Plan de relocalisation : production de médicaments en France
La crise du Covid-19 a mis en lumière une réalité souvent sous-estimée : la forte dépendance industrielle de la France et de l’Europe pour l’approvisionnement en médicaments essentiels. La question de la souveraineté sanitaire est devenue primordiale. Aujourd’hui, l’État français entend agir de manière déterminée pour encourager la relocalisation de la production d’ici à 2030. Ce plan vise à renforcer la résilience du système de santé et garantir un accès équitable aux soins pour tous.

Redéfinir la souveraineté sanitaire : une priorité nationale
Cet élan de « reconquête sanitaire », voulu par le Président de la République, s’inscrit dans un plan de lutte contre les pénuries de médicaments porté par le ministère de la Santé et de la Prévention et le ministère de l’Industrie. Il se décline en plusieurs axes : mieux anticiper les besoins, améliorer la disponibilité des médicaments via de nouvelles actions de santé publique, agir sur les leviers économiques pour sécuriser les approvisionnements et renforcer la transparence du circuit d’approvisionnement.
Au cœur de cette démarche figure l’établissement d’une liste de médicaments essentiels par le ministère de la Santé. Parmi ces traitements prioritaires figurent des molécules d’usage courant, comme le paracétamol, mais aussi des antibiotiques (amoxicilline), des anticancéreux, des médicaments pour la réanimation et l’urgence, ou encore des traitements indispensables pour la gestion des maladies chroniques, comme l’insuline rapide. La relocalisation de leur production vise non seulement à limiter les risques de pénurie et créer un écosystème plus autonome en France.
Situation de l’approvisionnement actuel
L’Union européenne fait face à une dépendance car 40 % des médicaments commercialisés proviennent de pays tiers, tandis que l’on estime que 60 % à 80 % des principes actifs pharmaceutiques sont fabriqués en Chine et en Inde. La situation accroît la vulnérabilité des systèmes de santé en cas de crise internationale, de tensions diplomatiques ou de ruptures logistiques. Dès lors, la volonté d’inverser cette tendance devient un enjeu stratégique tant pour la France que pour l’Europe.
Un exemple emblématique de cette relocalisation est la production du principe actif du paracétamol en Isère, un projet porté par plusieurs acteurs industriels et soutenu par l’État. Cette démarche symbolise la volonté de regagner du terrain sur le plan industriel et d’assurer une sécurisation de l’approvisionnement pour les patients, afin d’éviter la répétition de situations inacceptables comme celles vécues lors des hivers précédents.
Vers une industrie plus forte et plus résiliente
Ces efforts s’inscrivent dans un cadre plus global, celui du programme « France 2030 », qui vise à soutenir l’innovation, l’industrialisation, la recherche et la formation afin de transformer durablement les secteurs clés de l’économie tels que l ‘énergie, l’automobile, la santé ou l’aéronautique. En matière de santé, le plan « Innovation Santé 2030 » garantit un accès rapide aux produits innovants, tout en positionnant de nouveau la France comme un leader mondial de la recherche pharmaceutique et de la biotechnologie.
La France a de solides atouts pour réussir sa « reconquête sanitaire ». Elle compte plus de 3 000 entreprises contemporaines à la recherche, au développement, à la production et à la commercialisation dans le domaine de la santé. Parmi ces acteurs, près de 260 laboratoires pharmaceutiques et une quarantaine de façonniers.
En soutenant massivement les projets de relocalisation, l’État encourage la création d’emploi, stimule l’innovation et consolide la compétitivité de la filière. La crise sanitaire a démontré à quel point il était essentiel d’anticiper les besoins, de disposer de chaînes d’approvisionnement sécurisées et de développer des savoir-faire de pointe pour éviter les ruptures de stock. Les tensions constatées sur le paracétamol et l’amoxicilline ont confirmé la nécessité d’un tel engagement.
– "Médicaments essentiels" : sept entreprises de plus aidées dans le cadre de France 2030 dont Euroapi dans le Puy-de-Dôme. www.francebleu.fr. Consulté le 16 janvier 2025.
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