Puberté précoce, une réponse dans les neurones ?

Neuroplasticité

Rédigé par Estelle B. et publié le 6 octobre 2020

La puberté précoce concerne de plus en plus d’adolescents, et en particulier des jeunes filles. Le plus souvent, aucune cause n’est retrouvée pour expliquer l’arrivée précoce de la puberté, alors qu’elle peut avoir des conséquences importantes sur le bien-être physique et mental de l’adolescent. Récemment, des chercheurs français ont découvert chez la souris un mécanisme qui pourrait expliquer certains cas de puberté précoce. Explications.

puberté précoce

A l’origine de la puberté précoce

Pour les spécialistes de l’adolescence, la puberté précoce a pour principale origine une accélération prématurée de la croissance. Un pic de croissance à l’adolescence entraînerait l’activation dans le cerveau de neurones sécrétant de la GnRH, plus communément appelée la gonadolibérine, qui provoque la sécrétion des hormones sexuelles et contrôle donc la puberté et la fertilité. Dans l’embryon, ces neurones à GnRH se situent au niveau du nez. Puis, au cours du développement embryonnaire, ils migrent jusqu’au cerveau pour parvenir à l’hypothalamus, où ils contrôlent la puberté à l’adolescence.

Mais cette explication du déclenchement de la puberté ne permet pas d’expliquer certaines formes de puberté précoce. Dans ce contexte, des chercheurs français ont étudié les mécanismes associés à la puberté précoce et à la croissance chez des souris. Leurs résultats pourraient amener à remettre en question la place du pic de croissance dans la puberté.

Le pic de croissance, une conséquence et non une cause

Dans une première phase d’étude, les chercheurs avaient découvert qu’une protéine neuronale jouait un rôle clé dans la migration des neurones depuis le nez jusqu’au cerveau. Cette protéine est produite par les neurones à GnRH eux-mêmes. Pour en savoir plus sur le rôle de cette protéine, les chercheurs ont développé un modèle de souris, dans lequel la protéine est inactivée uniquement dans les neurones à GnRH.

L’observation des souris a mis en évidence une augmentation de la quantité de neurones à GnRH dans le nez (au niveau du lobe olfactif) et un début de migration plus précoce vers le cerveau. Sur le plan physiologique, ces mécanismes se manifestaient par :

  • Une prise de poids ;
  • Une croissance plus rapide;
  • Une puberté précoce;
  • Une attirance sexuelle plus précoce.

De nouvelles pistes pour prévenir la puberté précoce et ses conséquences

D’après ces observations, chez la souris, les neurones à GnRH seraient responsables du pic de croissance et du contrôle de la puberté – grâce à la production d’une protéine spécifique. Et non l’inverse, comme le pensaient jusque-là les spécialistes de la question. Pour l’instant, ces résultats n’ont été observés que chez la souris et des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer si de tels mécanismes existent chez l’homme.

Si tel est le cas, la survenue de la puberté précoce pourrait être le résultat d’une activation précoce des neurones à GnRH. L’origine de cette activation précoce pourrait être recherchée dans les variantes génétiques du gène codant pour la protéine sécrétée par ces neurones. De telles recherches pourraient aboutir à la mise au point de nouvelles pistes pour la prévention de la puberté précoce chez l’enfant, souvent associé au surpoids et à une croissance accélérée.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Source
– Puberté précoce : une piste d’explication pour certains cas ? Communiqué de presse. INSERM. Consulté le 17 septembre 2020.
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *