Presbyacousie


Rédigé par Charline D. et publié le 27 décembre 2022

femme atteinte de presbyacousie

La presbyacousie correspond à une perte auditive liée à l’âge. Le vieillissement représente, en effet, la cause la plus répandue de surdité chez les plus de 50 ans. Et pourtant, malgré le nombre important de personne concerné par ce trouble, seulement un patient sur cinq est équipé des aides auditives adaptés. Par manque d’information, ou par déni, trop de patients souffrent d’un isolement social à cause de leur presbyacousie. Le diagnostic de la presbyacousie est établi par un médecin ORL et basé sur les résultats de divers tests d’audiométrie. Plus la prise en charge d’une presbyacousie est précoce, meilleure est son efficacité et la qualité de vie du patient améliorée.

Définition et symptômes de la presbyacousie

Le vieillissement auditif responsable d’une perte d’audition

La presbyacousie est définie comme étant une perte progressive, directement liée au vieillissement d’un individu, de la capacité à entendre et à distinguer les sons aigus. Le patient qui souffre de presbyacousie éprouve des difficultés à comprendre la parole, particulièrement dans un environnement bruyant.

Cette affection touche généralement les deux oreilles de façon égale.

On distingue plusieurs niveaux de sévérité de perte auditive exprimée en décibels :

  • Entre 20 et 39 décibels de perte auditive, on parle de surdité légère. Pour information, une personne demande la répétition de son interlocuteur dès 30 décibels de perte auditive ;
  • Entre 40 et 60 décibels de perte auditive, on parle de surdité moyenne. L’interlocuteur doit élever la voix pour être entendu. A ce niveau, la perte auditive est assimilée à un handicap ;
  • Entre 70 et 90 décibels de perte auditive, c’est une surdité sévère ;
  • Lorsque la perte auditive dépasse 90 décibels, le patient souffre de surdité profonde. Il n’est plus capable d’entendre quelqu’un parler.

À savoir ! Un son est caractérisé par sa fréquence exprimée en Hertz (Hz) et par son intensité en décibels (dB). A titre d’exemple, une conversation normale est localisée entre 30 et 69 décibels. Un lieu animé comme un bar est estimé entre 70 et 80 décibels, et un concert entre 105 et 120 décibels. A noter qu’au-dessus de 85 décibels, il y a un danger pour l’oreille.

En France, entre 5 et 6 millions de personnes sont concernées par la presbyacousie. Après 65 ans, elle affecte près d’un individu sur trois, et un sur deux après 70 ans. Les hommes semblent plus concernés.  La perte auditive étant liée au vieillissement, il est recommandé de faire contrôler une fois par an son audition après l’âge de 60 ans.

homme âgé ayant une perte d'audition du à la presbyacousie

La presbyacousie est un phénomène physiologique qui s’installe avec l’âge. En réalité dès l’âge de 18 ans, l’audition des sons aigus commence à diminuer progressivement. C’est à partir de la cinquantaine que la perte auditive commence à affecter les fréquences utilisées lors des conversations. Sachant que 60% de la compréhension d’une conversation repose sur les 5% de sons les plus aigus, on comprend aisément le handicap que l’affection génère.

Le vieillissement est responsable de plusieurs changements au sein du conduit auditif dont :

  • Une perte de souplesse des osselets (éléments chargés d’amplifier et de transmettre les vibrations sonores) ;
  • Une dégénérescence cellulaire au niveau de la cochlée ;
  • Une perte d’efficacité de la transmission des messages nerveux entre la cochlée et le cerveau ;
  • Des troubles vasculaires entraînant une moins bonne oxygénation des organes impliqués dans l’audition.

Enfin, plusieurs facteurs peuvent également jouer un rôle dans la survenue ou l’aggravation d’une presbyacousie dont certaines pathologies (diabète, artériosclérose), divers médicaments ou l’hérédité.

Des conversations difficiles et un isolement progressif

Les patients souffrant de presbyacousie éprouvent des difficultés à comprendre et suivre les conversations dans les lieux bruyants. Ils sont régulièrement contraints de suivre le mouvement des lèvres de leurs interlocuteurs afin de pouvoir échanger.

A noter ! On ne peut pas parler de surdité en cas de presbyacousie car les patients entendent toujours et distinguent les sons graves. En effet, seuls les sons aigus d’intensité trop élevée ou au contraire trop basse sont impactés.

Ainsi, un patient atteint de presbyacousie rencontre certaines difficultés caractéristiques à distinguer :

  • Les chuchotements ;
  • Les consonnes qui sifflent comme le S, Z ou CH, et celles dites fricatives dont le F et le V ;
  • Les voix féminines ;
  • Les voix infantiles ;
  • Les sons réverbérés, par exemple dans une église.

Par ailleurs, la presbyacousie est souvent associée à des acouphènes qui viennent compliquer encore un peu plus la compréhension du patient. 

Au fil du temps, l’affection a tendance à s’intensifier et peut affecter les sons plus graves. A partir de ce moment, le suivi d’une conversation est très compliqué. Si une prise en charge adaptée n’est pas rapidement proposée, le patient va s’isoler progressivement et se replier sur lui-même. Un appauvrissement social et des troubles dépressifs peuvent se développer et gravement impacter la qualité de vie du patient. On estime qu’environ 20% des personnes atteintes de presbyacousie ont des symptômes dépressifs.

Presbyacousie, diagnostic et traitement

Le diagnostic ORL de la presbyacousie

Une presbyacousie est diagnostiquée par un médecin ORL suite à la réalisation de plusieurs tests auditifs spécifiques : l’audiométrie tonale et l’audiométrie vocale.

femme atteinte de presbyacousie portant un appareil auditif

L’audiométrie tonale consiste à mesurer la capacité du patient à entendre les sons. Ce test montre qu’après l’âge de 55 ans, on constate une perte de 5 à 6 décibels tous les dix ans environ. La presbyacousie devient gênante lorsque la perte tonale dépasse les 30 décibels.

L’audiométrie vocale consiste à mesurer la capacité du patient à différencier les sons. Les tests pratiqués sont représentatifs de la gêne sociale qu’engendre la presbyacousie. Ils comprennent entre autres des tests phonétiques, des tests d’intelligibilité monosyllabique ou des tests avec la présence de bruits de fond.

Des aides auditives adaptées à chacun

La prise en charge d’une presbyacousie implique l’appareillage précoce du patient avec des aides auditives adaptées à ses besoins.  En effet, plus celle-ci est rapidement mise en place, plus elle sera efficace et bien tolérée par le patient.

À savoir ! Un appareillage est nécessaire lorsque le patient a une perte tonale supérieure à 30 décibels ou s’il comprend moins de 80% des mots émis à voix basse. L’équipement concerne généralement les deux oreilles pour un meilleur confort du patient

Il existe une multitude d’aides auditives sur le marché, plus ou moins chères, puissantes ou petites. Des innovations technologiques sont régulièrement apportées permettant de toujours mieux s’adapter aux différentes situations.

On distingue les aides auditives intra-auriculaires qui sont directement positionnées dans le conduit auditif, ou les aides auditives contours d’oreille. Les secondes restent les plus performantes pour les presbyacousies moyennes à sévères.

Le temps d’adaptation nécessaire à une aide auditive varie de plusieurs semaines à plusieurs mois, selon les cas. Il est recommandé de porter quotidiennement l’appareillage afin d’habituer le cerveau aux sons reproduits par celui-ci et maximiser le confort.

À savoir ! Les aides auditives doivent être contrôlées régulièrement par un audioprothésiste. Elles doivent être renouvelées environ tous les 5 ans dès lors qu’elles ne sont plus adaptées au handicap.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Presbyacousie. vidal.fr . Consulté le 6 décembre 2022.

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