées. Le principe est le même pour une ampoule, qui est causée par une irritation cutanée d’origine mécanique (frottements répétés).

Les symptômes sont évolutifs. Des petites plaies ouvertes (ulcères) peuvent survenir. D’abord, des taches rouges, chaudes et irritantes apparaissent sur la peau. Plusieurs heures après, de petites vésicules remplies de liquide clair se forment sur la paume des mains, la plante des pieds ou le côté des doigts. Le grattement des lésions provoque le suintement lorsque les vésicules se rompent et des croûtes jaunâtres se forment. Une fois que les croûtes sont tombées, la peau est rouge et lisse et se couvre de squames.

Après une crise, les manifestations peuvent disparaître jusqu’à une autre poussée, récidiver, ou bien, elles persistent (on parle alors de dermatite chronique). La peau est de plus en plus épaisse et plus foncée : on parle de « lichénification ». Les démangeaisons peuvent persister même en l’absence de lésions.

La forme la plus sévère de dyshidrose est le pompholyex au cours duquel les petites cloques se rejoignent et en forment de plus grosses.

La surinfection bactérienne est une complication fréquente de l’affection. En effet, durant la phase de suintement, la peau peut s’infecter et donner lieu à un suintement purulent qui retarde la cicatrisation. Elle est plus volontiers causée par un staphylocoque doré ou par un virus de l’herpès.

Diagnostic et traitement de la dyshidrose

Quel diagnostic ?

Le diagnostic de la dyshidrose est clinique. Autrement dit, il repose sur l’aspect caractéristique des lésions et leurs localisations (mains et/ou pieds). Les antécédents du patient sont également étudiés. L’examen microscopique d’un prélèvement de peau peut éventuellement être prescrit pour compléter le diagnostic.

Des investigations concernant la cause de l’affection sont ensuite menées. Elles peuvent être plus ou moins longues. Le patient peut être questionné sur la première localisation des lésions, leur date d’apparition et leur évolution. Le médecin se renseigne également à propos de l’environnement, des loisirs, des produits d’hygiènes utilisés, du type de vêtements porté ou encore de la présence d’antécédents familiaux.

Dans les cas où le médecin suspecte que la dyshidrose soit liée à une dermatite de contact, la ou les substances suspectées de la provoquer font l’objet de tests allergologiques afin de confirmer le diagnostic. Ils consistent à appliquer divers allergènes possibles au niveau de la peau du dos, du bras ou du thorax du patient. Quelques jours plus tard, le médecin observe la ou les zones exposées aux différents allergènes à la recherche d’une éventuelle réaction allergique. Ces tests sont surtout utilisés en cas d’échec aux traitements ou d’allergies associées.

Quel traitement ?

Une dyshidrose peut disparaître spontanément, sans traitement particulier. Cependant, les récidives sont fréquentes. La prise en charge varie selon la sévérité des symptômes.

Dans tous les cas, les premières mesures à prendre concernent l’hygiène :

  • Se laver quotidiennement les mains ou les pieds à l’eau et au savon. Il est préférable d’utiliser des savons doux, type pains de savon ;
  • Procéder à un séchage minutieux, en tamponnant plutôt qu’en frottant ;
  • Appliquer une crème hydratante ou émolliente adaptée quotidiennement ;
  • Éviter de s’exposer aux toxiques comme le tabac, la poussière, etc.
  • Pour limiter la survenue de complications liées au grattage des vésicules, il est préférable de ne pas toucher aux lésions, et de garder les ongles le plus court possible.

L’application d’une compresse d’eau froide pendant 15 minutes, plusieurs fois par jour, permet d’apaiser le patient.

À noter ! Après chaque application, il est conseillé de remettre de la crème hydratante.

Lorsque la dyshidrose est plus marquée, un traitement local à base de corticoïde peut être prescrit pour appliquer directement sur les lésions. Il peut se présenter sous forme de crème, prescrite en cas de suintements ou de lésions au niveau des plis, ou sous forme de pommade lorsque la peau est sèche ou épaisse. Le traitement doit être appliqué une fois par jour jusqu’à disparition complète des lésions. Lorsque des démangeaisons importantes ou gênantes sont associées, un antihistaminique peut être prescrit en complément. Généralement, le patient est soulagé dans les 48 à 72 heures.

Femme qui met de la crème sur ses mains

En cas de grattage des vésicules, une surinfection est à craindre. Celle-ci nécessitera alors la prescription d’une crème antibiotique.

Parfois, et particulièrement en cas de récidives fréquentes, le dermatologue peut prescrire des séances de photothérapie (exposition à la lumière ultraviolette).

Dans les cas les plus sévères, le médecin peut prescrire des corticoïdes en injection ou par voie orale.

À noter ! Les corticoïdes sont à utiliser sur une courte durée. Quelques fois, des médicaments immunosuppresseurs (médicaments modulant l’activité du système immunitaire) sont également employés. La prescription de ces derniers est réservée aux dermatologues.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Dermatite des mains et des pieds. msdmanuals.com. Avril 2021.

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