Où en est la perte d’autonomie des personnes âgées en France ?

L’autonomie, ou à l’inverse la dépendance, est un indicateur déterminant de la santé des séniors et un critère essentiel pour ajuster au mieux les politiques et stratégies de prise en charge des personnes âgées en France. Quelle est la prévalence de la perte d’autonomie en France ? Est-elle uniforme sur le territoire ? Des questions auxquelles une note de l’Institut des Politiques Publiques vient d’apporter des éléments de réponse.

Perte d’autonomie en France, un indicateur de la santé des personnes âgées

En France, l’action sociale auprès des personnes âgées est coordonnée en premier lieu par les départements. Il est donc utile de connaître la prévalence de la perte d’autonomie des personnes âgées par département. Chacun d’entre eux peut ainsi adapter au mieux sa stratégie envers les personnes âgées. Mais faut-il déjà pouvoir déterminer avec justesse et précision cette prévalence. La mesure de cette prévalence repose sur différentes mesures :

• Les données issues d’enquêtes menées directement auprès des personnes âgées pour connaître leurs difficultés (données déclaratives) ;
• Les données administratives sur les personnes âgées, par exemple l’attribution de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA).

L’analyse des différentes données révèle un écart entre la prévalence calculée suite aux enquêtes et celle calculée par les données administratives. Cet écart s’explique notamment par le non-recours de certaines personnes âgées à l’APA ou encore par la non attribution de cette aide par les départements. Ce constat est important, car l’évaluation de la prévalence permet aux département d’estimer les besoins des personnes âgées.

Perte d’autonomie, des inégalités territoriales fortes

En prenant en compte les différentes mesures de la perte d’autonomie, des différences importantes entre les départements apparaissent. Ces différences concernent, non seulement le type de perte d’autonomie, mais aussi l’âge d’apparition des premiers problèmes de dépendance. Si plusieurs départements se révèlent davantage épargnés par la perte d’autonomie (Île-de-France, Haute-Savoie, Normandie et Morbihan), d’autres départements sont plus touchés, avec des différences dans la cause de la perte d’autonomie :

• Le Pas-de-Calais est plus concerné par des problèmes physiques, qui touchent près d’un quart de la population âgée d’au moins 60 ans ;
• En Guadeloupe, la perte d’autonomie est liée dans 17 % des cas à des troubles cognitifs, des troubles qui touchent également les départements des régions Centre et Occitanie ;
• La Lozère est confrontée à des difficultés pour la toilette et les soins quotidiens (13 % des cas).

En termes d’âge, la perte d’autonomie survient plutôt après 75 ans dans les départements confrontés à des troubles cognitifs, alors que les troubles physiques provoquent souvent une perte d’autonomie avant 75 ans.

Mais une autre difficulté vient s’ajouter pour l’interprétation des résultats. L’inégalité des structures de soins et d’accueil sur le territoire français conduit à des mouvements migratoires de personnes âgées entre départements pour se soigner ou être accueillis dans des établissements spécialisés. Ainsi, la prévalence de la perte d’autonomie de plusieurs départements (Ain, Lozère, Yonne, Territoire-de-Belfort) est augmentée par des personnes âgées qui viennent de départements voisins.

Une politique départementale ajustée pour les personnes âgées

Ce rapport dresse un état des lieux assez précis de la prévalence de la perte d’autonomie sur le territoire français, prenant en compte les disparités territoriales. Il constitue une base de travail essentielle pour mieux calculer la prévalence de la dépendance des personnes âgées, mais aussi un support pour adapter les besoins dans chaque département. Une logique régionale est également déterminante, en raison d’une forte inégalité territoriale de structures et d’établissements adaptés.

Alors que la part des personnes âgées dans la population française croît d’année en année, il est important de définir des politiques départementales, régionales et nationales adaptées, pour que chaque sénior puisse avoir la prise en charge la plus adaptée possible, et le plus près de son domicile et de sa famille. La perte d’autonomie et donc la dépendance qui y est associée sont des facteurs clés de la santé des personnes âgées et déterminent notamment leur espérance de vie !

Estelle B., Docteur en Pharmacie