Peu d’efficacité des anti-inflammatoires (AINS) sur les infections urinaires

Actualités Urologie / Néphro

Rédigé par Lucie B. et publié le 22 novembre 2017

De plus en plus de femmes rencontrent au moins une fois dans leur vie, une infection urinaire. Cette affection courante doit être traitée le plus rapidement possible afin d’éviter des complications plus sévères telles que la pyélonéphrite. Les antibiotiques sont le traitement de choix connu pour avoir une bonne efficacité mais, à long terme, leurs effets sont de plus en plus remis en cause.
Une expérience basée sur les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) a donc été effectuée afin de comparer les résultats.

Peu d'efficacité des anti-inflammatoires sur les infections urinaires

Les antibiotiques toujours en tête de liste contre les infections urinaires

La France est devenue un des pays à très forte consommation d’antibiotiques. Plusieurs autorités de santé ont déjà mis en garde les médecins contre l’utilisation massive et répétée de traitements antibiotiques qui aboutissent au développement de bactéries devenues résistantes aux médicaments.
Ce phénomène, appelé plus communément l’antibiorésistance, représente un véritable fléau pour les milliers de patients atteints de pathologies nécessitant une antibiothérapie.

C’est le cas par exemple de la cystite aigüe où les antibiotiques constituent encore le traitement de première intention pour se soulager. Or, après de nombreuses infections, il se pourrait que cette option thérapeutique ne soit plus efficace chez l’individu. En effet, la prescription de certains de ces antibiotiques favoriserait la sélection de bactéries multi-résistantes contre lesquelles il serait difficile de lutter.

Dans ce contexte sensible, il devient donc légitime de réfléchir à une nouvelle alternative à cette antibiothérapie pour traiter les nombreuses victimes, surtout féminines.
Afin d’apporter des réponses, une équipe suisse s’est donc lancée dans une étude randomisée portant sur 253 femmes, entre février 2012 et décembre 2014.

A savoir ! Une étude randomisée correspond à l’étude d’un nouveau traitement durant laquelle les individus sont répartis de façon aléatoire dans chacun des groupes comparés.

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L’échec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Parmi les 253 femmes atteintes d’une infection urinaire (basse) :

  1. 133 d’entre elles ont été sélectionnées pour recevoir le Diclofénac (un anti-inflammatoire non stéroïdien), à une dose quotidienne de 75 mg pendant 3 jours ;
  2. Les 120 restantes ont été choisies pour recevoir un antibiotique, la norfloxacine, à une dose journalière de 400 mg pendant 3 jours.

En comparant les résultats de ces 2 groupes de femmes, cette étude montre au final que l’utilisation du Diclofénac sur l’infection urinaire est un échec total !

Au bout de 3 jours de traitement, 80% des patientes sous antibiotique ont vu leurs symptômes disparaître et seulement 54% sous anti-inflammatoire.
Ajouté à cela, après 30 jours de traitement, parmi les femmes prenant le Diclofénac, 6 d’entre elles ont rencontré une complication sous forme de pyélonéphrite contre aucune dans le groupe antibiotique.

Au vu de ces observations, le traitement de l’infection urinaire par anti-inflammatoire non stéroïdien (Diclofénac) n’est pas encourageant. En entraînant une prolongation des symptômes et des complications plus sévères, l’utilisation des AINS s’avère dangereuse pour les patients.

Ainsi, dans de prochaines études, les chercheurs proposent d’utiliser ces AINS seulement sur un court laps de temps (avant le déclenchement des risques associés à son utilisation) puis de recourir à l’antibiothérapie si les symptômes persistent.

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Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé

– Peut-on se passer d’antibiotiques dans les infections urinaires basses non compliquées ? JIM. Dr Roseline Péluchon. Le 16 novembre 2017.
– Symptomatic treatment of uncomplicated lower urinary tract infections in the ambulatory setting: randomised, double blind trial. BMJ. Le 09 octobre 2017.
– Les traitements des cystites. Eurekesanté VIDAL. Le 25 septembre.
Ou
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