Cancer : l’avenir des immunothérapies spécifiques

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Rédigé par Estelle B. et publié le 26 juillet 2018

Depuis quelques années, les immunothérapies bouleversent les traitements anti-cancéreux classiques, avec le développement de nouveaux médicaments d’immunothérapie spécifique. Pour faire le point sur ces thérapies innovantes et prometteuses contre le cancer, l’Institut National du Cancer (INCA) a récemment publié un rapport sur le sujet. Santé Sur le Net vous en dévoile les principaux aspects.

Les immunothérapies spécifiques contre les cellules cancéreuses

Un rapport dédié aux immunothérapies spécifiques

L’immunothérapie anti-cancéreuse consiste à agir sur le système immunitaire d’un patient atteint de cancer pour le rendre capable d’attaquer les cellules cancéreuses. Récemment, de nouveaux médicaments d’immunothérapie spécifique ont été développés, en particulier :

  • Les inhibiteurs de points de contrôle (anti-PD-1, anti-PD-L1, anti-CTLA-4) permettent de bloquer certains « freins de l’immunité » pour réactiver le système immunitaire et lui permettre de lutter plus efficacement contre les cellules cancéreuses.
  • Les cellules CAR-T (Chimeric Antigen Receptor-T) représentent un type particulier de globules blancs, prélevés dans le sang du patient, puis génétiquement modifiés pour exprimer des récepteurs spécifiques à leur surface. Ces récepteurs permettent de repérer des antigènes présents à la surface des cellules cancéreuses et d’apporter des protéines qui stimulent le système immunitaire.

Ces nouveaux médicaments, dont certains sont déjà disponibles, représentent des enjeux considérables dans le traitement des cancers. Ainsi, plus de 1 500 essais cliniques, représentant plus de 285 000 patients dans le monde, étaient en cours sur ces immunothérapies en juillet 2017.

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Les inhibiteurs de points de contrôle

Actuellement, cinq inhibiteurs de points de contrôle sont autorisés en Europe dans le traitement des cancers suivants :

  • Le mélanome ;
  • Le cancer bronchique non à petites cellules ;
  • Le carcinome à cellules rénales ;
  • Le lymphome de Hodgkin classique ;
  • Le cancer épidermoïde de la tête et du cou ;
  • Le carcinome urothélial ;
  • Le carcinome à cellules de Merkel (tumeur cutanée agressive).

L’arrivée de ces traitements d’immunothérapie spécifique a déjà permis de réévaluer les stratégies thérapeutiques du mélanome avancé, du cancer bronchique non à petites cellules métastatique ou encore du carcinome rénal avancé.

Au niveau des essais cliniques, ces traitements d’immunothérapie font l’objet d’essais cliniques pour une vingtaine de cancers différents. Leur développement a néanmoins été abandonné dans certains cas, en raison d’une efficacité insuffisante ou d’une toxicité trop importante.

L’efficacité des inhibiteurs de points de contrôle est généralement conditionnée par la présence de biomarqueurs prédictifs, qui doivent être recherchés avant l’instauration du traitement. Les recherches se poursuivent pour identifier ces biomarqueurs et pouvoir ainsi prédire quels patients seront ou non répondeurs à ces nouveaux traitements.

Enfin, l’arrivée des immunothérapies entraîne d’importants changements dans le suivi des traitements, avec l’observation d’effets indésirables totalement différents des traitements anti-cancéreux classiques. Ces effets indésirables peuvent être potentiellement graves et imprévisibles, pouvant se manifester plusieurs mois après l’arrêt du traitement. Un suivi particulier des patients doit donc être instauré avec ce type de traitement.

En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) estime que les inhibiteurs de points de contrôle pourraient s’adresser chaque année à environ 20 000 patients, toutes indications confondues.

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Les cellules CAR-T autorisées aux USA

Si les inhibiteurs de points de contrôle sont déjà autorisés en Europe, les cellules CAR-T ne sont pour l’instant disponibles qu’aux USA. Deux médicaments sont commercialisés sur le marché américain dans le traitement des leucémies aigües lymphoblastiques de type B et des lymphomes et pourraient rapidement révolutionner le traitement des cancers hématologiques.

Les cellules CAR-T ont démontré leur efficacité dans le traitement des cancers hématologiques, mais elles font également l’objet de nombreuses études cliniques pour évaluer leur intérêt dans le traitement de différentes tumeurs solides. Par ailleurs, de nouveaux développements des cellules CAR-T sont en cours, avec notamment :

  • De nouvelles générations de cellules CAR-T avec un effet thérapeutique amplifié ;
  • La mise au point de cellules CAR-T allogéniques (issues de globules blancs d’un donneur) ;
  • La standardisation de la production de cellules CAR-T dites universelles.

De la même façon que pour les inhibiteurs de points de contrôle, l’utilisation thérapeutique des cellules CAR-T nécessite un suivi particulier, notamment des effets indésirables spécifiques et potentiellement graves associés à ces nouveaux médicaments.

Compte-tenu des espoirs fondés sur les cellules CAR-T, ces nouveaux médicaments d’immunothérapie spécifique sont très attendus en Europe. Des études comparatives entre ces cellules et la greffe de cellules souches hématopoïétiques (greffe de moelle osseuse) devraient notamment permettre de définir leur place dans les futures stratégies thérapeutiques anti-cancéreuses.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– LES IMMUNOTHÉRAPIES SPÉCIFIQUES DANS LE TRAITEMENT DES CANCERS. Institut National du Cancer. Mai 2018.
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