Le syndrome de Muller Weiss est une maladie osseuse rare correspondant à la nécrose spontanée de l’os naviculaire du pied. L’origine de ce trouble est inconnue, mais toute situation à l’origine d’une compression de l’os concerné favorise sa survenue. La douleur représente la manifestation principale du syndrome de Muller Weiss. Elle n’apparaît pas dès le début de la maladie, mais s’installe progressivement. A un stade avancé, la douleur s’intensifie et devient handicapante. Le diagnostic est souvent tardif compte tenu du caractère longtemps asymptomatique de la maladie. Il repose sur la réalisation de radiographies, scanner ou IRM. Malheureusement, il n’existe aucun traitement spécifique de ce syndrome à ce jour. La prise en charge est symptomatique. Elle consiste à soulager les douleurs par le repos ou la prise d’antidouleur. En dernière intention, un traitement chirurgical peut être proposé.
Définition et symptômes
Une maladie incurable rare d’évolution insidieuse
Le syndrome de Muller Weiss est une affection rare de l’os naviculaire situé sur le dos du pied. On parle également d’ostéonécrose spontanée.
Ce sont des médecins orthopédistes allemands, Müller et Weiss, qui ont mis en évidence dans les années 20 le syndrome qui porte leurs noms. Cette maladie incurable se traduit par une déformation chronique de l’os naviculaire, aussi appelé scaphoïde tarsien. Elle évolue par poussées et peut conduire à la destruction totale de cet os.
L’origine exacte du syndrome de Muller Weiss n’est pas élucidée à ce jour. On parle de pathologie idiopathique. En revanche, quelques facteurs de risque ont pu être identifiés, notamment un pied varus, à savoir une déviation du pied qui va du talon vers l’intérieur, responsable d’une compression de l’os naviculaire. Un surpoids ou une obésité, ou encore une fracture de fatigue augmentent également les risques de développer un syndrome de Muller Weiss.
Le rôle principal de l’os naviculaire est de soutenir le poids du corps mais aussi de permettre sa propulsion pour la marche. Son bon fonctionnement est ainsi fondamental. Chez un patient atteint du syndrome de Muller Weiss, cet os n’est plus correctement vascularisé ce qui conduit progressivement à son déclin. Une dégénérescence des articulations liées à l’os naviculaire est la conséquence de l’affection au niveau du pied. La maladie se manifeste par des douleurs intenses mais discontinues qui sont aggravées par l’activité physique. L’atteinte peut être unilatérale ou bilatérale.
Ce syndrome affecte surtout les individus âgés de 40 à 60 ans, et les femmes sont plus concernées que les hommes.
Une douleur tardive mais intense
Dans un premier temps, et cela pendant plusieurs années, le syndrome de Muller Weiss reste asymptomatique. L’évolution de la maladie est silencieuse. Ce n’est qu’après plusieurs poussées successives que la déformation osseuse intervient et que les jonctions avec les articulations voisines sont impactées et génèrent des douleurs.
Le symptôme principal du syndrome de Muller Weiss est la douleur qui apparaît dans un second temps. Elle est intense, irrégulière et aggravée par la palpation ou l’activité physique, même modérée. La zone douloureuse se situe essentiellement sur le côté latéral de l’os naviculaire.
D’autres symptômes peuvent être associés : un léger œdème et parfois un érythème (rougeur de la peau) localisé.
Syndrome de Muller Weiss, diagnostic et traitement
Un diagnostic radiographique
Bien que le syndrome de Muller Weiss soit une maladie dégénérative rare, devant toute douleur suspecte au niveau du pied, il est important de consulter un médecin. En effet, cette pathologie étant évolutive et très douloureuse pour le patient, une prise en charge précoce est souhaitable afin de limiter les complications graves et les séquelles irréversibles.
Lorsque le médecin suspecte le syndrome de Muller Weiss, il oriente son patient vers un spécialiste, à savoir un podologue ou un médecin orthopédiste.
Le diagnostic du syndrome de Muller Weiss nécessite la prescription d’une radiographie du pied. Lorsque le patient est en position debout, une éventuelle compression de l’os naviculaire peut être détectée.
Cependant, si la radiographie est réalisée à un stade précoce de la maladie, elle peut se révéler normale à tort. Ainsi, un scanner ou une IRM est nécessaire en complément. Ces examens permettent, par ailleurs, de déterminer le stade de la maladie.
Le traitement symptomatique du syndrome de Muller Weiss
Il n’existe pour l’instant aucun traitement spécifique permettant de guérir le syndrome de Muller Weiss.
La prise en charge est symptomatique et vise essentiellement à soulager les douleurs ou réduire la pression au niveau de l’os naviculaire. A cet effet, plusieurs types de traitements peuvent être prescrits :
- Le port de semelles orthopédiques réalisées sur mesure par un podologue afin de diminuer les pressions exercées sur l’os naviculaire et les articulations voisines ;
- Les antalgiques et anti-inflammatoires pour soulager les douleurs ;
- La baisse voire l’arrêt total sur une durée déterminée de l’activité physique ;
- Les infiltrations de corticoïdes au niveau de l’articulation douloureuse lorsque la prise d’anti-inflammatoires ne permet pas de soulager efficacement le patient. A noter cependant que leur nombre doit être limité sous peine d’accélérer le processus de nécrose ;
- Des séances de kinésithérapie ;
- En dernier recours, la chirurgie. Plusieurs types d’intervention peuvent être proposées et sont discutées au cas par cas. L’une d’entre elle consiste à supprimer le nerf du pied afin d’abolir les douleurs. Une autre intervention repose sur la revascularisation de l’os afin d’en limiter la dégradation. Une arthrodèse peut également être envisagée. Cette dernière consiste à immobiliser la ou les articulations douloureuses.
Charline D., Docteur en pharmacie