Hypothyroïdie


Rédigé par Pierre M. et publié le 22 juin 2021

On parle d’hypothyroïdie quand la glande thyroïde ne sécrète pas assez d’hormones. Cela a pour conséquence un dérèglement métabolique pouvant déclencher des symptômes, potentiellement graves. Selon les études, la prévalence de la pathologie est de 3 à 10%. Elle touche trois fois plus les femmes que les hommes.

Définition et symptômes de l’hypothyroïdie

A propos de la thyroïde

La thyroïde est une glande en forme de bouclier située au niveau de l’avant de la gorge. Elle recouvre la trachée et se localise en dessous du larynx, sous la pomme d’Adam. La thyroïde est constituée de deux lobes réunis ensemble par ce que l’on appelle l’isthme. Elle est associée à quatre petites glandes à l’arrière, les glandes parathyroïdes.

À savoir ! En temps normal, la thyroïde est peu voire même pas du tout perceptible à la palpation.

La thyroïde est constituée de cellules folliculaires qui produisent les hormones thyroïdiennes T3 (triiodothyronine) et T4 (tetraiodothyronine). Ces dernières sont synthétisées à partir de la thyroglobuline et de l’iode. L’iode est un halogène apporté par l’alimentation.

L’iode est essentiel pour garantir la production des hormones thyroïdiennes. L’apport journalier doit être de 80 µg pour assurer le maintien de cette synthèse.

Une carence en iode peut causer une hypothyroïdie. A noter que cela est très rare dans les pays développés, où l’alimentation couvre largement les besoins. De plus, il existe, dans la thyroïde, un stock d’hormones pour assurer le bon fonctionnement de l’organisme pendant 100 jours.

Seule l’hormone T3 est active. Pourtant, la thyroïde libère 90% de T4 et seulement 10% de T3. En cas de besoins, l’hormone T4 se transforme en T3 directement dans l’organisme.

La synthèse des hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde est sous le contrôle du système hypothalamo-hypophysaire :

  • L’hypothalamus est une région située au cœur du cerveau qui sert à la régulation de nombreuses fonctions (comme la faim, la soif, le sommeil, ou la température corporelle). Pour cela, il libère plusieurs hormones, dont la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone) qui agit sur l’hypophyse.
  • L’hypophyse est une petite glande localisée à la base du cerveau. Elle produit plusieurs hormones importantes dans la régulation de l’organisme, comme la TSH (Thyroid Stimulating Hormone), également appelée thyréostimuline. Lorsque l’hypophyse est stimulée par la TRH, elle libère la TSH qui joue directement sur la thyroïde, pour stimuler à son tour la production des hormones thyroïdiennes.

Schéma de la thyroide

Quand les hormones thyroïdiennes sont produites en quantité suffisante, T3 et T4 sont capables d’exercer un rétrocontrôle négatif. En d’autres termes, lorsqu’elles sont en forte concentration, ces hormones bloquent elle-même leur propre synthèse, en inhibant la production de TRH et de TSH au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire.

D’autres facteurs peuvent perturber la synthèse d’hormones thyroïdiennes en agissant sur l’hypothalamus. Le froid peut, par exemple, activer la synthèse de TRH et stimuler la synthèse hormonale de la thyroïde. Le jeûne bloque la synthèse de TRH et la production d’hormones.

À savoir ! Certains composés, appelés thiocyanates, peuvent empêcher l’iode de se fixer à la thyroïde. Ce sont les composés goitrigènes. On en trouve dans divers aliments comme le chou, le brocoli, ou encore le manioc.

Les hormones thyroïdiennes ont plusieurs rôles dans l’organisme :

  • Sur le métabolisme
    Les hormones thyroïdiennes agissent sur plusieurs métabolismes : celui des glucides, des lipides, du cholestérol, des protéines et du β-carotène (pigment naturel de couleur orange retrouvé dans les fruits et légumes).
  • Sur le cœur et les vaisseaux
    Les hormones thyroïdiennes stimulent l’activité cardiaque. Elles entrainent une action inotrope positive (puissance des contractions cardiaques augmentée) et une action chronotrope positive (fréquence cardiaque accélérée).
  • Sur la croissance et le développement
    Les hormones thyroïdiennes participent à la croissance osseuse et au développement de la peau et des phanères.

Au niveau du SNC, elles interviennent à deux niveaux : Avant la naissance pour la formation du cerveau et le développement des neurones ; Après la naissance en augmentant la vigilance, l’activité cérébrale et les réflexes.

À savoir ! Le déficit en hormones thyroïdiennes pendant la période fœtale peut conduire à un retard mental.

Qu’est- ce que l’hypothyroïdie ?

Environ 50% des hypothyroïdies sont associées à des maladies auto-immunes. Le reste des cas est généralement lié au traitement contre l’hyperthyroïdie (mauvaise observance ou surdosage).

En dehors des facteurs dits iatrogènes (ou médicamenteux), différentes causes d’hypothyroïdies existent :

Insuffisance primaire de la thyroïde

Elle est associée aux maladies auto-immunes (les défenses immunitaires du patient se dirigent contre son propre corps) comme la thyroïdite auto-immune d’Hashimoto. Au cours de cette dernière, des anticorps vont détruire progressivement la glande thyroïdienne.

Des insuffisances primaires peuvent également être présentes chez les personnes âgées. L’insuffisance est directement liée au vieillissement.

La TSH est élevée dans ces cas d’hypothyroïdie.

Insuffisance hypothalamo-hypophysaire

L’hypothyroïdie est due à une déficience en TRH et TSH. Le problème vient de l’hypothalamus ou de l’hypophyse. On parle d’hypothyroïdie à TSH basse.

Hypothyroïdie par déficience en iode

Ce type d’hypothyroïdie est fréquent, mais peu présent dans les pays occidentaux. Elle est souvent associée à la présence de goitres qui peuvent être très importants et une TSH haute.

Les symptômes

Les signes cliniques de l’hypothyroïdie sont nombreux mais peu sensibles et peu spécifiques :

  • Asthénie (fatigue importante) : Elle peut être physique ou intellectuelle et entraîner des troubles de la mémoire et un ralentissement de la parole ;
  • Prise de poids, malgré une perte de l’appétit. Elle est due au ralentissement du métabolisme ;
  • Frilosité : une sensation de froid est ressentie. Elle est également due au ralentissement du métabolisme : la calorigénèse n’est plus assurée ;
  • Problèmes musculaires tels que des crampes, des raideurs, des paresthésies ou encore des douleurs ;
  • Bradycardie : baisse de la fréquence cardiaque ;
  • Hypercholestérolémie (encore due à la diminution du métabolisme) ;
  • Problèmes digestifs : la constipation est fréquente dans l’hypothyroïdie ;
  • Un syndrome dépressif, voire une psychose ;
  • Possible psychose ;
  • Sécheresse cutanée : la peau est sèche, rugueuse et pâle. Une raréfaction des poils peut être constatée ;
  • Une modification des cordes vocales : la voix est rauque chez les patients souffrant d’hypothyroïdie ;
  • Une Couleur jaunâtre de la peau. Elle est due à la diminution du métabolisme du β-carotène en vitamine A. Le pigment s’accumule et jaunit la peau ;
  • La formation d’œdèmes : les tissus cutanés se gorgent d’eau, donnant un aspect bouffi au niveau du visage ;
  • Une Galactorrhée ou écoulement de lait par le mamelon en dehors de l’allaitement normal ;
  • Une perturbation du cycle menstruel ;
  • Une baisse de libido ;
  • Un goitre.

Un des principaux risques associés à l’hypothyroïdie est l’atteinte cardio-vasculaire. A long terme, elle peut induire une insuffisance cardiaque ou une arythmie. L’installation d’un syndrome dépressif est également un facteur à ne pas négliger. Enfin, le coma myxœdémateux constitue une autre conséquence inquiétante de l’hypothyroïdie non traitée (15 à 60% de mortalité). Heureusement, il s’agit d’une complication exceptionnelle.

Diagnostic et traitement de l’hypothyroïdie

Quel diagnostic ?

Le diagnostic de l’hypothyroïdie peut être réalisé par un médecin généraliste ou un endocrinologue.

L’examen clinique, en plus des symptômes, comprend :

  • Une palpation de la thyroïde. Celle-ci étant normalement non palpable, le médecin peut vérifier s’il y a présence d’une grosseur anormale. Le goitre n’est cependant pas présent dans tous les cas d’hypothyroïdies ;
  • Un examen sanguin avec la mesure de la TSH (hormone hypophysaire stimulant la synthèse des hormones thyroïdiennes T3 et T4) : celle-ci est anormalement élevée dans certains cas d’hypothyroïdie (en dehors de l’insuffisance hypothalamo-hypophysaire) ; ainsi que la mesure de la T4 qui est abaissée ;
  • Une échographie de la thyroïde ;
  • Si l’hypothyroïdie est confirmée et que la cause n’est pas évidente, un dosage d’anticorps peut également être réalisé pour mettre en évidence une maladie auto-immune comme une thyroïdite d’Hashimoto.

À savoir ! Depuis plus de 30 ans, le dépistage de l’hypothyroïdie est systématiquement réalisé chez les nouveau-nés.

Quel traitement ?

L’objectif du traitement est la normalisation du taux d’hormones thyroïdiennes dans le sang afin d’améliorer les symptômes.

Aucun traitement curatif n’existe. Cependant, la prise du traitement substitutif à vie permet aux patients de vivre normalement.

Le traitement de référence de l’hypothyroïdie est la lévothyroxine (forme naturelle de l’hormone thyroïdienne T4). Le délai d’action de ce médicament est de plusieurs semaines. La posologie se mesure en microgrammes. Elle est individuelle et adaptée à chaque patient. Cette posologie est augmentée par paliers (toutes les semaines) jusqu’à l’obtention de l’équilibre.

La prise du traitement est quotidienne, généralement le matin, et de préférence à distance des repas.

Par ailleurs, il est important pour le patient de savoir reconnaître les symptômes d’une hyperthyroïdie ou d’une hypothyroïdie afin d’adapter la posologie en cas de besoin.

L’observance médicamenteuse est essentielle pour garantir l’efficacité du traitement. Quelques semaines après l’instauration du traitement, un dosage de la TSH doit être réalisé :

  • Si la TSH est normalisée, le traitement à la même posologie est poursuivi. Les contrôles ont ensuite espacé à 6 mois puis 1 an.
  • Si la TSH est toujours élevée, il y aura augmentation de la posologie jusqu’à ce que la TSH soit normalisée.

Comme pour toutes pathologies, une bonne hygiène de vie est conseillée.

Publié le 31 mai 2016. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 22 juin 2021.

Sources
– Comprendre l’hypothyroïdie. ameli.fr

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