Le tétanos est une maladie infectieuse non contagieuse, présente dans le monde entier. Malgré l’existence d’un vaccin, quelques dizaines de cas sont encore recensés chaque année en France, et provoquent une dizaine de décès. Dans certaines régions du monde, le tétanos, et en particulier le tétanos néonatal représente toujours un enjeu important de santé publique. L’infection bactérienne est grave, et est souvent mortelle si elle n’est pas prise en charge de manière adaptée. La vaccination reste le seul moyen de prévention efficace du tétanos.
Le tétanos, une infection bactérienne
Le tétanos est une maladie liée à une infection par une bactérie anaérobie Gram positif, appelée Clostridium tetani. Cette bactérie est présente sous forme de spores partout dans l’environnement, mais surtout :
- dans le sol ;
- dans les cendres ;
- dans le tube digestif et les excréments des animaux ;
- à la surface de la peau ;
- à la surface des outils et des objets rouillés.
Ces spores peuvent vivre ainsi pendant des années et peuvent pénétrer dans l’organisme à n’importe quel moment, au niveau de plaies cutanées souillées.
Une fois dans l’organisme, les spores germent et produisent une toxine, appelée la toxine tétanique. Cette toxine interfère avec les neurotransmetteurs et se propage dans l’organisme en suivant les axes nerveux et les jonctions neuromusculaires. Elle peut ainsi rapidement affecter à la fois les muscles et les tissus nerveux de l’ensemble de l’organisme.
N’importe quelle personne peut contracter le tétanos. L’entrée de la bactérie dans l’organisme peut s’effectuer par n’importe quelle brèche de la barrière cutanée, comme :
- Une blessure ;
- Une coupure ;
- Une piqûre ;
- Une plaie banale.
Le tétanos n’est pas une maladie contagieuse, c’est-à-dire qu’une personne infectée ne peut pas transmettre la maladie à une autre personne.
Si le tétanos peut toucher tous les individus, les nouveau-nés et les femmes enceintes constituent une catégorie de population à risque, en particulier dans certaines régions du monde. Les spécialistes évoquent deux types particuliers de tétanos :
- Le tétanos maternel, lorsque la maladie survient chez la mère pendant la grossesse ou dans les 6 semaines après l’accouchement;
- Le tétanos néonatal, lorsque l’infection touche l’enfant dans ses 28 premiers jours de vie.
Le tétanos en France et dans le monde
Tous les pays du monde sont concernés par le tétanos. Si la vaccination a permis de considérablement réduire le nombre de cas dans les pays industrialisés, la maladie reste fréquente dans les pays en voie de développement, surtout à cause du tétanos néonatal.
Le tétanos néonatal représente un important problème de santé publique dans les pays où la couverture vaccinale est faible et où les conditions d’hygiène au moment de l’accouchement sont mauvaises. La contamination du nouveau-né par la bactérie responsable du tétanos peut s’effectuer par :
- Des instruments souillés, utilisés pour couper le cordon ombilical ;
- Des produits contaminés, utilisés pour les soins du cordon ;
- De mauvaises pratiques d’hygiène des mains ou des surfaces contaminées.
Ainsi, en 2015, environ 34 000 décès liés au tétanos néonatal ont été répertoriés dans le monde. Ce chiffre est en baisse constante, grâce à l’action des organisations gouvernementales et non gouvernementales. En revanche, le tétanos connaît un essor chez les adolescents et les jeunes adultes dans de nombreux pays en voie de développement, en particulier à cause de la circoncision.
En France, contrairement aux idées reçues, le tétanos n’a pas disparu. Ainsi, entre 2008 et 2011, 36 cas de tétanos ont été recensés, parmi lesquels 11 cas mortels. La plupart des cas concerne des adultes, et en particulier des personnes âgées, qui n’ont pas effectué les rappels périodiques de vaccination. Le plus souvent, l’origine de la contamination est une blessure minime, souillée par de la terre ou des débris végétaux. Une plaie chronique peut être impliquée dans 10 à 15 % des cas. Dans moins de 15 % des cas, le patient est incapable de déterminer l’origine de la contamination.
À noter ! Compte-tenu de sa gravité, le tétanos généralisé appartient aux maladies à déclaration obligatoire en France.
Si les adultes sont les principales personnes concernées par le tétanos en France, quelques cas sont déclarés chez l’enfant, alors que la vaccination est obligatoire chez les nourrissons depuis des années.
Les symptômes et le diagnostic du tétanos
La période d’incubation, c’est-à-dire la période entre l’entrée de la bactérie dans l’organisme et la survenue des premiers symptômes du tétanos, varie de 3 à 21 jours, avec une moyenne autour de 14 jours.
Le tétanos est à l’origine des symptômes suivants :
- Des contractures musculaires intenses, notamment au niveau de la mâchoire, avec parfois une incapacité à ouvrir la bouche ;
- Des spasmes musculaires, généralement dans le dos, l’abdomen et les extrémités (mains, pied, visage), apparaissant brutalement, très douloureux et souvent déclenchés par des bruits soudains ;
- Des troubles de la déglutition ;
- Des convulsions ;
- Des maux de tête ;
- Une fièvre ;
- Une transpiration ;
- Une modification de la tension artérielle ;
- Une accélération du rythme cardiaque (tachycardie).
Après quelques heures ou quelques jours, les symptômes se généralisent à l’ensemble du corps. L’atteinte des muscles respiratoires peut entraîner une asphyxie et le décès du patient.
Dans le cas du tétanos néonatal, les signes cliniques de la maladie sont généralement précédés d’une incapacité à téter ou à s’alimenter, et des pleurs excessifs.
Le diagnostic du tétanos repose sur l’apparition des signes cliniques caractéristiques de l’infection. Aucun examen biologique n’est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Certains symptômes du tétanos peuvent néanmoins dans les premiers stades de la maladie être confondus avec d’autres pathologies, comme :
- Une méningite ou une encéphalite ;
- Un phlegmon amygdalien (abcès de la gorge) ;
- La rage ;
- Une réaction à certains médicaments ;
- Une hémorragie subarachnoïde (type d’hémorragie cérébrale) ;
- Une tétanie due à un taux sanguin de calcium très faible ;
- Une intoxication à la strychnine (toxine de la noix vomique).
Ces maladies doivent être écartées par le médecin pour confirmer le diagnostic du tétanos.
Le pronostic et la prise en charge du tétanos
Si le tétanos n’est pas rapidement pris en charge de manière adaptée, l’infection est souvent mortelle. La maladie dure généralement entre 2 et 4 semaines, avec un taux de mortalité compris entre 20 et 80 %, en fonction de la gravité des symptômes et de l’âge du patient. Pour les patients qui survivent, le risque de séquelles est très important.
La prise en charge du tétanos est une urgence médicale, qui nécessite une hospitalisation dans un service de réanimation. Le traitement repose sur plusieurs aspects :
- Des antibiotiques efficaces contre la bactérie responsable du tétanos ;
- L’administration d’anticorps antitétanique humains (gamma-globulines) ;
- Le soin complet de la ou des plaies ;
- L’administration de médicaments contre les spasmes musculaires (médicaments myorelaxants) ;
- Une vaccination antitétanique, car une personne guérie du tétanos peut à nouveau être contaminée par la bactérie.
Tétanos et vaccin DTP
Le seul moyen de prévention efficace contre le tétanos est la vaccination, qui offre une protection sûre à 100 % pour toutes les personnes qui respectent le schéma vaccinal initial et les rappels de vaccination. Le vaccin contre le tétanos est disponible en France depuis plus de 70 ans. Il s’agit d’un vaccin inactivé, administré par voie intramusculaire.
En France, la vaccination de tous les nourrissons est obligatoire, selon le schéma vaccinal suivant :
- Deux doses vaccinales, durant la première année de vie, à 2 et 4 mois ;
- Un rappel à 11 mois.
Durant l’enfance et l’âge adulte, plusieurs rappels sont indispensables pour assurer la protection, car le vaccin n’assure une protection efficace que pendant 20 ans au maximum. Les différents rappels recommandés sont les suivants :
- A l’âge de 6 ans ;
- Entre 11 et 13 ans ;
- A 25 ans ;
- A 45 ans ;
- A 65 ans ;
- Puis tous les 10 ans à partir de 65 ans (car les défenses immunitaires baissent avec l’âge).
Au-delà de ces recommandations pour la population générale, des rappels tous les 10 ans sont obligatoires pour certaines catégories de professionnels :
- Les militaires ;
- Les personnels des services de secours et d’incendie ;
- Les personnels d’établissements pénitentiaires ;
- Les personnels de services médico-sociaux prenant en charge des enfants ou des personnes âgées ;
- Les personnels d’entreprises funéraires ;
- Toutes les personnes qui, dans un établissement ou un organisme de prévention ou de soins, exercent une activité professionnelle les exposant à des risques de contamination.
Depuis juillet 2018, le vaccin monovalent contre le tétanos n’est plus disponible en France. Ce vaccin est systématiquement combiné avec d’autres vaccins :
- Le vaccin trivalent DTP, contre la Diphtérie, le Tétanos et la Poliomyélite ;
- Le vaccin tétravalent contre le DTP et la coqueluche ;
- Le vaccin pentavalent contre le DTP, la coqueluche et les méningites à Haemophilus influenzae b;
- Le vaccin hexavalent contre le DTP, la coqueluche, les méningites à Haemophilus influenzae b et l’hépatite B .
Le vaccin contre le tétanos est prescrit par un médecin (ou dans certains cas une sage-femme) et est pris en charge à 65 % par l’Assurance Maladie.
Comme tout vaccin injectable, le vaccin contre le tétanos peut entraîner des effets indésirables, tels que :
- Une réaction au site d’injection, très fréquente ;
- Fréquemment, de la fièvre et des douleurs musculaires ou articulaires ;
- De très rares réactions allergiques.
Estelle B. , Docteur en Pharmacie
– Tétanos. Vaccination Info Service. Consulté le 9 août 2018.
– Tétanos. Organisation Mondiale de la Santé. Principaux repères. Consulté le 9 mai 2018.
– Tétanos. Orphanet. Consulté en août 2009.
– Tétanos. INVS Santé Publique France. Consulté le 5 juin 2018.