Une épicondylite est une affection douloureuse touchant le coude. On parle aussi de « tennis elbow ». Les douleurs sont provoquées par une atteinte des muscles de l’avant-bras au niveau de leur insertion appelée épicondyle. Cette affection fait suite à la réalisation répétée de mauvais gestes du bras et de la main.
Définition et symptômes de l’épicondylite
L’épicondyle est le petit relief osseux de l’humérus (os du bras) situé au niveau de la partie externe de l’articulation du coude. Elle permet l’insertion de certains muscles qui servent à étendre les doigts, tendre le poignet et faire tourner l’avant-bras de façon à ce que la paume de la main soit visible.
Qu’est-ce que l’épicondylite ?
Une épicondylite est en réalité une tendinite du bras qui se caractérise par des douleurs du coude. Elle est provoquée par l’atteinte des muscles et plus particulièrement des tendons permettant de les fixer sur l’épicondyle. Les tendons sont constitués de fibres solides non étirables. Ainsi, si elles subissent des contraintes trop importantes ou des chocs soudains, elles peuvent se déchirer. Les épicondylites sont actuellement expliquées par des micro-déchirures des tendons. En effet, les symptômes surviennent après une mobilisation importante et/ou répétée du bras.
Cette affection est classée dans les troubles dits musculo-squelettiques (TMS). Il s’agit d’un ensemble de pathologies affectant les muscles, les tendons ou les nerfs rendant impossible la réalisation de certains mouvements. Une prise en charge adaptée permet d’en limiter l’évolution. L’atteinte du coude représente 19% des cas de TMS affectant les membres supérieurs. C’est l’atteinte du poignet qui reste la pathologie la plus fréquente (45% des cas) et détient la première place.
Chaque année, en France, l’épicondylite concerne 1 à 3% des adultes. Elle touche plus volontiers les personnes entre 40 ans et 60 ans et représente 80% des pathologies liées au coude. La fréquence de cette affection s’est par ailleurs accrue ces dernières années dans la population française : une augmentation de 20% du nombre de cas entre 1995 et 2005.
Dans de rares cas, les douleurs du coude sont attribuées à une épitrochléite, une affection semblable à l’épicondylite à la différence qu’elle touche l’épitrochlée (relief osseux de la face interne du bras).
Quelles sont les causes de l’épicondylite ?
Bien souvent, l’épicondylite touche les personnes exerçant certaines professions ou certains loisirs spécifiques.
Le travail est le premier facteur de risque de l’affection, notamment quand il est à l’origine de mouvements de serrage d’un manche, de rotation de l’avant-bras couplée à une flexion du poignet, ou pour frapper quelque chose avec la main.
Par ailleurs, la répétition de mauvais gestes, l’absence de temps de récupération, le froid et l’exposition à des vibrations sur le lieu de travail sont des éléments aggravant les lésions tendineuses.
D’autres activités peuvent être à l’origine d’une épicondylite :
- Le tennis d’où l’appellation « tennis elbow » est responsable de 5 à 10% des cas d’épicondylite ;
- Le bricolage.
Les symptômes de l’épicondylite
Les symptômes de l’épicondylite peuvent survenir brutalement, par exemple après avoir débuté une nouvelle activité, ou progressivement après plusieurs années à effectuer chaque jour la même tâche. Généralement, elle n’atteint qu’un seul bras.
Les symptômes sont des douleurs du coude lors du toucher de l’épicondyle ou de la réalisation de certains mouvements comme étendre ou effectuer une rotation de l’avant-bras, attraper quelque chose.
L’évolution de l’épicondylite ne présente pas de risque particulier et guérit spontanément dans tous les cas. Cependant, elle est souvent longue : 1 an en moyenne (entre 9 et 24 mois pour certains patients) et peut entraîner des difficultés pour le travail et les tâches quotidiennes.
Diagnostic et traitement de l’épicondylite
Comment est posé le diagnostic ?
En cas de douleurs persistant plusieurs jours, il faut consulter son médecin traitant.
La consultation débute par un certain nombre de questions du médecin concernant les symptômes ainsi que les activités manuelles. Il procède ensuite à un examen clinique au cours duquel il constate une absence d’inflammation (pas de rougeur, ni gonflement de la zone douloureuse) mais une sensation désagréable, voire douloureuse à la palpation.
Afin de confirmer le diagnostic, le médecin demande à son patient d’effectuer certains mouvements (fléchir et tendre le poignet, les doigts et faire tourner l’avant-bras) en conservant le coude tendu. Le praticien va exercer une résistance, il est donc nécessaire au patient de forcer pour effectuer correctement le mouvement demandé. Des douleurs lors de ces mouvements indiquent la présence d’une épicondylite.
Aucun autre examen n’est nécessaire. Dans certains cas particuliers, une échographie du coude peut être demandée :
- Survenue brutale de l’affection (recherche de la rupture du tendon) ;
- Douleurs chroniques persistantes malgré les soins.
À savoir ! L’épicondylite peut être reconnue comme maladie professionnelle, sous certaines conditions, lorsqu’elle est en rapport avec l’activité professionnelle exercée.
Quels sont les traitements disponibles ?
Le traitement peut durer plusieurs semaines voire plusieurs mois. Néanmoins plus la prise en charge est précoce, plus la guérison est accélérée.
La première des mesures, mais aussi la plus importante est la mise au repos des tendons concernés. Il est nécessaire de stopper l’activité responsable de l’épicondylite pour obtenir la guérison. Une correction des gestes et postures est également indispensable.
D’autres traitements sont possibles, selon les cas :
- Un traitement médicamenteux pour réduire la douleur (anti-inflammatoire, antalgiques) ;
- Une infiltration de corticoïdes dans la zone douloureuse ;
- Des exercices musculaires mis en place par un kinésithérapeute lorsque les douleurs aiguës sont moins intenses qu’au début de l’affection ;
- Une intervention chirurgicale, uniquement en cas d’échec médicamenteux, par exemple lors d’une épicondylite chronique (plus d’un an) ou rebelle.
En l’absence d’intervention chirurgicale, un arrêt de travail ou une adaptation temporaire du poste de travail peut être nécessaire et prescrit par le médecin. Une visite de pré-reprise avec le médecin du travail peut être proposée très tôt par le médecin traitant et permet d’évaluer l’aptitude du patient à reprendre son activité et de proposer d’éventuelles modifications.
Après une chirurgie, la durée de l’arrêt de travail dépend du côté atteint, de la nature de la chirurgie, de la survenue ou non de complications, des lésions associées à l’affection, du type d’emploi et des possibilités d’adaptation et de la nécessité de conduire un véhicule. Au-delà de 30 jours d’arrêt, une visite médicale est obligatoire et doit être faire dans les 8 jours suivants le retour de l’employer à son poste.
À savoir ! Pour un travail sédentaire, un arrêt de 4 semaines est généralement suffisant. En revanche, en cas de sollicitation importante du bras, il peut aller jusqu’à 11 semaines.
Prévenir l’épicondylite
Enfin, certains gestes permettent de prévenir toute aggravation ou récidive de l’épicondylite :
- Faire des mouvements souples plutôt que saccadés ;
- Boire de l’eau et s’échauffer avant tout travail d’effort ;
- Essayer de garder le coude fléchi pendant un effort ;
- Eviter les activités de serrage intensif ;
- Alterner les tâches répétitives avec les autres ;
- Faire des pauses.
À savoir ! Pour éviter les épicondylites, les entreprises peuvent mettre en place en collaboration avec le médecin du travail certaines démarches après identification des tâches à risque. Par exemple, limiter l’aspect répétitif d’un poste, l’instauration de micro-pause, le réaménagement de certains postes, l’adaptation des outils ou équipements, l’utilisation de protections, un suivi médical renforcé, etc…
Rédigé et publié le 16 novembre 2017 par Charline D., Docteur en pharmacie. Mis à jour par Alexia F., Docteure en Neurosciences le 12 mai 2022.