Air pollué = cycle menstruel perturbé ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 31 janvier 2020

Premier sujet de préoccupation environnementale des Français, la pollution atmosphérique n’est pas sans conséquence sur la santé. Et si la pollution de l’air pouvait avoir un impact sur  le bon déroulement du cycle menstruel ? C’est ce que révèle  une nouvelle étude française qui suggère un lien entre la concentration de particules fines dans l’air et la durée de la phase du cycle précédant l’ovulation.

Les effets toxiques connus de la pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique, communément appelée « pollution de l’air », désigne l’ensemble des émissions de substances polluantes sous forme de gaz ou de particules au sein de l’atmosphère. Ces émissions sont principalement la conséquence des activités humaines industrielles et agricoles.

À savoir ! On distingue deux types de polluants atmosphériques : les polluants primaires  émis directement par les sources polluantes (monoxyde d’azote, monoxyde de carbone, métaux lourds) et les polluants secondaires issus de transformations physico-chimiques entre polluants de l’air sous l’effet de conditions météorologiques particulières (ozone, dioxyde d’azote).

De nombreuses études ont déjà démontré les effets toxiques de plusieurs polluants atmosphériques. Une fois inhalés, ils peuvent rejoindre les poumons puis la circulation sanguine et les autres organes avec des conséquences néfastes sur la fonction cardiovasculaire ou sur la croissance du fœtus en cas d’exposition pendant la grossesse. Mais jusqu’à présent, très peu d’études se sont penchées sur le lien entre pollution de l’air et cycle menstruel.

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs français a souhaité analyser l’impact à court terme d’une exposition récente aux polluants de l’air sur l’activité ovarienne et les différentes phases du cycle menstruel de la femme.

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Impact de la pollution de l’air sur le cycle menstruel

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont recruté et suivi 184 femmes n’utilisant pas de contraception hormonale, dans le cadre de l’Observatoire de la fertilité en France.

À savoir ! L’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France désigne une vaste étude représentative mise en place par l’Inserm entre 2007 et 2009. Cette étude a permis de fournir une description de la fréquence de l’hypofertilité sur le territoire.

Chaque participante devait recueillir son urine chaque jour ou tous les deux jours pendant un cycle menstruel complet.  Les scientifiques ont alors procédé à des dosages hormonaux pour déterminer le jour correspondant à l’ovulation et quantifier la durée de la phase folliculaire et la durée de la phase lutéale.

À savoir ! Le cycle menstruel se divise en deux phases séparées par l’ovulation : la phase folliculaire, qui correspond à la croissance d’un ovocyte jusqu’à l’ovulation, et la phase lutéale, qui se situe après l’ovulation. La bonne régulation de ces phases est assurée par l’échange d’informations entre trois acteurs majeurs : l’hypothalamus dans le cerveau, l’hypophyse (la glande située sous l’hypothalamus) et les ovaires.

En confrontant ces dosages hormonaux aux niveaux de pollution auxquels les participantes étaient exposées durant les 30 jours précédant leur cycle menstruel, l’équipe de scientifiques a pu observer les résultats suivants :

  • Chaque augmentation de 10 µg/m3 de la concentration en particules fines dans l’air sur la période de 30 jours avant le cycle considéré était associée à une augmentation de la durée de la phase folliculaire d’environ 0,7 jour.
  • Aucune variation franche de la durée de la phase lutéale ou de la durée totale du cycle n’a été constatée.

Ainsi, plus les niveaux de pollution augmentaient, plus la durée de la phase folliculaire était importante chez les femmes participant à l’étude.

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Vers une meilleure connaissance de l’impact de la pollution sur le cycle menstruel

Forts de ces observations, les auteurs de l’étude concluent que les résultats de cette étude nécessitent d’être confirmés par des études de plus grande envergure : « Il s’agit de travaux originaux qui génèrent une hypothèse nouvelle. Il faudra probablement un certain temps pour l’infirmer ou la confirmer sur de plus grands échantillons de population, étant donné le coût et l’effort que représentent de telles études. »

Dans l’attente, force est de constater que la pollution de l’air n’a pas fini de perturber la santé des citadins !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– La pollution de l’air pourrait influencer le déroulement du cycle menstruel. INSERM. Consulté le 22 janvier 2020.
– Dossier « Pollution de l’air ». GOUVERNEMENT. Consulté le 22 janvier 2020.
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