Eczéma atopique, dermatite atopique


Rédigé par Estelle B. et publié le 29 juillet 2024

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L’eczéma atopique ou dermatite atopique est une pathologie cutanée chronique fréquente. Elle se développe volontiers dès l’enfance, parfois dès le plus jeune âge. Son incidence se réduit avec l’âge. Elle évolue sous forme de poussées, avec l’apparition de plaques rouges associées à de fortes démangeaisons. Cette maladie est en hausse au sein de la population, sans doute en lien avec des facteurs environnementaux. L’arrivée des biothérapies offre aux patients avec des formes sévères de nouvelles solutions thérapeutiques.

Qu’est-ce que l’eczéma atopique ou dermatite atopique ?

L’eczéma atopique – ou dermatite atopique – est la plus fréquente des pathologies cutanées chroniques. Il existe d’autres formes de dermatite qui ne sont pas liées à un terrain atopique. C’est le cas par exemple de l’eczéma de contact.

L’eczéma atopique se manifeste généralement dès le plus jeune âge, vers l’âge de 3 mois. On estime que 10 à 20 % des nourrissons ou jeunes enfants seraient touchés. On parle alors d’eczéma du nourrisson. L’incidence tend ensuite à se réduire avec l’âge. Près de 10 % des moins de 20 ans seraient concernés, et seulement 3 % des plus de 50 ans auraient encore un eczéma atopique. Cette maladie est plus répandue chez les femmes.

À savoir ! Le terme « atopique » désigne la tendance d’un individu à développer une réaction allergique au contact d’éléments de l’environnement (poussières, pollen, poils d’animaux, etc.) normalement sans effet sur l’organisme. L’existence d’un terrain atopique prédispose non seulement à développer une dermatite atopique, mais aussi d’autres formes d’allergies, comme la rhinite allergique ou l’asthme

Depuis quelques dizaines d’années, on observe une augmentation significative du nombre de cas d’eczéma dans la population. Certains scientifiques expliquent cette hausse par une modification des comportements alimentaires du nourrisson (diminution de l’allaitement maternel et exposition à des aliments allergisants de façon plus précoce). D’autres l’expliquent par une plus grande hygiène de l’environnement du bébé qui réduirait l’exposition précoce de son système immunitaire à diverses substances. La pollution environnementale est également mise en cause.

D’où vient l’eczéma atopique ?

L’eczéma atopique est une maladie multifactorielle, qui implique des causes génétiques et environnementales. La prédisposition génétique, c’est-à-dire le terrain atopique, joue un rôle important. En effet, chez 50 à 70 % des enfants développant l’affection, on trouve un parent proche (père, mère, frère ou sœur) également atteint. Cette maladie est le résultat d’anomalies immunologiques et cutanées transmises génétiquement. Deux types de gènes semblent être en cause dans la maladie :

  • Le gène de la filaggrine (protéine impliquée dans l’hydratation de la couche supérieure de l’épiderme) ;
  • Les gènes contrôlant l’immunité.

Lorsque l’un ou plusieurs de ces gènes sont modifiés, la structure de la peau est anormale et la barrière cutanée altérée. La peau est plus sensible aux agressions extérieures. Des molécules parviennent au contact des cellules immunitaires favorisant la survenue d’une réaction immunitaire anormale à l’origine des symptômes. De plus, une sécheresse cutanée importante se développe, car la peau retient moins bien l’eau.

Des facteurs environnementaux jouent également un rôle important dans le développement de l’eczéma atopique :

  • L’excès d’hygiène ;
  • L’utilisation de produits d’hygiène agressifs pour la peau ;
  • Un air ambiant froid et sec ;
  • L’exposition au tabac ;
  • Certaines habitudes alimentaires (certains aliments déclenchent des symptômes d’eczéma) ;
  • La pollution urbaine ;
  • Les infections.

Quels sont les signes de l’eczéma atopique ?

Chez le nourrissons et le jeune enfant, les symptômes de l’eczéma atopique sont les suivants :

  • Rougeur de la peau ;
  • Démangeaison (ou « prurit » en terme médical) ;
  • Surélévations de la peau lui donnant un aspect rugueux ;
  • Fines vésicules avec suintements lors de leur rupture ;
  • Croûtes (après le suintement des vésicules) ;
  • Sécheresse cutanée en dehors de la zone touchée.

Chez le nourrisson, la dermatite atopique se manifeste de manière symétrique et essentiellement au niveau du visage (joues et front) et du cuir chevelu. Souvent, le nouveau-né présente des griffures, signe qu’il cherche à apaiser ses démangeaisons. Les lésions finissent ensuite par s’étendre aux bras, aux jambes et au tronc.

L’eczéma atopique évolue par poussées durant lesquelles les symptômes s’aggravent. Les poussées d’eczéma sont entrecoupées de périodes de rémissions. Au cours des poussées et selon l’âge du patient, les symptômes peuvent varier. On distingue 4 phases de l’eczéma :

  1. En premier, des taches rouges, chaudes et irritantes apparaissent ;
  2. Plusieurs heures après, de petites vésicules remplies de liquide clair se forment ;
  3. Le grattement des lésions, constituant la phase 3, provoque le suintement par rupture des vésicules avec formation de croûtes jaunâtres ;
  4. Enfin, les croûtes tombées, les lésions rouges et lisses se couvrent de squames.

Suite à cet épisode, les symptômes peuvent disparaître jusqu’à la prochaine poussée, récidiver ou bien persister et devenir chroniques. La peau devient peu à peu plus épaisse et plus foncée : on parle de « lichénification ». Les démangeaisons persistent malgré l’absence de lésions.

Chez l’adolescent et l’adulte, les lésions sont généralement observées au niveau de la tête, du cou et des membres. La maladie peut également s’exprimer par une sécheresse cutanée de la paume des mains et des fissures de la pulpe des doigts.

La surinfection est la complication la plus fréquente de la maladie. En effet, au cours de la phase de suintement, la peau peut s’infecter donnant lieu à un suintement purulent retardant la cicatrisation. Elle peut être causée par un staphylocoque doré ou par un virus de l’herpès.

La dermatite atopique peut avoir un retentissement important sur la qualité de vie, car elle est très stigmatisante.

Comment identifier l’eczéma atopique ? Le diagnostic

En cas d’apparition de symptômes cutanés chez un nourrisson ou un jeune enfant, il est important de consulter le médecin ou le pédiatre, en particulier dans les familles présentant un terrain atopique. Le médecin procède à un examen clinique des lésions cutanées et observe leur évolution. Un examen microscopique d’un prélèvement de peau peut éventuellement compléter le diagnostic.

Pour rechercher la ou les substances provoquant l’eczéma atopique, le médecin peut prescrire un bilan allergologique. Les tests consistent à appliquer diverses substances au niveau du dos, du bras ou du thorax du patient. Quelques jours plus tard, le médecin observe la ou les zones exposées aux diverses substances à la recherche d’une potentielle réaction allergique. Ces tests sont surtout utilisés en cas d’échec aux traitements, de localisation particulière (poignet par exemple) ou d’allergies associées.

Quels sont les traitements de la dermatite atopique ?

Lors d’une poussée d’eczéma, le médecin prescrit un dermocorticoïde local à appliquer directement sur les lésions. Il peut se présenter sous forme de crème, plutôt en cas de suintements ou au niveau des plis, ou sous forme de pommade lorsque la peau est sèche ou épaisse. Le dermocorticoïde doit être appliqué une fois par jour jusqu’à la disparition complète des lésions. En cas de démangeaisons importantes ou gênantes, un médicament antihistaminique peut être associé.

Un traitement antiseptique et antibiotique peut être indiqué en cas de surinfection de certaines lésions.

En cas d’échec au traitement à base de dermocorticoïde ou dans les formes sévères de l’eczéma atopique, d’autres traitements peuvent être mis en place par le dermatologue :

  • La photothérapie par UVA/UVB est un traitement efficace à court terme, mais elle doit être utilisée de manière limitée pour ne pas augmenter le risque de mélanome ;
  • La ciclosporine, un médicament immunosuppresseur, uniquement chez l’adulte et avec un suivi médical renforcé ;
  • Des biothérapies apparues récemment, comprennent des anticorps monoclonaux et des médicaments inhibiteurs des Janus kinases. Ces médicaments nécessitent également une surveillance médicale particulière et sont réservées à certains cas particuliers.

Par ailleurs, un soutien psychologique peut s’avérer utile dans certains cas lorsque la maladie nuit à la qualité de vie du patient.

En parallèle du traitement prescrit par le médecin, quelques mesures simples sont indispensables pour améliorer la santé cutanée et ainsi la qualité de vie du patient et l’efficacité des traitements :

  • Suivre rigoureusement la prescription et les conseils du médecin ;
  • Effectuer qu’une seule toilette quotidienne pour ne pas irriter la peau ;
  • Utiliser uniquement les « pains » de savon ou nettoyants doux sans savon ;
  • Ne rien ajouter à l’eau du bain ;
  • Se sécher la peau en tamponnant plutôt qu’en frottant ;
  • Préférer les vêtements en coton ;
  • Éviter toute exposition à des substances allergisantes (comme le tabac, la poussière, etc.) ;
  • Adopter une alimentation saine et équilibrée ;
  • Appliquer une crème émolliente ou hydratante deux fois par jour (en cas de poussée, éviter l’application sur les zones touchées) ;
  • Après la piscine, prendre le temps de se rincer à l’eau et éventuellement appliquer une crème émolliente.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Eczéma atopique. www.ameli.fr. Consulté le 19 juillet 2024.
– Dermatite atopique (eczéma atopique). www.inserm.fr. Consulté le 19 juillet 2024.
– La dermatite atopique. Dermato-info. dermato-info.fr. Consulté le 19 juillet 2024.

 

 

 

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