Phobie sociale


Rédigé par Charline D. et publié le 22 novembre 2021

jeune fille qui se cache son visage dans son pull car elle est atteinte de phobie sociale

La phobie sociale est un trouble anxieux qui se manifeste par une peur ou à minima une anxiété face à diverses situations sociales comme parler en public ou rencontrer une nouvelle personne. Ces situations sont à l’origine de souffrances importantes, et provoquent chez le patient un comportement d’évitement. Le diagnostic est clinique, il repose sur la présence des symptômes caractéristiques de l’affection. La prise en charge peut être médicamenteuse et/ou psychothérapique. La thérapie la plus efficace dans la phobie sociale est celle de l’exposition du patient à l’objet de ses craintes.

Définition et symptômes de la phobie sociale

Qu’est-ce que c’est ?

La phobie sociale, également connue sous le nom de trouble anxieux sociétal (TAS) est un trouble psychologique souvent grave et invalidant. Il est caractérisé par la peur incontrôlable d’une ou plusieurs situations sociales.

Divers types de situations sociales peuvent être redoutés, comme simplement être en public, manger en public, avoir un désaccord avec une autre personne, faire un discours, réaliser un entretien d’embauche, etc. De manière générale, les interactions formelles sont plus angoissantes pour les patients que les interactions informelles. Le patient appréhende le fait d’être observé par les autres, d’être jugé, gêné ou humilié.

jeune homme angoissé dans une foule

À noter ! Le trac n’est pas un type de phobie sociale. C’est une appréhension normale ressentie avant une intervention publique qui se dissipe à mesure de son avancement. Le malaise ressenti en cas de phobie sociale ne se dissipe pas, voir s’intensifie avec l’exposition aux autres.

Près de 13% de la population adulte souffre de phobie sociale. Les femmes semblent plus concernées. Certaines personnes atteintes de phobie sociale étaient déjà timides dans l’enfance, tandis que d’autres n’ont développé cette anxiété qu’après la puberté.

Certaines phobies sociales sont très spécifiques d’une situation en particulier, tandis que d’autres se manifestent à chaque activité en public. Les patients sont plus ou moins lucides sur leur phobie.

Quels symptômes ?

Les patients atteints de phobie sociale pratiquent la stratégie d’évitement. Autrement dit, ils font leur maximum pour éviter toute confrontation à une situation anxiogène.

L’anxiété générée par le trouble se manifeste par différents symptômes comme :

  • Transpiration;
  • Tremblements des mains, des jambes et/ou de la voix ;
  • Palpitations;
  • Sensation d’étouffement;
  • Rougissement;
  • Tension dans les muscles ;
  • Douleur au niveau de la poitrine ;
  • Bégaiement ou difficulté à s’exprimer;
  • Maux de tête ;
  • Sensation de chaleur ou au contraire de froid.

Les patients souffrant de phobie sociale ont peur que leurs paroles, faits ou gestes puissent être inappropriés, et que leur malaise soit évident pour tout le monde. Généralement, ils appréhendent à l’avance certains symptômes pouvant dévoiler leur trouble, comme le fait de rougir, de transpirer, de trembler ou de vomir.

Dans les cas les plus sévères, l’anxiété du patient peut aboutir à une attaque de panique. Cette dernière se manifeste par une peur soudaine et intense avec une amplification des symptômes, pouvant durer de quelques minutes à plusieurs heures. Bien qu’impressionnantes et désagréables pour le patient, les attaques de panique ne sont pas dangereuses pour la santé du patient, elles n’engagent pas le pronostic vital.

La phobie sociale est très souvent associée à d’autres troubles : dans près de 50% des cas à un trouble anxieux ou à un état dépressif.

À noter ! La toxicomanie est fréquemment une complication de la phobie sociale. En effet, les patients peuvent utiliser les drogues pour se désinhiber ou soulager leur anxiété.

Diagnostic et traitement de la phobie sociale

Quel est son diagnostic ?

Le diagnostic de la phobie sociale est clinique, autrement dit basé sur la présence des symptômes décrits par le patient. Le diagnostic est réalisé par un psychiatre ou un psychologue à partir de critères spécifiques issus du DSM-5 :

  • Une peur intense en situation « à risque » présente depuis au moins 6 mois ;
  • La phobie porte sur une ou plusieurs situations sociales ;
  • Les crises se produisent pratiquement toujours dans la ou les mêmes circonstances ;
  • Le patient décrit une peur du jugement des autres ;
  • Une stratégie d’évitement est mise en place par le patient ;
  • La réaction est disproportionnée face à la situation perçue comme un danger ;
  • Le trouble génère une souffrance importante ou un handicap dans son quotidien.

Quel traitement ?

Sans prise en charge, la phobie sociale évolue jusqu’à provoquer des comportements d’évitement conduisant petit à petit à l’isolement social du patient.

Pour les individus ayant modifié leur comportement en adoptant des stratégies d’évitement dans les situations jugées comme à risque, un traitement médicamenteux et/ou une psychothérapie sont souvent nécessaires.

personnes assises en groupe pour traiter la phobie sociale

Les médicaments utilisés pour traiter la phobie sociale, comme pour beaucoup de troubles anxieux, sont des antidépresseurs ou des anxiolytiques type benzodiazépines. Diverses familles d’antidépresseurs sont efficaces pour traiter les phobies ou les troubles anxieux. Les benzodiazépines ont une action rapide par rapport aux antidépresseurs, mais exposent à un plus grand risque de dépendance et d’effets indésirables (somnolence, pertes de mémoire, ralentissement moteur, etc.).

Dans un premier temps, les deux molécules (antidépresseur et anxiolytique) peuvent être prescrites conjointement le temps que l’antidépresseur agisse. Après, la benzodiazépine est progressivement diminuée pour être arrêtée.

À noter ! Chez certains patients, il n’y a que la benzodiazépine qui soit vraiment efficace à long terme.

Le traitement médicamenteux a pour objectif la réduction et la prévention des attaques de panique. Cependant, il est souvent indispensable de l’associer à une psychothérapie pour solutionner les comportements d’évitement.

Plusieurs types de psychothérapie peuvent être prescrits :

  • La thérapie d’exposition qui repose sur le fait d’exposer les patients progressivement et de façon répétée à la situation qui génère le malaise. Selon les cas, l’exposition peut être réelle ou virtuelle. Généralement, La thérapie est l’occasion pour le patient d’apprendre diverses techniques de relaxation afin de pouvoir gérer ses angoisses. La méthode de relaxation la plus répandue est d’apprendre à respirer lentement et de façon régulière pour réduire l’anxiété à l’origine du mal-être. Les séances débutent par un faible niveau d’exposition facilement toléré par le patient. Une fois le patient à l’aise devant la situation, le niveau d’exposition est augmenté à un cran supérieur. Une telle thérapie n’est pas toujours facile à mettre en place pour que le patient soit exposé suffisamment longtemps pour finalement y être à l’aise. Par exemple, lorsque la phobie porte sur une discussion avec une personne en particulier, comme un supérieur, une série d’entretien n’est pas toujours envisageable. Des situations de substitution peuvent être proposées en s’inscrivant dans des associations qui y sont dédiées ;
  • La thérapie cognitivo-comportementale consistant à permettre au patient de réaliser que ses peurs sont infondées, et utiliser la respiration comme moyen de relaxation ;
  • Une psychothérapie de soutien qui a plutôt pour but de former et conseiller le patient sur sa pathologie et ses traitements.

Selon la prise en charge choisie, le nombre de séances nécessaires est variable. En moyenne, il faut compter entre 12 à 14 séances pour obtenir de bons résultats. Les thérapies les plus courtes ne nécessitent que 5 à 6 séances.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Phobie sociale. msdmanuals.com. Consulté le 22 novembre 2021.