La musique amplifiée et sur écouteurs a envahi leur vie. Les niveaux sonores atteints ne sont pas sans danger pour leurs oreilles : 10 % des moins de 25 ans ont déjà une perte d’audition pathologique. La Journée Nationale de l’Audition (JNA) tire la sonnette d’alarme et met en ligne un site destiné aux jeunes : « Nos oreilles, on y tient ! »
Audition chez les jeunes : un constat alarmant
D’après une enquête Ipsos, 78 % des 15-45 ans ont déjà expérimenté des troubles auditifs comme des acouphènes ou des pertes d’audition, notamment à la sortie de concert ou boîte de nuit.
À savoir ! Un acouphène est un bruit entendu dans l’oreille en l’absence de toute source sonore. Il se caractérise par un sifflement, grésillement ou un bourdonnement. Chroniques, les acouphènes affectent la qualité de vie (dépression, insomnies, problème de concentration…). Ils peuvent être accompagnés d’hyperacousie (intolérance au bruit, même d’intensité normale).
Ce sondage révèle aussi que 85 % des jeunes déclarent aimer écouter de la musique forte.
Pourtant cette pratique expose à des risques pour l’audition :
- Une exposition répétée à des niveaux sonores intenses entraîne une fatigue auditive, la destruction des cellules ciliées (cellules qui convertissent l’énergie mécanique des ondes sonores en influx nerveux qui sera interprété par le cerveau) de l’oreille interne et mène à la surdité ;
- Un traumatisme aigu (exposition de courte durée à très forte intensité, type larsen) peut avoir le même impact.
À savoir ! Un larsen correspond à un son sursaturé, généralement très aigu qui peut être dû au rapprochement d’un micro près d’un haut-parleur
Alors que la 20ème Journée de l’Audition se tient le 9 mars 2017, Jean Stanko, son président, s’alarme : « Devons-nous laisser les jeunes générations perdre définitivement leur capital auditif avant l’heure ? Dans quel état sera leur santé auditive après 40 ans ? Et quel coût pour la société ? »
Musique amplifiée et écouteurs en ligne de mire
La musique amplifiée se définit comme la diffusion de « musiques actuelles » par l’intermédiaire d’amplificateurs. Elle concerne essentiellement : les concerts, les festivals, les discothèques, les musiciens. La loi a fixé la limite autorisée des niveaux sonores à 105 décibel (dB) en moyenne sans dépasser 120 dB.
Comme l’ont démontré plusieurs enquêtes surprises de Bruitparif (Observatoire du bruit en île-de-France) dans des boîtes de nuit parisiennes, ces niveaux sonores (déjà élevés) sont souvent dépassés.
A savoir ! Le bruit se mesure en décibel (dB). On le considère comme intense à partir de 70 dB, dangereux dès 85 dB.
Autre problème : les MP3. 89 % des 15-30 ans écoutent de la musique via leurs écouteurs, pour une durée journalière moyenne de 1h20. Certains vont jusqu’à 4 heures par jour. Alors que l’OMS préconise pour les baladeurs un niveau sonore maximum de 85 dB pour préserver l’audition, il atteint souvent 100dB.
Bruitparif a lancé une campagne de sensibilisation dans les collèges et lycées via la mallette pédagogique « Kiwi ? » (lauréate du décibel d’or 2016). Grâce à une tablette et des écouteurs, les jeunes sont sensibilisés à leur niveau sonore d’écoute et reçoivent des conseils de façon ludique.
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S’informer, se protéger : « Nos oreilles, on y tient ! »
Autre initiative salutaire, la Journée Nationale de l’Audition met en ligne un site destiné aux jeunes : « Nos oreilles, on y tient ! »
Ce site regroupe informations, témoignages et conseils pour les jeunes (et moins jeunes).
À savoir ! Lors de la JNA, il est possible de faire tester son audition chez les partenaires de la journée.
Afin de préserver sa santé auditive, voici les conseils de « Nos oreilles, on y tient » :
- Pour les MP3, au-delà d’une heure d’écoute par jour, il est préconisé de baisser le volume. Ne jamais écouter à plein volume. À privilégier : les casques couvrants qui atténuent les bruits extérieurs et permettent ainsi d’écouter sa musique moins fort.
- En ce qui concerne la musique amplifiée, il est conseillé de ne pas se tenir près des enceintes, de mettre des bouchons d’oreilles et de faire des pauses à l’extérieur toutes les heures. Et de dormir au calme pour récupérer.
Car les oreilles ne sont pas comme les yeux, elles n’ont pas de paupières pour se reposer ! Alors même à 20 ans, nos oreilles, on en prend soin !
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Isabelle V., journaliste scientifique
– Qui sommes-nous ? Nos oreilles, on y tient !, consulté le 2 mars 2017
– Le bruit en Ile-de-France, Bruit Parif, consulté le 2 mars 2017.