Thanatophobie


Rédigé par Charline D. et publié le 25 octobre 2022

Thanatophobie, la peur de mourir

La thanatophobie correspond à la peur irrationnelle de la mort, autant celle de ses proches que sa propre mort. C’est un trouble anxieux déclenché par l’exposition d’un individu à un objet ou à une situation en lien avec la mort. Cette phobie se traduit par des symptômes cliniques, souvent associés à un comportement d’évitement. Le diagnostic est psychiatrique. La prise en charge n’est pas systématique. Elle n’est nécessaire que lorsque la thanatophobie a un impact important dans la vie quotidienne du patient. Elle consiste généralement à suivre une psychothérapie associée ou non à un traitement médicamenteux.

La thanatophobie, définition et symptôme

Origine de la thanatophobie

Le terme thanatophobie est issu du mot grec « thanatos » qui veut dire « mort ». Ainsi, la thanatophobie signifie « avoir peur de la mort ».

Normalement, la peur est une émotion dite utile qui permet la protection des individus en les poussant à agir ou à fuir face à une situation à risque. Chaque personne a des peurs comme par exemple le fait de préférer l’escalier à l’ascenseur, d’être anxieux au moment de prendre l’avion, etc. Dans la plupart des cas, chacun vit avec ses peurs et arrive à s’en accommoder.

En revanche, lorsque la peur ressentie par une personne, la paralyse en l’absence de réel danger, et prend des proportions démesurées ou impacte de manière importante sa vie (monopolise les pensées, influence les choix, etc.), alors elle devient pathologique, et à ce moment-là on parle de phobie.

Les phobies sont des troubles anxieux. De ce fait, la personne qui souffre de phobie a totalement conscience que sa peur est irrationnelle et excessive, sans cependant, pouvoir résister au besoin d’évitement de l’objet de sa phobie. Une phobie est considérée comme grave ou sévère et nécessitant une prise en charge adaptée lorsque cette dernière oblige l’individu qui en souffre à restreindre ses activités et qu’elle diminue sa qualité de vie de façon importante.

A noter ! L’éducation et l’environnement familial semblent jouer un rôle important dans la survenue des phobies. En effet, bien que l’existence de facteurs génétiques n’ai pas été démontrée, un parent souffrant de phobie peut transmettre une certaine vulnérabilité émotionnelle à sa progéniture qui peut le prédisposer aux phobies.

La thanatophobie serait déclenchée par un évènement traumatisant dans l’enfance, par exemple le décès d’un proche ou la vue d’un cadavre. Dans la plupart des cas, il n’existe pas de cause évidente, et c’est simplement la traduction d’un trouble anxieux. A noter qu’il n’est pas rare de trouver des patients hypocondriaques parmi les thanatophobes.

À savoir ! La thanatophobie est parfois présente dans d’autres phobies, par exemple, l’hypochondrie qui n’est autre que la peur de développer une maladie et d’en mourir, et la claustrophobie qui est la peur de mourir étouffé.

Quels sont les symptômes de la thanatophobie ?

Bien que tout le monde ait conscience qu’il va un jour mourir, on parle de thanatophobie lorsque la peur de la mort est exagérée et irrationnelle.

Le degré de sévérité de la phobie est variable d’un patient à un autre, et peut plus ou moins entravée ses activités quotidiennes. Généralement, il adopte un comportement d’évitement concernant toutes les situations pouvant accélérer sa mort ou le mettre en danger, par exemple, certains sport, la conduite automobile, ou parfois le simple fait de sortir de chez soi.

Par ailleurs, les thanatophobes ne peuvent pas se rendre dans les lieux où la mort est trop présente (cimetière, hôpital). Ce phénomène d’anticipation de la peur peut également être à l’origine d’un repli sur soi du patient et d’une limitation des activités avec des conséquences sociales, parfois importantes. Des troubles du sommeil, une anxiété et/ ou une dépression peuvent être associé dans les cas les plus graves.

Une crise de thanatophobie peut survenir en cas d’exposition à une situation risque ; Elle se traduit par un ensemble de symptômes dont :

  • Une peur intense associée à une envie de fuite ;
  • Une respiration qui s’accélère ;
  • Un rythme cardiaque augmenté ;
  • Une hypersudation ;
  • Une douleur dans la poitrine ;
  • Des maux de tête ;
  • Des cris et/ou pleurs incontrôlés ;
  • La perte d’urine ;
  • Une paralysie, ou impossibilité de faire quelque chose ;
  • Parfois, une perte de connaissance.

Diagnostic et traitement de la thanatophobie

Comment diagnostiquer la thanatophobie ?

Le diagnostic de la thanatophobie, comme pour toute phobie, est clinique.

Elle se base sur la présence des trois composantes caractéristiques d’une phobie, à savoir :

  • L’anxiété d’anticipation qui correspond au fait que le patient anticipe sa peur, ce qui génère les angoisses ;
  • La crise anxieuse en elle-même en cas d’exposition à l’objet de la phobie. La crise d’anxiété est variable en durée et intensité selon les patients. Elle peut, par exemple, se manifester par 2 ou 3 symptômes comme une tachycardie, des vertiges et une sensation d’étouffement :
  • L’évitement pour diminuer l’état anxieux. Les patients adaptent ainsi leur comportement et évitent toutes les situations ou lieux à risque. Dans les cas les plus préoccupants, ils peuvent aller jusqu’à ne plus sortir de chez eux.

Quels sont les traitements pour prendre en charge la thanatophobie ?

La thanatophobie n’implique pas systématiquement de prise en charge.

Lorsqu’il n’existe aucun impact particulier sur la vie du patient, et que celui-ci parvient à garder sa phobie sous contrôle, aucun traitement n’est justifié.

traitement de la thanatophobie

En cas d’impact trop important sur la qualité de vie des patients, la thanatophobie, tout comme les phobies en général, nécessite une prise en charge adaptée. Les thérapies cognitivo-comportementales associées à certaines techniques de relaxation ont déjà largement démontrées leur efficacité dans ce domaine. Parfois, il peut être nécessaire d’associer un traitement médicamenteux à la psychothérapie du patient.

La psychothérapie pratiquée est déterminée en fonction des besoins de chaque patient.

Ainsi, lorsque le patient souhaite supprimer rapidement les symptômes de sa thanatophobie, une thérapie cognitivo-comportementale sera la plus adaptée. Cette dernière consiste à exposer, progressivement et de façon contrôlée, le patient à l’objet ou la situation (par exemple la vue d’un cadavre en photo ou la visite d’un cimetière) qui déclenche sa peur afin qu’il parvienne à contrôler son anxiété. Des améliorations sont visibles au bout de quelques mois de thérapie.

Si le patient souhaite, en revanche, effectuer un travail plus profond sur lui-même afin de découvrir l’origine de sa thanatophobie, le médecin pourra lui prescrire une thérapie analytique, plus longue. L’hypnothérapie montre également de bons résultats.

La thérapie médicamenteuse est plutôt réservée à un usage ponctuel afin de soulager les symptômes liés à l’anxiété. Les médicaments prescrits sont des anxiolytiques de type benzodiazépines ou des antidépresseurs.

En alternative aux médicaments dans la gestion d’une crise, il est fréquent d’avoir recours à certaines techniques de relaxation. Ces dernières sont généralement centrées sur la respiration, et la détente musculaire. Le but est de détourner l’esprit du patient de l’objet de l’angoisse, soit en faisant le vide dans ses pensées, soit en créant des pensées rassurantes. Les premières séances doivent être réalisées avec un professionnel qualifié afin d’apprendre les bons comportements qui soulageront efficacement l’angoisse. Par la suite, les exercices sont parfaitement réalisables seul au besoin lors d’une situation à risque.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Phobie. eurekasante.vidal.fr. Consulté le 25 octobre 2022.
– Thanatophobie. psychotherapie.ooreka.fr. Consulté le 25 octobre 2022.