Obésité, jusqu’où aller dans la sévérité du régime hypocalorique ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 27 janvier 2024

Face au fléau de l’obésité qui frappe de plus en plus d’enfants et d’adultes dans le monde, les régimes hypocaloriques constituent souvent le premier angle d’attaque. Mais dans quelle mesure peut-on réduire le nombre de calories quotidiennes sans impacter la santé ? Une étude de cohorte publiée en 2019 s’est intéressée de près à cette question. Explications.

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Obésité et régime hypocalorique

La prise en charge de l’obésité repose en partie sur la prescription et le suivi d’un régime alimentaire, généralement hypocalorique. En réduisant le nombre quotidien de calories, il est possible d’induire une perte de poids. Evidemment, les régimes hypocaloriques sont mis au point par des nutritionnistes et des diététiciens pour limiter les risques de déficits et de carences nutritives. Mais jusqu’où peut aller la sévérité du régime hypocalorique, sans induire d’effets néfastes sur la santé ?

Pour répondre à cette question, des chercheurs australiens ont mené une étude sur une cohorte de 101 femmes :

  • Obèses, avec un Indice de Masse Corporelle (IMC) compris entre 30 et 40 ;
  • Ménopausées : à partir de la ménopause, les variations pondérales liées à l’influence des hormones deviennent mimines et cette période de la vie est critique sur le plan de la santé osseuse ;
  • D’âge moyen 58 ans.

Quelle sévérité pour le régime hypocalorique ?

Les participantes ont été aléatoirement réparties en deux groupes :

  • Un régime hypocalorique modéré sur 12 mois, avec une réduction de 25 à 35 % de la ration calorique journalière par rapport aux recommandations nutritionnelles ;
  • Un régime hypocalorique sévère sur 4 mois, avec une diminution de 65 à 75 % de la ration calorique journalière grâce à des substituts de repas équilibrés, suivi d’un régime hypocalorique modéré sur une période de 8 mois.

Parallèlement, les deux groupes recevaient le même apport protéique quotidien (1 g/ kg de poids corporel) et le même programme d’activité physique.

A l’issue de la période de suivi de 1 an, la perte de poids était supérieure dans le groupe régime sévère, avec une perte moyenne de 15,3 kg, contre 8,4 kg dans le groupe régime modéré. Ce résultat explique selon les auteurs qu’une proportion plus importante de femmes a abandonné le régime modéré pendant l’étude.

Entre perte de poids et risque d’ostéoporose

Par rapport au groupe régime modéré, le groupe régime sévère montrait d’autres différences significatives :

  • Une diminution de la masse grasse ;
  • Une diminution du tissu adipeux abdominal.

En revanche, ces bénéfices du régime sévère étaient contrebalancés par des effets négatifs :

  • Une perte globale de masse maigre ;
  • Une diminution de la masse musculaire au niveau de la cuisse ;
  • Une diminution de la densité minérale osseuse au niveau de la hanche (la densité minérale osseuse n’était pas impactée au niveau du corps entier, ni au niveau des vertèbres lombaires).

Ces résultats indiquent qu’un régime hypocalorique sévère peut certes augmenter la perte de poids, mais peut aussi altérer la masse musculaire et la densité minérale osseuse, un facteur de risque majeur d’ostéoporose. La sévérité du régime hypocalorique chez la femme ménopausée obèse doit prendre en compte ce risque, pour trouver le meilleur compromis entre perte de poids et préservation de la santé osseuse.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Effect of Weight Loss via Severe vs Moderate Energy Restriction on Lean Mass and Body Composition Among Postmenopausal Women With Obesity JAMA Network Open. Consulté le 20 décembre 2019.