Rhizarthrose


Rédigé par Charline D. et publié le 1 juin 2023

Rhizarthrose

Une rhizarthrose est une arthrose localisée à l’articulation trapézo-métacarpienne de la base du pouce. Cette atteinte est fréquente et affecte plus volontiers les femmes. Le principal symptôme d’une rhizarthrose est la douleur. A un stade plus avancé, une limitation de la mobilité articulaire et/ou une déformation de l’articulation peut être associée. Le diagnostic d’une rhizarthrose est clinique, éventuellement confirmé par un examen d’imagerie. La prise en charge consiste en priorité à soulager les douleurs et dans un second temps à limiter la dégénérescence de l’articulation. Des antalgiques et une orthèse sont généralement prescrits. Parfois, une chirurgie est proposée.

Définition et symptômes d’une rhizarthrose

L’arthrose du pouce

La rhizarthrose est une affection fréquente, plus volontiers féminine, qui correspond à une arthrose localisée au pouce.

À savoir ! Le pouce est une articulation constituée d’un os appelé trapèze relié au premier métacarpien puis prolongé par deux phalanges. On parle d’arthrose trapézo-métacarpienne.

L’origine d’une rhizarthrose est la même que pour l’arthrose qui affecte les autres articulations du corps. C’est une usure du cartilage qui peut être causée par l’âge, mais aussi une utilisation importante de l’articulation ou un traumatisme ayant concerné le pouce.

Il existe plusieurs facteurs de risque connus de la rhizarthrose. Cependant, le facteur de risque principal reste l’âge. En effet, le vieillissement induit une potentielle usure de toutes les structures cartilagineuses, y compris celles du pouce.

Une sollicitation excessive de l’articulation peut également conduire au développement d’une rhizarthrose. Ainsi, les travailleurs manuels qui réalisent plus de tâches répétitives sont plus touchés par l’affection.

Les personnes ayant subi un traumatisme de l’articulation du pouce sont plus à risque de souffrir de rhizarthrose en vieillissant.

Par ailleurs, les femmes sont plus touchées que les hommes, particulièrement après la ménopause lorsque l’effet protecteur des hormones s’estompe. A noter que certains individus sont génétiquement prédisposés à développer une rhizarthrose.

Rhizarthrose os

Des douleurs associées ou non à une perte de mobilité et une déformation

Une rhizarthrose est à l’origine de douleurs au niveau de l’articulation du pouce. Ces douleurs sont amplifiées la nuit. Elles représentent le symptôme principal d’une rhizarthrose, et plus généralement d’une arthrose. Parfois, un enraidissement articulaire, une perte de force ou une perte de souplesse peut être associé.

On distingue trois stades de rhizarthrose.

  • Le stade initial au cours duquel le patient souffre d’une légère douleur. La mobilité du pouce est faiblement impactée.
  • Le stade modéré lorsque la douleur est plus intense et que les mouvements commencent à être limités.
  • Le stade sévère quand la douleur est importante et que la mobilité et la capacité à réaliser les tâches du quotidien sont impactées.

Lorsque la rhizarthrose est installée depuis un certain temps, l’articulation peut être déformée et gonflée.

Un autre symptôme alarmant est la difficulté à serrer un objet dans la main avec fermeté et sans douleur ou assurer des prises fines.

Rhizarthrose, diagnostic et traitement

Le diagnostic clinique de la rhizarthrose

Le diagnostic d’une rhizarthrose est d’abord clinique. C’est la douleur dans la majorité des cas qui pousse le patient à consulter. Cette dégénérescence peut être tolérée pendant longtemps par le patient.

Le médecin réalise un bilan sur les deux mains contenant une mesure de l’écartement du pouce par rapport au reste de la main, des amplitudes articulaires et de la force. En cas de déformation, celle-ci est quantifiée, et les atteintes associées sont relevées (syndrome du canal carpien, autre arthrose, inflammation des tendons, etc.).

Généralement, un bilan radiographique complète le diagnostic. Un scanner est prescrit en complément dans un contexte post-traumatique, ainsi qu’une IRM en cas de forme débutante ou atypique de rhizarthrose.

Un bilan biologique n’est pas réalisé systématiquement. Il est prescrit en cas de doute concernant une atteinte rhumatismale ou inflammatoire.

Soulager les douleurs

Le traitement de première intention d’une rhizarthrose est la prescription d’antalgique (paracétamol ou anti-inflammatoire non stéroïdien) afin de soulager les douleurs du patient. Le paracétamol représente la première intention pour traiter les douleurs en raison des nombreuses contre-indications et complications possibles que comportent les anti-inflammatoires. Attention cependant à bien respecter un intervalle de 6h entre deux prises, sans dépasser 4 grammes par jour pour un adulte de plus de 60kg. En cas d’allergie ou de contre-indication au paracétamol, un anti-inflammatoire non stéroïdien comme l’ibuprofène ou le kétoprofène peut être administré. Ces médicaments doivent être consommer pendant un repas afin d’éviter les douleurs à l’estomac. Il ne faut pas dépasser 3 prises de 400mg par jour pour l’ibuprofène. Le kétoprofène n’est disponible que sur ordonnance. Il convient alors de respecter scrupuleusement la posologie indiquée par le médecin. Dans tous les cas, la durée de traitement doit être la plus courte possible, et ne pas excéder 5 jours.

Des infiltrations d’anti-inflammatoires directement au niveau de l’articulation douloureuse peuvent aussi être envisagées. Cependant, cette thérapeutique n’est pas conseillée sur le long terme.

Rhizarthrose orthèse

A noter que la réalisation d’exercices de mobilité articulaire sont indispensables en complément des prescriptions médicamenteuses. Il faut, par exemple, s’entraîner à fermer et ouvrir le poing, fermer la main en maintenant les doigts tendus, ou encore toucher le bout de chaque doigt avec le pouce.

Il est également crucial d’adopter de bonnes positions pour éviter l’aggravation des symptômes. Par exemple, en évitant les torsions au niveau des doigts et du poignet, en portant les objets lourds avec les deux mains, et en évitant d’utiliser le bout des doigts pour porter des objets.

En l’absence de déformations, le port d’une orthèse peut soulager efficacement le patient, particulièrement la nuit.

En revanche, en cas de déformations importantes, de perte de mobilité de l’articulation ou de douleurs trop intenses, une intervention chirurgicale est prescrite. On distingue plusieurs types d’intervention selon l’âge du patient, ses antécédents ou le stade de l’arthrose. Les chirurgies les plus prescrites sont la mise en place d’une prothèse trapézo-métacarpienne et la trapézectomie.

La prothèse de pouce est similaire aux autres prothèses, par exemple celle de la hanche. L’articulation trapézo-métacarpienne détruite est remplacée par la prothèse. Dès lors les douleurs cessent et la récupération de la mobilité articulaire est rapide. Après l’opération, une immobilisation d’environ 2 semaines est nécessaire. En près de 6 semaines, avec une rééducation adaptée, une très bonne fonctionnalité du pouce peut être retrouvé. Cependant, comme pour toute prothèse, et malgré le niveau de perfectionnement des prothèses, il existe une usure au fil du temps, ce qui implique un éventuel changement de prothèse.

La trapézectomie implique l’ablation du trapèze. Le vide laissé peut demeurer comme tel ou être comblé par une ligamentoplastie, par greffe d’un morceau de tendon à la place du trapèze. Parfois, c’est un implant qui est installé. La trapézectomie est plus invasive mais a fait ses preuves.

Actuellement, l’idée est plutôt de procéder en première intention à la mise en place d’une prothèse dans les cas de rhizarthrose sévère. L’immobilisation nécessaire est courte et la récupération est rapide. Par ailleurs, si à long terme le résultat se révèle insuffisant, il est toujours possible de réaliser une trapézectomie tandis que l’inverse n’est pas possible.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Rhizarthrose. www.elsan.care. Consulté le 2 mai 2023.
– La rhizarthrose, ses symptômes et ses traitements. www.chirurgie-orthopedique-rennes.fr. Consulté le 3 mai 2023.

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