4 personnes greffées d’une même donneuse atteintes de cancers

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Rédigé par Estelle B. et publié le 15 octobre 2018

En 2017, plus de 6 000 greffes d’organes ont été effectuées en France, ce qui a permis de sauver la vie de nombreux malades, atteints de pathologies incurables. La greffe d’organes reste associée à des risques de complications spécifiques, comme le rejet de greffe. Un autre risque rarissime est la transmission d’une maladie grave. Un risque récemment illustré aux Pays-Bas par quatre receveurs d’organes d’une même donneuse qui ont développé un cancer suite à la greffe.

chirurgiens effectuants une greffe

Une donneuse, 5 personnes greffées

Le don d’organes est considéré comme un don de vie, car la greffe est souvent l’unique solution pour sauver la vie de certains malades. Si des risques de complications sont bien connus et relativement fréquents, d’autres sont rarissimes, comme celui récemment rapporté dans la revue scientifique American Journal of Transplantation.

Dans cet article, des équipes hospitalières néerlandaises détaillent l’expérience de quatre personnes greffées avec des organes issus d’une même donneuse, qui ont développé un cancer dans les mois et les années qui ont suivi la transplantation.

La donneuse était une femme de 53 ans, décédée en 2007 d’une hémorragie cérébrale. Au moment de son décès, tous les examens effectués n’ont pas permis de déceler la moindre trace d’une pathologie cancéreuse. Le prélèvement de ses organes a permis de greffer 5 patients :

  • Un patient greffé cardiaque qui est décédé quelques mois après la greffe des suites d’une septicémie (infection généralisée de l’organisme)
  • Une patiente greffée des poumons
  • Une patiente greffée du rein gauche
  • Une patiente greffée du foie
  • Un patient greffé du rein droit

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Quatre receveurs atteints d’un cancer

Les trois personnes greffées des poumons, du rein gauche et du foie, ont développé entre 16 mois et 5 ans après la greffe un cancer. Pour deux d’entre elles, la tumeur a été détectée suite à un dysfonctionnement de l’organe greffé. En recherchant l’origine de la tumeur, les médecins se sont aperçus qu’elle provenait de cellules mammaires tumorales issues de la donneuse. Ces trois patientes sont décédées.

Suite à ces trois cas, le patient greffé du rein droit a été activement suivi, ce qui a permis de détecter précocement l’infiltration de cellules mammaires tumorales dans son greffon (organe greffé). Après l’ablation chirurgicale du rein greffé et des séances de chimiothérapie, le patient a pu être sauvé.

La transmission d’un cancer à la suite d’une transplantation avait déjà été décrite, mais cette description s’avère une première pour plusieurs raisons :

  • Quatre receveurs d’une même donneuse ont été atteints d’un cancer
  • La tumeur est apparue après un délai particulièrement long

Les médecins néerlandais émettent deux hypothèses pour expliquer que le processus tumoral n’ait pas été détecté chez la donneuse avant le prélèvement des organes :

  • La donneuse aurait présenté des micro-métastases indétectables par les techniques actuelles d’analyses
  • Les conséquences vasculaires de la greffe pourraient favoriser le développement des cellules tumorales au niveau du greffon

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Des complications … mais surtout la vie !

Si l’exemple néerlandais est rarissime, la greffe d’organes reste associée à plusieurs risques de complications pour les personnes greffées :

  • Des complications liées directement à l’intervention chirurgicale de transplantation (hémorragie, réaction à l’anesthésie, atteinte d’organes proches du lieu de transplantation, …)
  • Le dysfonctionnement du greffon, qui n’assure plus normalement ses fonctions dans l’organisme du receveur
  • Des risques d’infection (bactéries, virus, parasites, champignons microscopiques), principales complications dans les premiers mois après la greffe
  • Un rejet de la greffe, malgré le traitement immunosuppresseur mis en place
  • Une récidive de la maladie initiale qui affecte l’organe greffé
  • Des complications cardiovasculaires et métaboliques, notamment une augmentation du risque cardiovasculaire et du risque de diabète.

Les spécialistes estiment que le risque de transmission d’un cancer par une transplantation d’organes est très faible, entre 0,01 et 0,05 %. Un risque minime par rapport à tous les bénéfices apportés par la greffe, qui sauve chaque année plusieurs milliers de vie !

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Origine et maîtrise des complications chez le receveur d’organe. INSERM. 2009.
– Transmission of breast cancer by a single multiorgan donor to 4 transplant recipients. Matser, Y.A.H. and al. 2018. American Journal of Transplantation 18(7): 1810-1814.
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