Le microbiote détermine l’efficacité de l’immunothérapie contre le cancer ?!

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Rédigé par Estelle B. et publié le 4 juin 2019

Le microbiote intestinal n’a jamais autant fait parler de lui. Son importance dans le fonctionnement de l’organisme et son rôle potentiel dans le développement de nombreuses maladies expliquent cet intérêt. Parallèlement, l’arsenal thérapeutique contre les cancers connaît une véritable révolution avec l’arrivée de l’immunothérapie anticancéreuse. Le microbiote peut-il influencer l’efficacité de l’immunothérapie contre le cancer ? Des chercheurs chinois se sont récemment attardés sur cette question.

Représentation du microbiote intestinal

Microbiote intestinal et immunothérapie anticancéreuse

Le microbiote intestinal regroupe l’ensemble des microorganismes (notamment des bactéries) qui vivent de manière commensale dans l’appareil digestif. Depuis quelques années, ce microbiote est au centre des préoccupations de nombreuses équipes de recherche. En effet, il apparaît essentiel à plus d’un titre pour le bon fonctionnement de l’organisme. De plus, un déséquilibre du microbiote pourrait participer au développement de nombreuses maladies aigües ou chroniques.

Parallèlement, les thérapies anticancéreuses connaissent une véritable révolution médicale, avec l’arrivée récente des immunothérapies anticancéreuses. Des anticorps ou des cellules sont ainsi capables de stimuler le système immunitaire du patient cancéreux pour l’aider à lutter contre le cancer. Plusieurs médicaments ont récemment été mis sur le marché, offrant pour certains une réelle chance de survie face à des cancers aux pronostics très sombres.

Quel est le lien entre le microbiote intestinal et l’immunothérapie anticancéreuse ? Le microbiote peut-il agir sur l’efficacité de ces nouvelles thérapies ? Des questions auxquelles ont tenté de répondre des chercheurs chinois dans un article publié dans la revue scientifique Cancer Letters.

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Le microbiote conditionne la réponse à l’immunothérapie

L’immunothérapie anticancéreuse est une nouvelle stratégie thérapeutique contre le cancer. Elle présente des résultats très prometteurs, en particulier dans certaines formes de cancers avancés réputés jusqu’ici incurables. Cependant, si l’immunothérapie s’avère très efficace chez certains patients, d’autres patients semblent moins bien répondre à ces nouveaux médicaments.

Certains patients cancéreux semblent développer une résistance aux inhibiteurs du contrôle immunitaire, l’un des principaux médicaments d’immunothérapie actuellement disponibles. Parallèlement, de multiples études ont mis en évidence que le microbiote intestinal agirait de manière importante sur la régulation locale et systémique du système immunitaire. Le microbiote intestinal pourrait ainsi influencer l’efficacité de l’immunothérapie, un résultat suggéré par plusieurs études récentes.

Les déséquilibres du microbiote (que les scientifiques appellent la dysbiose) étaient déjà mis en cause dans le développement du cancer, pour deux raisons :

  • La dysbiose peut être à l’origine de la production de substances toxiques ou cancérogènes au niveau des voies digestives ;
  • Un déséquilibre du microbiote peut entraîner un état inflammatoire chronique ou une perturbation du système immunitaire, favorisant la croissance tumorale.

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Des stratégies pour optimiser la qualité du microbiote

Si microbiote intestinal et cancer apparaissent liés, l’efficacité de l’immunothérapie anticancéreuse pourrait également dépendre du microbiote. En effet, plusieurs études ont mis en évidence l’effet négatif des traitements antibiotiques chez des patients atteints de cancers (poumon, rein ou vessie) et traités par immunothérapie. La destruction du microbiote intestinal et la dysbiose induites par l’antibiothérapie pourraient ainsi profondément nuire au succès de l’immunothérapie.

Plus précisément, la présence et l’abondance de certaines espèces bactériennes dans le microbiote ont été observées chez les patients cancéreux répondant aux traitements d’immunothérapie. A l’inverse, chez les patients non répondeurs, le microbiote intestinal est généralement moins abondant et peu diversifié.

Face à de tels constats, les chercheurs recommandent de développer des stratégies visant à améliorer la quantité et la qualité du microbiote intestinal :

  • Pour la population générale, car un microbiote équilibré permet de réduire le risque de cancer ;
  • Chez les patients cancéreux traités par immunothérapie, pour favoriser la réponse aux traitements.

La réduction de l’usage des antibiotiques au strict minimum, la prescription de prébiotiques au travers de l’alimentation ou de supplémentations, ou encore le transfert de bactéries fécales sont autant de pistes à étudier pour améliorer l’efficacité des immunothérapies anticancéreuses à travers la préservation du microbiote.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Gut microbiome and cancer immunotherapy. Li, W. and al. 2019. Cancer Letters 447 : 41-47.
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