Chaque année en France, 6 000 personnes découvrent leur séropositivité. Près de 40 ans après la découverte du SIDA et du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), une start-up française vient de décrypter comment ce virus parvient à faire dysfonctionner le système immunitaire des personnes atteintes. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Le SIDA : état des connaissances
En France, plus de 170 000 personnes vivent avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du SIDA (syndrome d’immunodéficience acquise). Découvert en 1983, ce virus provoque un dysfonctionnement du système immunitaire en s’attaquant à une classe particulière de globules blancs jouant un rôle clé dans la fonction immunitaire : les lymphocytes (notamment CD4+). Ces cellules ne pouvant plus assurer leur rôle de défense, l’infection virale se pérennise et expose ainsi l’organisme à d’autres infections voire des cancers.
À savoir ! Il est possible de traiter de façon efficace les patients infectés par le VIH à l’aide de médicaments antiviraux. Mais ce traitement doit être suivi à vie car leur système immunitaire est incapable de se débarrasser du virus qui recommencera à se répliquer si les soins s’interrompent.
Mais fait étonnant, en infectant une partie seulement de ces cellules CD4+ (moins de 0,5 %), le VIH parvient à rendre la totalité d’entre elles dysfonctionnelles. Par quel mécanisme ? La question demeurait jusqu’à présent en suspens. C’est sans compter la découverte majeure de Diaccurate, une start-up française spécialisée en biotechnologie.
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Le mécanisme du SIDA enfin décrypté
Pour lutter efficacement contre le virus, il est fondamental d’en comprendre le mécanisme d’action. Les chercheurs de Diaccurate ont donc cherché à savoir comment le VIH parvenait à rendre dysfonctionnelles la totalité des cellules CD4+.
Soutenus dans leurs travaux par des partenaires de renom (l’Institut Pasteur, le CNRS, l’Inserm), les scientifiques de Diaccurate ont mis en évidence le rôle d’une protéine dans le dysfonctionnement généralisé des lymphocytes CD4+. Il s’agit d’une enzyme naturellement sécrétée par le pancréas dans le système digestif: la phospholipase endogène A2 Groupe 1B enzyme (PLA2G1B) : « Notre découverte montre comment le virus coopère avec une enzyme du patient pour induire un dysfonctionnement lymphocytaire et permettre au VIH de neutraliser la réponse immunitaire du patient », explique le Pr Jacques Thèze, cofondateur de Diaccurate.
Chez les patients atteints par le virus, un fragment de celui-ci fragilise les lymphocytes CD4+ qui, plus vulnérables, vont alors être attaqués par l’enzyme PLA2G1B. La membrane des lymphocytes se déforme pour devenir « bosselée », ce qui bloque le fonctionnement des récepteurs des cellules CD4+, et empêche les lymphocytes de jouer leur rôle de régulation. Le système immunitaire ne pouvant plus se défendre, les patients sont donc immunodéprimés et sensibles à d’autres infections ou cancers pouvant conduire au décès. Ce mécanisme semble expliquer à la fois la réduction du nombre des lymphocytes CD4+ et leur perte d’efficacité.
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Vers de nouvelles stratégies thérapeutiques ?
Cette découverte inédite ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques. Diaccurate annonce d’ailleurs avoir déjà développé un anticorps monoclonal humanisé nommé Plazumab qui pourrait aussi être utile au traitement de certains cancers. Cet anticorps monoclonal qui neutralise l’enzyme PLA2G1B est aujourd’hui en phase de développement préclinique réglementaire. Mais il reste encore du chemin à parcourir et des financements à apporter avant que les scientifiques ne parviennent à mettre au point une nouvelle thérapie anti-virale.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Première mondiale : Diaccurate révèle le mécanisme de paralysie du système immunitaire dans le SIDA. DIACCURATE. Consulté le 11 mars 2020.