Thyroïdite

Une thyroïdite est une inflammation de la glande thyroïde d’origine auto-immune, infectieuse ou inconnue. La symptomatologie dépend de l’origine du trouble : hypothyroïdie, hyperthyroïdie, goitre, etc. Le diagnostic d’une thyroïdite est basé sur les résultats d’un examen clinique, d’une imagerie médicale et des analyses sanguines. La prise en charge d’une thyroïdite dépend de sa cause. Elle peut consister en la prise d’hormones thyroïdiennes de substitution à vie, une intervention chirurgicale, une antibiothérapie ou la prise d’aspirine.

Définition et symptômes d’une thyroïdite

Une atteinte de la thyroïde

Une thyroïdite correspond à une inflammation de la glande thyroïde.

À savoir ! Environ 6 millions de français sont concernés par une affection de la thyroïde.

La thyroïde est une petite glande en forme de bouclier présente à l’avant de la gorge. Elle est formée de deux lobes liés l’un à l’autre par un isthme, ce qui lui confère sa forme si particulière.

Le rôle de la glande thyroïde est de produire des hormones thyroïdiennes (thyroxine ou tétra-iodothyronine ou T4 et tri-iodothyronine ou T3) sous le contrôle de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Elles ont plusieurs rôles au sein de l’organisme. Elles sont notamment impliquées dans le métabolisme des glucides, des lipides, des protéines ou du cholestérol, mais aussi dans l’activité cardiaque ou au niveau de la croissance et du développement osseux.

À savoir ! L’iode est un élément indispensable à la production des hormones thyroïdiennes par la thyroïde. Un apport régulier, grâce à l’alimentation (fruits de mer, poissons), est nécessaire au bon fonctionnement de cette dernière. L’apport journalier nécessaire est estimé à 80 microgrammes.

La sécrétion des hormones thyroïdiennes est commandée via l’hormone TSH (Thyréostimuline) par l’hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau, recevant elle-même des ordres de l’hypothalamus (région située au cœur du cerveau) via l’hormone TRH (Thyréolibérine). En cas de quantité trop importante d’hormones thyroïdiennes dans le sang, elles exercent un rétrocontrôle sur leur synthèse en bloquant le signal de production au niveau de l’hypophyse et de l’hypothalamus.

Selon l’origine du trouble, on distingue plusieurs types de thyroïdite.

La thyroïdite de De Quervain est une atteinte bénigne peu fréquente de la thyroïde, majoritairement d’origine virale. Elle est généralement secondaire à un syndrome grippal ou à une rhinopharyngite. A noter que des prédispositions génétiques existent.

La thyroïdite de Riedel est une affection thyroïdienne bénigne mais rare. Elle est caractérisée par le développement d’une fibrose au niveau de la thyroïde qui se traduit par une perte d’élasticité des tissus qui la composent : la thyroïde est plus grosse et se durcit. Ces modifications induisent des difficultés respiratoires chez le patient. Bien que d’origine inconnue, ce type de thyroïdite semble conjuguer prédispositions génétiques et maladie auto-immune.

La thyroïdite de Hashimoto est une maladie chronique, fréquente, et d’origine auto-immune. Elle affecte plus volontiers les femmes.

La thyroïdite du post-partum d’origine auto-immune. Cette atteinte rare est caractérisée par une absence de fixation de l’iode à la glande thyroïde. Elle se manifeste après l’accouchement et guérit spontanément en plusieurs mois.

A noter que bien qu’elles soient très rares, il existe également les thyroïdites aiguës d’origine infectieuse qui surviennent dans un contexte d’infection généralisé (septicémie par exemple). Elles sont souvent en lien avec un streptocoque, un staphylocoque ou le bacille de Koch (tuberculose). Ce type de thyroïdite survient plutôt chez des patients affaiblis, par exemple souffrant d’un cancer, du SIDA ou d’un diabète mal contrôlé.

Une symptomatologie variable

Les symptômes d’une thyroïdite sont variables selon l’origine du trouble.

Les manifestations cliniques d’une thyroïdite d’origine auto-immune, par exemple celle de Hashimoto, surviennent progressivement. Les premiers signes sont très discrets jusqu’à la chute des hormones thyroïdiennes.

A l’inverse, les thyroïdes infectieuses se manifestent de façon soudaine, généralement par une fièvre associée à des douleurs au niveau du cou.

La thyroïdite de Hashimoto est caractérisée par la présence d’un goitre (gonflement de la partie antérieure du cou) associée à une hypothyroïdie qui se manifeste par un ralentissement du rythme cardiaque (ou bradycardie), un teint pâle, une frilosité, un épaississement des traits du visage, des troubles musculaires (crampes, raideurs, douleurs), une constipation, une prise de poids malgré un manque d’appétit, une fatigue importante, une diminution de la libido, une sécheresse cutanée, un ralentissement psychique et une perturbation du cycle menstruel chez les femmes.

La thyroïdite de Riedel se manifeste par des troubles respiratoires plus ou moins marqués selon les patients. Elle risque d’évoluer vers l’asphyxie par compression de la trachée présente en dessous de la glande thyroïde.

La thyroïdite de De Quervain se traduit à l’inverse par une hyperthyroïdie transitoire associée à une infection virale et à un goitre. Une hyperthyroïdie se manifeste par une intense fatigue et un amaigrissement malgré un appétit intact. Par ailleurs, d’autres symptômes sont associés : une intolérance à la chaleur, une transpiration excessive, des tremblements et une agitation. La présence d’un goitre palpable et visible est systématique.

La thyroïdite post-partum se manifeste essentiellement par une hypothyroïdie.

Enfin, la thyroïdite aiguë infectieuse peut se traduire par l’apparition d’un abcès très douloureux au niveau de la thyroïde.

Thyroïdite, diagnostic et traitement

Un bilan thyroïdien complet

La première étape du diagnostic d’une thyroïdite est clinique. Le médecin recueil les différents symptômes décrits par le patient, et recherche en parallèle la présence d’un éventuel goitre. Pour cela, il procède à une palpation de la gorge à la recherche d’une grosseur anormale.

Dans un second temps, pour confirmer le diagnostic, le médecin prescrit :

• Une échographie de la région cervicale afin de visualiser la glande thyroïdienne. L’objectif est d’apprécier la taille et l’aspect de la glande et des nodules. La thyroïde apparaît alors déformée en cas de thyroïdite.

Parfois, une scintigraphie de la thyroïde est prescrite en complément pour analyser l’état de fonctionnement de la glande ;

• Un bilan sanguin afin de doser les hormones thyroïdiennes dans le sang et la TSH. La TSH (Thyroid Stimulating Hormone) ou thyréostimuline est une hormone produite par l’hypophyse pour stimuler la production des hormones thyroïdiennes au niveau de la thyroïde. La présence d’anticorps dirigés contre la thyroïde est également recherchée. En cas d’hyperthyroïdie, la TSH est abaissée et les hormones T3 et T4 sont normales ou augmentées, et inversement en cas d’hypothyroïdie.

Un traitement au cas par cas

La prise en charge d’une thyroïdite dépend de son origine et de ses manifestations.

Le traitement d’un goitre peut reposer sur un apport d’iode en cas de carence, une administration d’hormones thyroïdiennes en cas d’insuffisance ou une thyroïdectomie partielle dans le cadre d’une maladie thyroïdienne.

La thyroïdite de Hashimoto implique l’administration à vie d’hormones thyroïdiennes de substitution.

Le traitement de la thyroïdite de De Quervain repose sur un traitement à base d’aspirine, ou de corticoïdes dans les formes les plus sévères pendant plusieurs semaines, jusqu’à guérison de l’affection.

La thyroïdite de Riedel peut nécessiter une intervention chirurgicale en cas de compression de la trachée.

L’abcès engendré par les thyroïdites aiguës infectieuses doit être drainer chirurgicalement en association avec une antibiothérapie.

Charline D., Docteur en pharmacie