Vers un nouveau traitement de la perte auditive ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 27 octobre 2018

Les troubles de l’audition ont toujours été acceptés comme une fatalité par la population vieillissante. Et s’il était désormais possible de traiter la perte auditive ? C’est ce que suggère une nouvelle étude américaine récemment publiée dans le Journal européen de neuroscience.

Perte auditive

Qu’appelle-t-on troubles de l’audition ?

Les troubles de l’audition désignent des problèmes variés, tant par leurs manifestations que par leurs origines. Parmi ces troubles, la perte auditive, qui peut affecter soit une oreille soit les deux, représente un handicap important dans la mesure où elle affecte à la fois la communication et la qualité de vie des personnes qui en souffrent.

À savoir ! On distingue différents degrés de surdité : légère (perte de 20 à 40 décibels), moyenne (perte de 40 à 70 db), sévère (perte de 70 à 90 db), et profonde (perte de plus de 90 db).

Si bien souvent, la perte auditive se fait de manière progressive car liée au vieillissement naturel du patient, elle peut parfois survenir de façon brutale, à la suite d’un traumatisme par exemple, ou se révéler dès la naissance en raison d’une malformation ou d’un défaut génétique. Dans tous les cas, la perte auditive est irrémédiable.

C’est en observant des animaux comme les oiseaux, les grenouilles ou les poissons, qui ont la capacité de régénérer leurs cellules sensorielles perdues, qu’une équipe de scientifiques a souhaité étudier la question chez l’homme.

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Régénération des cellules sensorielles chez les mammifères

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques se sont appuyés sur une étude menée en en 2012 sur des oiseaux, et ayant permis d’identifier une famille de récepteurs appelés facteurs de croissance épidermiques (EGF). Ces récepteurs sont responsables de l’activation des cellules de soutien des organes auditifs. Une fois activées, ces cellules prolifèrent et encouragent la production de nouvelles cellules sensorielles appelées « cellules ciliées ».

À savoir ! Les cellules ciliées sont des cellules sensorielles coiffées de structures filamenteuses, et qui tapissent la cochlée des vertébrés. Elles font partie à la fois de leur systèmes auditif et de leur système vestibulaire. Chez l’homme, on distingue deux types de cellules ciliées : les cellules ciliées externes, qui se contractent périodiquement pour amplifier le signal sonore et les cellules ciliées internes, qui transforment le signal précédemment amplifié en message nerveux.

Forts de ce constat, les scientifiques ont pensé que ce processus d’activation pourrait éventuellement être manipulé pour produire un résultat similaire chez les mammifères.

« Chez les souris, la cochlée exprime des récepteurs EGF tout au long de sa vie, mais ces récepteurs ne conduisent apparemment jamais à la régénération de cellules ciliées. Notre recherche s’est concentrée sur la découverte d’un moyen de promouvoir à la fois la régénération des cellules ciliées et leur intégration dans les cellules nerveuses, les deux étant indispensables à l’audition. »

Cette nouvelle étude a ainsi eu pour objectif d’obtenir de nouvelles cellules auditives fonctionnelles à partir des cellules de soutien qui restent présentes après la mort des cellules ciliées dans la cochlée.

À savoir ! La cochlée désigne une partie de l’oreille interne composée de 15 000 cellules ciliées capables de transformer les vibrations en signaux électriques transmis au cerveau par le nerf auditif.

L’équipe a testé l’hypothèse selon laquelle le signal envoyé par la famille de récepteurs EGF pourrait jouer un rôle dans la régénération cochléaire chez les mammifères. Les chercheurs se sont concentrés sur un récepteur spécifique appelé ERBB2 trouvé dans les cellules de soutien de la cochlée.

Les chercheurs ont testé différentes méthodes pour activer le mode de signalement EGF :

  • Utiliser un virus pour cibler les récepteurs ERBB2
  • Utiliser des souris génétiquement modifiées pour surexprimer un ERBB2 déjà activé
  • Utiliser deux médicaments, développés initialement pour stimuler l’activité des cellules souches des yeux et du pancréas, connues pour activer le signal ERBB2.

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Vers un nouveau traitement de la perte auditive ?

Les chercheurs ont ainsi observé qu’activer la voie de l’ERBB2 déclenchait une cascade d’évènements cellulaires parmi lesquels :

  • Prolifération des cellules de soutien de la cochlée
  • Activation d’autres cellules de soutien voisines
  • Formation de nouvelles cellules ciliées sensorielles.

De plus, il apparaît que ce procédé n’impacterait pas seulement la régénération des cellules ciliées sensorielles mais soutiendrait également leur intégration dans les cellules nerveuses.

« Le processus de réparation de l’audition est un problème complexe qui nécessite une série d’évènements cellulaires. Il faut régénérer les cellules ciliées sensorielles et ces cellules doivent fonctionner correctement et se connecter avec le réseau de neurones indispensable. »

En  démontrant un mode de signalisation pouvant être activé par différentes méthodes, cette étude pourrait donc représenter une nouvelle approche pour la régénération cochléaire et  la restauration des capacités auditives.

Nous serons bien évidemment tout ouïe pour suivre l’avancement des travaux sur le sujet !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Study points to possible new therapy for hearing loss. Sciences Daily. Le 15 Octobre 2018.
– Troubles de l’audition / Surdités. Comment préserver et restaurer notre ouïe. Dossier Inserm. Le 15 Octobre 2018.
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