Pré-éclampsie : un risque conditionné par des gènes du fœtus !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 27 juillet 2017

Selon les estimations, environ 5 % des grossesses s’accompagneraient de pré-éclampsie. Cette complication est responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés et représente la seconde cause de décès maternel, après les hémorragies de la délivrance. Une récente étude suggère que l’ADN du fœtus est associé au risque de pré-éclampsie. Un résultat surprenant, qui pourrait à l’avenir révolutionner le dépistage de cette complication.

adn foetal pré-éclampsie

 

La pré-éclampsie

La pré-éclampsie, ou toxémie gravidique, est une complication fréquente de la grossesse, qui associe deux principaux symptômes :

  • Une hypertension artérielle ;
  • L’apparition de protéines dans les urines (protéinurie supérieure à 300 mg par 24 heures).

D’autres signes cliniques peuvent être observés : des maux de tête, des troubles visuels et auditifs, des douleurs abdominales, des vomissements, des troubles urinaires et un œdème important. La pré-éclampsie se manifeste le plus souvent au milieu du second trimestre de la grossesse (avant 20 semaines d’aménorrhée), mais peut aussi survenir plus tardivement quelques semaines avant l’accouchement ou après la naissance.

Si la plupart des femmes concernées se rétablissent rapidement et accouchent d’un bébé en bonne santé, la pré-éclampsie peut entraîner de nombreuses complications, graves dans 10 % des cas :

  • Pour le bébé :
    • Un retard de croissance intra-utérin ;
    • Une naissance prématurée ;
  • Pour la mère :
    • L’éclampsie (crises convulsives potentiellement fatales, résultant d’une hypertension artérielle intracrânienne) ;
    • Un décollement placentaire nécessitant un accouchement en urgence ;
    • Le syndrome HELLP (destruction des globules rouges dans le foie, inflammation du foie, diminution des plaquettes sanguines avec un risque accru d’hémorragie) ;
    • Une insuffisance rénale ;
    • L’hémorragie cérébrale.

La pré-éclampsie nécessite une prise en charge médicale adaptée pour prolonger la grossesse le plus longtemps possible, tout en préservant la santé de la mère. En cas de mauvais pronostic, l’accouchement, quel que soit le terme, peut devenir l’unique solution.

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Les femmes toutes égales face au risque de pré-éclampsie ?

Plusieurs facteurs de risque de pré-éclampsie ont pu être identifiés :

  • Un antécédent personnel ou familial de pré-éclampsie ;
  • Une grossesse multiple ;
  • Une première grossesse ;
  • Une hypertension artérielle chronique, une pathologie rénale ou un diabète ;
  • L’obésité ;
  • L’âge de la mère (supérieur à 40 ans ou inférieur à 18 ans) ;
  • Un syndrome des ovaires polykystiques ;
  • Une maladie auto-immune ;
  • Un changement de partenaire sexuel.

La maladie semble ainsi dépendre de plusieurs facteurs, le terrain génétique pouvant contribuer à hauteur de 50 % dans la survenue de la maladie. Une quinzaine de gènes serait ainsi impliquée dans la pré-éclampsie.

Actuellement, la pré-éclampsie est dépistée grâce au suivi mensuel des femmes enceintes, comprenant un dosage des protéines urinaires et une mesure de la tension artérielle. Mais les spécialistes recherchent des marqueurs très précoces de la maladie, qui permettraient dès les premières semaines de grossesse d’identifier les femmes qui développeront une pré-éclampsie au cours de la grossesse. Si plusieurs marqueurs se sont avérés intéressants, aucun n’est à ce jour détectable avant 16 semaines de grossesse.

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Vers un test génétique de dépistage …

Une équipe de recherche internationale vient de publier une étude mettant en évidence que le patrimoine génétique du fœtus pourrait influencer le risque de pré-éclampsie. Les chercheurs ont pu détecter et confirmer que deux variantes génétiques d’un gène (FLT1, situé sur le chromosome 13) des bébés sont liées à un risque accru de pré-éclampsie chez la mère.

L’analyse a porté sur l’ADN de 4 380 bébés nés de grossesses compliquées de pré-éclampsie, qui ont été comparés à l’ADN de 310 000 bébés nés de grossesses normales. Une première variante génétique du gène FLT1 est associée significativement à la pré-éclampsie. Portée par la moitié de la population, elle majore de 20 % le risque de pré-éclampsie tardive. Une seconde variante génétique de ce gène est également associée au risque de pré-éclampsie tardive, sans lien avec la première variante identifiée.

Cette étude est la première à relier une complication pathologique de la grossesse à un gène porté par le fœtus. Elle confirme la susceptibilité génétique à la maladie, mais surtout l’importance de connaître les antécédents à la fois de la mère et du père. D’autres facteurs de risque génétiques pourraient être découverts dans les années à venir. Ils pourraient permettre à terme de concevoir un test génétique de dépistage du risque de pré-éclampsie.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Pré-éclampsie. Dossier de l’INSERM. Janvier 2013.
– Variants in the fetal genome near FLT1 are associated with risk of preeclampsia. McGinnis Ralph and al. 2017. Nature Genetics. doi:10.1038/ng.3895.
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