Le paracétamol, médicament le plus utilisé dans le monde pour soulager la fièvre et la douleur, est un médicament hépatotoxique à forte dose. La mauvaise utilisation du paracétamol est ainsi la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France. Mais, au-delà de cet exemple bien connu, d’autres médicaments sont-ils toxiques pour le foie ? Petit tour d’horizon de l’hépatotoxicité médicamenteuse.
Le paracétamol, médicament hépatotoxique le plus connu
Saviez-vous que la grande majorité des médicaments que vous ingérez est métabolisé par le foie ? Pour certains médicaments, cette transformation hépatique est nécessaire à l’activité thérapeutique, mais pour d’autres médicaments, la métabolisation au niveau du foie conduit à la production de dérivés toxiques pour le foie. Ainsi, un large éventail de médicaments sont susceptibles de provoquer des effets indésirables sur le foie, dans trois types de situations :
- Une personne avec une pathologie hépatique préexistante et donc plus fragile face à des substances hépatotoxiques ;
- De fortes doses de médicaments, au-delà de la posologie recommandée ;
- En cas d’association de plusieurs médicaments métabolisés par le foie.
Ainsi, d’après une étude publiée en juin 2024, plus de 1 300 médicaments pourraient provoquer des effets indésirables hépatiques, c’est-à-dire une hépatotoxicité. Des compléments alimentaires sont également susceptibles de provoquer de tels phénomènes, notamment les compléments alimentaires à base de curcuma.
De l’ictère à l’insuffisance hépatique sévère !
Lorsqu’un médicament entraîne une hépatotoxicité, les conséquences pour la santé peuvent être variables :
- Une augmentation transitoire des enzymes hépatiques, traduisant une sollicitation excessive des capacités du foie à métaboliser des médicaments ;
- Une hépatite aiguë ;
- Un ictère cholestatique (comme une sorte de jaunisse) ;
- Dans les formes les plus graves, une insuffisance hépatique, parfois sévère, pouvant mettre en jeu le pronostic vital et nécessiter une greffe de foie en urgence.
Dans une étude française menée il y a quelques années, des chercheurs avaient estimé à 9 000 cas par an l’incidence de l’hépatotoxicité médicamenteuse. Dans cette nouvelle étude, des chercheurs ont analysé de juin 2020 à novembre 2023 les données de patients traités entre octobre 2000 et septembre 2021 avec un médicament soupçonné d’être hépatotoxique.
Les produits de phytothérapie, parfois nocifs pour le foie
Les résultats des analyses ont révélé que les symptômes hépatiques survenaient entre 5 et 90 jours après le début du traitement médicamenteux, avec des symptômes très variables. Pour certains médicaments, de simples symptômes hépatiques étaient observés, pour d’autres, une insuffisance hépatique aiguë était diagnostiquée.
Si la plupart des médicaments incriminés pour hépatotoxicité était déjà connus pour ces effets indésirables, la gravité des effets secondaires hépatiques était parfois plus importante que celle évoquée dans les essais cliniques. Pour les auteurs de l’étude, toute atteinte hépatique, en particulier sévère, doit faire l’objet d’investigations pour rechercher un éventuel médicament en cause. L’hépatotoxicité médicamenteuse contribuerait largement aux atteintes hépatiques, notamment sévères. Les médicaments en cause appartiennent à de nombreuses classes thérapeutiques et peuvent concerner de nombreux patients. Les patients polymédiqués, atteints de plusieurs pathologies chroniques et/ou âgés, seraient les plus touchés par cette toxicité. L’étude pointe également du doigt les médicaments en vente libre, comme le paracétamol, et les produits de phytothérapie. En 2016, aux USA, 20 % des cas d’hépatotoxicité recensés étaient dus à la prise de produits de phytothérapie !
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Comment protéger votre foie en prenant des médicaments délivrés avec ou sans ordonnance, des remèdes à base de plantes médicinales ou d’autres drogues. www.liver.ca. Consulté le 15 juillet 2024.