Acouphènes


Rédigé par Charline D. et publié le 6 juillet 2023

Les acouphènes correspondent à des bruits entendus ou des sensations auditives perçus dans l’oreille ou la tête sans qu’ils ne soient émis par l’extérieur. Selon les patients, les acouphènes correspondent à des bourdonnements d’oreille ou des sifflements d’oreille. Ces symptômes peuvent être constants ou intermittents. Ils sont souvent causés par un traumatisme acoustique ou liés au vieillissement de l’oreille. En France, plus de 8 millions d’individus souffrent d’acouphènes.

Définition et symptômes des acouphènes

Une sensation auditive désagréable

Les acouphènes sont des sensations auditives telles que des sifflements, bourdonnements ou grésillements d’oreille, entendues sans qu’elles n’aient été émises par une source extérieure. Les acouphènes peuvent survenir dans une seule ou bien les deux oreilles. Ils peuvent survenir en continu ou être intermittentstransitoires ou persistants. Un acouphène est dit persistant lorsqu’il dure plusieurs mois, voire plusieurs années.

Il en existe deux types :

  • Les acouphènes « objectifs » : ils sont rares (5 % des cas) et correspondent au bruit d’un organe situé à l’intérieur du corps comme le bruit du sang circulant dans un vaisseau du cou et de la tête. Une personne extérieure peut l’entendre.
  • Les acouphènes « subjectifs » : représentant 95 % des cas, les symptômes sont uniquement perçus par le patient. Les patients souffrant d’acouphènes se plaignent d’oreille qui siffle ou d’oreille qui bourdonne.

De nombreux facteurs peuvent entraîner des acouphènes, mais ces derniers sont le plus souvent associés à des troubles de l’audition. Généralement, ils ne sont pas causés par une maladie, mais font plutôt suite à :

  • Des traumatismes acoustiques répétés dus par exemple à l’écoute de musique à très haut volume ;
  • Une baisse normale de l’audition liée auvieillissement de l’oreille, ou presbyacousie. Ce phénomène est fréquemment associé à la présence d’acouphènes chez les personnes à partir de 50 ans.

Cependant, les acouphènes peuvent parfois aussi être causés par une pathologie qui affecte l’appareil auditif comme :

  • Un bouchon de cérumen ou un corps étranger dans l’oreille souvent accompagnés d’une perte auditive ;
  • Une otite moyenne aiguë : inflammation de l’oreille moyenne qui se développe dans une petite cavité osseuse derrière le tympan, en causant souvent des douleurs ;
  • L’otospongiose : maladie héréditaire entraînant un dysfonctionnement de l’oreille, responsable d’une surdité ;
  • La maladie de Ménière : affection de l’oreille due à une augmentation de la pression dans le labyrinthe d’origine inconnue. Elle entraîne des bourdonnements, une baisse d’audition et des vertiges ;
  • Une atteinte du nerf auditif ou de l’oreille interne induite par exemple par la prise de médicaments ototoxiques (toxiques pour les oreilles) ;
  • Des tumeurs de l’oreille moyenne.

Un sifflement d’oreille occasionnel ou pas

Un acouphène se traduit par la perception d’un bruit entendu de manière brutale, suite à un événement (un stress ou un concert, par exemple), ou progressive. Il peut être plus intense dans certaines situations (fatigue, changement de position, etc.).

Ce trouble peut concerner une oreille ou les deux. Il peut être épisodique comme persistant : on parle d’acouphènes aiguës ou d’acouphènes chroniques.

Les conséquences d’un acouphène varient d’un patient à un autre. Dans la majorité des cas, il s’agit simplement d’une gêne occasionnelle. Pour certains, ce bruit dans l’oreille affecte réellement leur qualité de vie. Ils peuvent causer des troubles du sommeil, de concentration voire une dépression.

A noter ! Les acouphènes ont généralement tendance à diminuer au fil du temps. C’est le processus d’habituation qui s’installe en quelques mois.

Diagnostic et traitement des acouphènes

L’examen ORL confirme les acouphènes

Le diagnostic d’un acouphène repose sur l’expertise d’un médecin ORL (Oto-rhino-laryngologiste). Ce dernier détermine la nature des acouphènes, et recherche les symptômes associés comme des vertiges, une perte auditive, des nausées ou vomissements, des douleurs de l’oreille, etc. Il évalue également le retentissement des acouphènes sur la vie quotidienne.

Le médecin ORL procède ensuite à un examen clinique des oreilles, du nez et de la gorge. Une audiométrie complète systématiquement le diagnostic.

Parfois, des examens complémentaires sont nécessaires : acouphénométrie, scanner, IRM, écho doppler.

Le traitement symptomatique des acouphènes

Les acouphènes sont temporaires et sans gravité dans près de 95% des cas. Ils finissent par disparaitre sans causer de gêne.

Afin de diminuer ou prévenir les acouphènes, quelques conseils sont à suivre :

  • Éviter le silence en écoutant un bruit de fond à faible intensité (ex. : musique douce, radio) afin de faciliter le processus d’habituation ;
  • Limiter la consommation de boissons alcoolisées : l’alcool est responsable de la dilatation des vaisseaux sanguins, ce qui augmente le flux de sang dans l’oreille interne et amplifie parfois les acouphènes ;
  • Arrêter le tabac : la nicotine est un agent irritant pouvant accentuer les acouphènes ;
  • Supprimer les boissons excitantes comme le thé, le café et les sodas lorsque leur suppression de l’alimentation pendant un mois entraîne une amélioration ;
  • Limiter l’exposition aux sons trop forts (professionnels ou de loisirs) en portant des protections (bouchons, casque) quand cela est nécessaire.
  • Surélever la tête pour dormir. Cette mesure permet d’améliorer la circulation du sang, et peut réduire les symptômes ;
  • Pratiquer un sport ou apprendre une technique de relaxation permettant d’éliminer et/ou de mieux gérer le stress ;
  • Signaler systématiquement à son médecin la présence d’un acouphène pour éviter dans la mesure du possible, la prescription d’un médicament ototoxique ;
  • Ne pas rester isolé. En effet, il ne faut pas hésiter à prendre contact avec les associations de patients auprès desquelles il est possible d’obtenir des renseignements sur cette affection. Au sein de ces associations, il est possible de participer à des groupes de parole ou à des ateliers thérapeutiques.

Lorsque les acouphènes sont persistants ou gênants, il est fortement recommandé de consulter son médecin, surtout :

  • Les acouphènes survenant après un traumatisme crânien ;
  • Les acouphènes pulsatiles, c’est-à-dire des bourdonnements d’oreille rythmés par les battements du cœur ;
  • Les acouphènes sont associés à d’autres symptômes :
    • vertiges ou troubles de l’équilibre,
    • perte soudaine d’audition,
    • hyperacousie (hypersensibilité gênante aux sons et aux bruits),
    • nausées et/ou vomissements,
    • otalgies (douleurs de l’oreille),
    • fièvre et frissons.

En cas d’acouphènes, il est nécessaire de rechercher une perte auditive associée. Lorsqu’un déficit est avéré, la mise en place d’une aide auditive est utile pour améliorer l’audition.

Lorsque la cause de l’acouphène est diagnostiquée, la traiter directement (retrait d’un bouchon de cérumen, chirurgie du nerf auditif, etc.) peut s’avérer suffisant pour guérir les acouphènes, ou au moins les diminuer.

Lorsqu’aucune pathologie ne permet d’expliquer la présence d’acouphènes (cas le plus fréquent), la prise en charge est alors symptomatique. Dans les cas invalidants, des solutions peuvent toutefois être proposées pour en réduire l’impact sur la qualité de vie du patient :

  • Des masqueurs d’acouphènes peuvent être proposés. Ce sont des prothèses qui émettent un bruit de fond, modéré mais permanent, masquant les acouphènes. Elles permettent d’obtenir une « habituation » à l’acouphène et en limite ainsi la perception ;
  • Des thérapies cognitivo-comportementales permettent aux patients d’apprendre à mieux vivre avec leurs acouphènes en modifiant leurs comportements vis-à-vis de celui-ci. La sophrologie peut, par exemple, les aider à supprimer la connotation négative du son et à relativiser son importance. Des thérapies comportementales proposées dans certains hôpitaux permettent d’apprendre à détourner son attention de cette gêne ;
  • En cas d’anxiété ou de dépression, un suivi psychiatrique ou psychologique, ainsi que des médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs) peuvent être utiles.

Publié le 5 mai 2021 par Charline D. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 16 juin 2023.

Sources

– Acouphènes. ameli.fr. Le 24 mars 2022.
– Acouphènes. inserm.fr. Consulté le 29 avril 2021.


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