Le VIH est toujours un fardeau sanitaire mondial avec près de 40 millions d’individus vivant avec. Bien que la prise en charge se soit nettement améliorée depuis plusieurs années, les traitements antirétroviraux disponibles aujourd’hui ne sont pas encore capables d’éliminer totalement le virus de l’organisme. Le traitement est à vie avec toutes les répercussions que celui-ci implique. Une récente étude américaine a publié le 13 août dernier ses résultats sur l’efficacité d’un médicament habituellement utilisé contre la sclérose en plaques, le fingolimod, pour bloquer la propagation du VIH.
Sclérose en plaques et VIH
La sclérose en plaques ou SEP est une maladie neurologique et évolutive. Elle est d’origine auto-immune, c’est-à-dire que le système de défense de l’organisme appelé « système immunitaire », normalement chargé de lutter contre les infections, va s’attaquer à l’organisme lui même et plus particulièrement au système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Les anticorps produits par le système immunitaire vont s’attaquer à la gaine protectrice entourant les fibres nerveuses, appelée « gaine de myéline ». Or, cette structure est impliquée dans la transmission des messages nerveux du cerveau aux différentes parties du corps.
Selon une grande étude observationnelle britannique publiée dans la revue Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, l’infection par le VIH serait protectrice vis-à-vis de la sclérose en plaques. L’étude a été réalisée sur 12 ans et sur près de 2,5 millions de patients. Le risque de développer une sclérose en plaques en cas de séropositivité serait réduit de 62% par rapport à la population générale.
À noter ! Cette analyse est uniquement observationnelle et ne permet pas d’apporter une explication médicale sur un éventuel lien entre le VIH et la sclérose en plaques ou ses traitements. En clair, ces résultats ne sont qu’un élément supplémentaire en faveur d’un lien entre les deux maladies. Des travaux complémentaires sont indispensables pour dépasser le cap des hypothèses.
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L’intérêt du fingolimod contre le VIH
Les stratégies thérapeutiques actuellement misent en œuvre contre le virus sont essentiellement basées sur des médicaments ciblant son cycle de vie. Une autre cible potentielle pour traiter le VIH est l’utilisation de composés immunomodulateurs dirigés vers l’un des composants du système immunitaire.
Une étude américaine récemment parue dans le journal PLOS Pathogens a analysé l’intérêt du fingolimod, un médicament immunosuppresseur utilisé dans le traitement de la SEP, pour lutter contre la propagation du VIH dans l’organisme. En effet, le fingolimod utilise les mêmes récepteurs cellulaires que le virus. Ainsi, en se fixant aux récepteurs à la place du virus, le médicament serait capable de bloquer la pénétration du virus dans les cellules immunitaires, et donc la formation de réservoirs latents.
Bien que des études complémentaires, notamment chez l’Homme, soient nécessaires pour confirmer l’intérêt du fingolimod pour traiter le VIH, cette thérapie prometteuse a de quoi redonner espoirs aux quelques 40 millions de patients dans le monde.
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Charline D., Docteur en pharmacie