Dipsomanie


Rédigé par Charline D. et publié le 13 novembre 2019

Dipsomanie

La dipsomanie désigne un besoin incontrôlable de consommer un liquide toxique en grande quantité. Bien que l’alcool soit souvent le liquide utilisé, ce trouble psychiatrique rare diffère de l’alcoolisme. En effet, les crises sont séparées par des périodes plus ou moins longues d’abstinence, inenvisageables en cas d’alcoolisme « classique ». Les répercussions sur la santé physique et psychiques sont graves. La dipsomanie requiert une prise en charge psychiatrique.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que la dipsomanie ?Dipsomanie

La dipsomanie, aussi connue sous le nom de méthilepsie ou méthomanie, désigne l’envie irrépressible de boire en grande quantité un liquide toxique, souvent de l’alcool. Ce trouble est souvent assimilé à un alcoolisme atypique en raison des longues périodes qui peuvent séparer deux crises.

Tout individu est susceptible d’être concerné par la dipsomanie. Cependant, il semble que certains facteurs favorisent les comportements addictifs de l’adulte :

  • La précocité d’exposition aux substances addictives. Par exemple, commencer à consommer de l’alcool jeune augmente le risque de développer un alcoolisme plus tard ;
  • L’hérédité. La présence d’un parent dépendant à l’alcool augmente le risque de l’être aussi ;
  • Une exposition précoce à un stress chronique ;
  • L’absence d’activités.

A noter que dans la dipsomanie, l’aspect gustatif est totalement occulté. Ainsi, le produit consommé lors d’une crise est uniquement utilisé pour ses propriétés psychoactives, par exemple de l’alcool à brûler, de l’eau de Cologne, etc.

Quels symptômes ?

Chaque crise est généralement précédée d’une période de plusieurs jours caractérisés par une grande fatigue ou de la mélancolie.

La dipsomanie se traduit par :

  • Une envie compulsive et irrépressible de boire des liquides ;
  • Une perte de contrôle à la fois qualitative et quantitative pendant la crise. Autrement dit le patient boit n’importe quel liquide dans des proportions démesurées.

À savoir ! A terme, la dipsomanie peut engendrer de graves complications, par exemple une cirrhose du foie

Comme pour beaucoup de conduites addictives, au-delà des complications physiques possibles, il existe également des répercussions psychologiques dramatiques : dépression, isolement social, perte de confiance, etc. Les patients atteints de dipsomanie ont conscience de leur trouble, et ils ressentent une très forte culpabilité, voire une honte, dès la crise terminée.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

DipsomanieLa dipsomanie, comme tous les troubles addictifs est diagnostiquée par un psychiatre ou un addictologue.

Une addiction est définie par un état dans lequel un comportement est effectué dans le but de procurer du plaisir et/ou soulager un malaise intérieur. Elle est caractérisée par deux éléments nécessaires et suffisants au diagnostic :

  • Une incapacité répétée à contrôler le comportement ;
  • La poursuite du comportement en dépit des conséquences négatives (physiques, psychiques, sociales, professionnelles, etc.).

Pour déterminer si un comportement donné est un trouble addictif, les médecins se basent sur des critères diagnostiques (critères de Goodman, critères du DSM V, etc.).

Le DSM V est l’abréviation anglaise de « manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » publié par l’Association Américaine de psychiatrie.  Cet ouvrage est largement utilisé par beaucoup de professionnels de santé afin de mettre en évidence une addiction, dont la dipsomanie. Selon lui, une addiction se manifeste dès l’apparition d’au moins 3 des signes suivants :

  • Une tolérance ou accoutumance qui se traduit par une augmentation des doses pour un même effet ;
  • Un syndrome de sevrage en cas d’arrêt ou une prise du produit pour éviter les effets de manque ;
  • Une incapacité à gérer sa consommation. Le patient consomme plus qu’il ne voudrait ;
  • Un temps de plus en plus important est consacré à la recherche, la consommation et la récupération des effets du produit consommé ;
  • Un arrêt des activités sociales, culturelles ou de loisirs devant l’importance que prend le produit dans la vie quotidienne du patient ;
  • Une poursuite de la consommation malgré une conscience des problèmes qu’elle engendre.

Quel traitement ?

La dipsomanie nécessite, comme toutes autres addictions, une prise en charge psychiatrique et médicamenteuse. Le traitement de la dépendance est un traitement à long terme. Dans l’idéal, les objectifs de la prise en charge visent à une abstinence totale. A défaut, lorsque l’arrêt complet ne peut pas être obtenu avec un patient, et afin de limiter les répercussions médicales ou sociales de la consommation à risque, une réduction partielle est visée. Parfois, ce dernier type de prise en charge constitue une étape intermédiaire dans le processus de guérison.

Un traitement médicamenteux (par exemple le baclofène) peut être proposé au patient dans le but d’apaiser son envie de consommer durant la période de sevrage.

Cependant, l’essentiel de la prise en charge repose sur l’accompagnement et le suivi psychologique du patient. Cette étape fait intervenir plusieurs professionnels de santé (addictologue, psychologue, médecin traitant), et peut parfois inclure la famille lors des thérapies.  Il existe deux grands types d’approches psychiatriques : la psychanalyse et la thérapie cognitivo-comportementale.

La psychanalyse repose sur une étude approfondie du patient et de son histoire. Autrement dit, le psychiatre cherchera à déterminer avec son patient, ce qui le pousse au comportement addictif en recherchant dans son histoire personnelle et familiale, un événement traumatisant. Ce type de psychothérapie très longue (plusieurs années) n’est généralement pas prescrit en première intention.

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont plus volontiers prescrites tant que la rémission complète n’est pas obtenue. Ces thérapies sont centrées sur la cognition, autrement dit sur les pensées et les croyances erronées et négatives que l’individu a sur lui-même. En effet, une thérapie cognitivo-comportementale ou TCC est une psychothérapie brève qui porte sur les interactions entre les pensées d’un individu, ses émotions et ses comportements. Ce type de thérapie vise à solutionner des problèmes actuels chez le patient, tout en tenant compte de leurs causes et de leur histoire. Elle repose sur 3 principes fondamentaux : l’interactivité (le patient est acteur de son traitement, il doit s’investir), la pédagogie et la collaboration. Une fois que le thérapeute a identifié l’origine de la souffrance chez son patient, ils élaborent ensemble des objectifs réalistes et concrets, et décident des méthodes qui permettront de les atteindre. L’objectif est donc de désapprendre les mauvais comportements et apprendre les comportements adaptés.

La TCC permet au patient de comprendre les mécanismes de pensées négatives à l’origine des comportements inadaptés comme la phobie ou l’addiction, par exemple. L’objectif est d’arriver progressivement avec l’aide du thérapeute à dépasser les symptômes qui font souffrir le patient par l’apprentissage et le renforcement de comportements adaptés. Pour cela, les thérapies cognitivo-comportementales comprennent plusieurs exercices qui reposent sur :

  • L’analyse et l’anticipation des situations de rechutes ;
  • Les alternatives comportementales ;
  • L’affirmation de soi ;
  • L’expression des émotions.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Dipsomanie. Futura Sciences. Consulté le 13 octobre 2019.
– Thérapie cognitivo-comportementale. Psycom. Consulté le 13 octobre 2019.
– Traitement des addictions. Addictaide. Consulté le 13 octobre 2019.

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