Puberté précoce


Rédigé par Estelle B. et publié le 5 avril 2024

 

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Voir apparaître les signes de la puberté avant l’âge de 8 ans chez les filles et de 9 ans chez les garçons peut être évocateur d’une puberté précoce. Faut-il consulter ? Est-ce grave ? Existe-t-il des traitements ? Découvrons dans cette fiche tout ce qu’il faut savoir sur la puberté précoce.

Qu’est-ce que la puberté précoce ?

La puberté désigne l’ensemble des phénomènes physiques et psychiques définissant le passage de l’état d’enfant à celui d’adulte, associé à l’acquisition de la taille définitive et de la fonction de reproduction. Cette étape physiologique de la vie des filles et des garçons dure environ 4 ans et se matérialise par une accélération de la vitesse de croissance et l’apparition des caractères sexuels secondaires :

  • Chez les filles :
    • Le développement des seins ;
    • Le développement de la pilosité pubienne ;
    • Des modifications de la vulve ;
    • L’apparition des règles et la mise en place des cycles menstruels ;
  • Chez les garçons :
    • L’augmentation du volume des testicules ;
    • Le développement de la pilosité pubienne ;
    • L’augmentation de la taille de la verge ;
    • Le développement de la pilosité faciale et corporelle ;
    • La modification de la voix.

Le développement pubertaire est sous le contrôle de plusieurs facteurs neurologiques et endocriniens. Classiquement, la puberté survient vers l’âge de 11 ans pour les filles et 12 ans pour les garçons.

La puberté précoce est une pathologie définie par l’apparition des signes caractéristiques de la puberté avant l’âge de 8 ans pour les filles et l’âge de 9 ans pour les garçons.

À savoir ! Entre 8 et 10 ans pour les filles et entre 9 et 11 ans pour les garçons, on ne parle pas de puberté précoce, mais de puberté avancée. La puberté avancée n’est pas considérée comme pathologique.
Dans la puberté précoce, la maturation sexuelle intervient plus tôt au cours de la vie et se déroule plus rapidement et plus intensément que dans le cas de la puberté normale.

Deux types de pubertés précoces sont définis, en fonction de l’origine du trouble :

  • Les pubertés précoces centrales, liées à un dérèglement de l’axe hypothalamo-hypophysaire (90 % des cas) ;
  • Les pubertés précoces périphériques, ou pseudo-pubertés précoces, dues à une sécrétion d’hormones sexuelles indépendante de l’axe hypothalamo-hypophysaire.

À savoir ! L’axe hypothalamo-hypophysaire est une composante fondamentale du système nerveux central, qui grâce à la sécrétion de différentes hormones, régule les grandes fonctions physiologiques du corps, dont la fonction sexuelle et la reproduction.

La puberté précoce est-elle fréquente ?

Les données épidémiologiques récentes révèlent que la puberté précoce touche 10 fois plus les filles que les garçons. Les épidémiologistes observent une hausse de la puberté précoce dans les pays développés depuis les années 1970. Ce phénomène serait lié à différents facteurs sociaux et environnementaux.

Si globalement, les chiffres de la puberté précoce sont en hausse, ils varient fortement d’un pays à l’autre et en France, d’une région à l’autre. De même, le niveau socio-économique des familles conditionne l’âge de la puberté. De plus, la puberté est largement influencée par la génétique, puisque la puberté précoce varie selon les origines ethniques et qu’il existe des cas familiaux de puberté précoce.

À savoir ! Si la puberté peut être précoce, elle peut aussi être tardive ! Pour les filles, si les signes de puberté ne sont pas apparus à l’âge de 13 ans et 14 ans pour les garçons, les spécialistes parlent alors de retard pubertaire ou de puberté tardive. Chez les jeunes filles, l’absence de règles dans ce contexte est appelée l’aménorrhée primaire. Les causes de la puberté tardive doivent être recherchées et si besoin prises en charge.

D’où vient la puberté précoce ?

Les origines de la puberté précoce restent énigmatiques dans de nombreux cas. Cependant, il est possible d’indiquer les principales causes des pubertés précoces centrales et périphériques.

Les causes des pubertés précoces centrales sont les suivantes :

  • Une tumeur cérébrale ;
  • Une affection neurologique ;
  • D’autres maladies rares, comme la neurofibromatose de type 1 (maladie de Recklinghausen) ou la sclérose tubéreuse de Bourneville.

Chez les filles, dans 80 à 95 % des cas, l’origine de la puberté précoce centrale reste indéterminée et les spécialistes la qualifient de puberté précoce centrale idiopathique. Chez les garçons, l’origine est tumorale dans près de la moitié des cas.

Les causes des pubertés précoces périphériques peuvent être multiples :

  • Une tumeur ovarienne ;
  • Un kyste folliculaire ovarien ;
  • Le syndrome de McCune-Albright associant une puberté précoce, des tâches cutanées caractéristiques et une dysplasie fibreuse des os (anomalies de développement des os) ;
  • La prise de certains médicaments contenant des œstrogènes ;
  • La testotoxicose (maladie génétique rare) ;
  • Les adénomes leydigiens de l’enfant (tumeurs bénignes) ;
  • Les tumeurs à hCG au niveau du système nerveux central, presque exclusivement chez les garçons.

Comment se manifeste la puberté précoce ?

Les pubertés précoces centrales se manifestent par un développement pubertaire prématuré, mais harmonieux, aussi bien chez les filles que chez les garçons. L’accélération de la vitesse de croissance met en évidence une avance staturale parfois importante associée à une maturation osseuse précoce. Le développement précoce des caractères sexuels secondaires peut entraîner des conséquences psychologiques avec des répercussions sur la scolarité et l’insertion sociale de l’enfant.

Dans le cas des pubertés précoces périphériques, les signes cliniques sont très différents selon l’origine du trouble. La puberté est précoce mais souvent non harmonieuse avec l’apparition de certains caractères sexuels secondaires, parfois par intermittence, parfois de manière asymétrique. Elle s’accompagne généralement d’une accélération de la vitesse de croissance et d’une avance de la maturation osseuse.

A terme, la puberté précoce conduit le plus souvent à l’âge adulte à des individus de petite taille, résultant d’une accélération trop rapide de la maturation osseuse, bloquant rapidement la croissance.

Comment savoir si mon enfant est touché par la puberté précoce ?

En cas de doute sur la chronologie d’apparition des premiers signes de la puberté, n’hésitez pas à en parler avec le médecin ou le pédiatre. Le diagnostic de la puberté précoce repose sur l’apparition des signes cliniques pubertaires (caractères sexuels secondaires, accélération de la vitesse de croissance) et sur la mise en évidence d’un dérèglement neurologique et/ou endocrinien.

Lorsqu’elle est constatée, la puberté précoce nécessite d’effectuer des examens pour tenter d’en trouver la cause. Différents examens peuvent être prescrits par le médecin :

  • Des dosages sanguins :
    • Le dosage des hormones sexuelles (estradiol chez les filles, testostérone chez les garçons) ;
    • Le dosage des précurseurs des hormones sexuelles (LH, FSH) ;
  • Une radiographie de la main gauche pour apprécier la maturation osseuse ;
  • Une échographie pelvienne pour mesurer la taille de l’utérus et des ovaires, mais aussi rechercher un kyste ou une tumeur ovarienne chez les filles ;
  • Une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) ou un scanner de la région hypothalamo-hypophysaire pour visualiser l’hypophyse et détecter une éventuelle tumeur cérébrale.

Un avis spécialisé peut être demandé.

D’autres signes cliniques peuvent être évocateurs d’une puberté précoce :

  • Un changement de comportement de l’enfant ;
  • Une augmentation de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) ;
  • Une augmentation de l’appétit.

A noter ! D’autres dérèglements pubertaires ne peuvent pas être considérés comme une puberté précoce, notamment le développement isolé des seins entre 3 mois et 2 ans, la survenue de métrorragies isolées (saignements en dehors des cycles menstruels), une pilosité pubienne isolée ou une croissance précoce.

Il est important de diagnostiquer la puberté précoce, pour rechercher sa cause et mettre en place un suivi médical adapté, en particulier de la croissance.

Faut-il un traitement en cas de puberté précoce ?

La prise en charge de la puberté précoce dépend de plusieurs paramètres : sa cause, ses symptômes, l’âge de survenue et ses conséquences sur la croissance et la santé de l’enfant. Dans certaines situations, un traitement peut être entrepris avec des analogues d’hormones de l’axe hypothalamo-hypophysaire (analogues de GnRH) :

  • En cas de puberté précoce centrale ;
  • Systématiquement lorsque la puberté précoce survient avant l’âge de 6 ans ;
  • Entre 6 et 8 ans en fonction de la maturation osseuse, de l’évolution de la puberté et des retombées psychologiques pour l’enfant et sa famille.

Si un tel traitement est instauré, il doit être poursuivi jusqu’à l’âge normal de la puberté. Les analogues de la GnRH actuellement utilisés sont la triptoréline et la leuproréline, injectées par voie intramusculaire ou sous-cutanée, tous les 28 jours ou tous les 90 jours selon les médicaments.

En parallèle, la cause de la puberté précoce, lorsqu’elle a pu être déterminée, doit être prise en charge de manière adaptée. Les éventuelles tumeurs cérébrales doivent être traitées en priorité.

Enfin, la puberté précoce nécessite un suivi médical à long terme, avec la surveillance de plusieurs aspects :

  • Le suivi du poids et de la composition corporelle, car la puberté précoce est associée à un risque accru de surpoids ou d’obésité ;
  • La surveillance de la minéralisation osseuse pour vérifier si les apports calciques quotidiens sont suffisants ;
  • Un suivi gynécologique, car la puberté précoce augmente le risque du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Puberté et adolescence. www.ameli.fr. Consulté le 4 avril 2024.
– PUBERTÉ PRÉCOCE. pap-pediatrie.fr. Consulté le 4 avril 2024.