Les rats domestiques : vecteurs de la leptospirose

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Rédigé par Estelle B. et publié le 22 décembre 2017

Dans le monde chaque année, plus d’un million de cas sévères de leptospirose sont recensés, avec un taux de mortalité supérieur à 10 %. Cette maladie, peu connue et peu répandue en France, est transmise par les rongeurs. Une récente étude relate l’apparition de formes sévères depuis quelques années, liées aux rats domestiques.

rats domestiques leptospirose

La leptospirose

La leptospirose est une maladie d’origine bactérienne, présente dans tous les pays du monde, même si peu de Français la connaissent. La bactérie responsable est Leptospira interrogans, présente :

  • Dans l’environnement (eaux douces, sols boueux) ;
  • Dans l’urine de nombreux animaux d’élevage (bovins, ovins, …) ou domestiques (chiens).

Le principal réservoir de la bactérie est constitué par les rongeurs. Chez l’Homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses.

Les symptômes de la leptospirose se manifestent après une période d’incubation de 4 à 14 jours. Si certaines personnes présentent des signes cliniques mineurs, d’autres sont beaucoup plus sérieusement touchées avec :

  • Un syndrome grippal (fièvre élevée, frissons, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires diffuses) ;
  • L’atteinte de multiples organes (reins, foie, méninges, poumons) ;
  • Une insuffisance rénale aiguë ;
  • Une atteinte neurologique (convulsions, coma) ;
  • Un syndrome hémorragique (hémorragies plus ou moins sévères au niveau des poumons ou de l’appareil digestif).

La leptospirose est même mortelle dans 5 à 20 % des cas. Dans les autres cas, la convalescence est longue, le plus souvent sans séquelles. Des complications oculaires (uvéite, kératite) tardives sont néanmoins répertoriées.

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Les rats domestiques : vecteurs de la maladie

Dans le monde, la leptospirose touche essentiellement les régions tropicales. En Europe, la plupart des pays recense moins d’un cas sur un million, mais depuis quelques années, la France compte plus de cas que la moyenne européenne. Cette tendance a incité des chercheurs à analyser les causes de cette évolution à la hausse.

Jusque-là, les cas français de leptospirose concernaient des professions à risque (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs, …) ou la pratique des loisirs nautiques (baignade, canoé-kayak, pêche, canyoning, …). Dans l’étude menée entre 2009 et 2016, les auteurs de l’étude ont recensé 6 cas de leptospirose, qui mettent en évidence un mode inédit en France de contamination : les rats domestiques. La totalité des cas étaient des formes sévères de la maladie.

En milieu urbain, les spécialistes estiment que 43 % des rats sauvages sont porteurs de la bactérie responsable de la leptospirose, et pourraient transmettre la bactérie aux animaux d’élevage ou d’animalerie.

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Un renforcement de la prévention

Sur les six cas recensés dans l’étude :

  • 4 cas concernaient des personnes ayant à leur domicile un rongeur domestique ;
  • 1 cas était une personne travaillant en animalerie et dans des associations de protection des rongeurs ;
  • 1 cas était un magicien utilisant des souris dans ses spectacles.

Les rongeurs domestiques pourraient ainsi constituer un réservoir potentiel de contamination par la leptospirose en France. Un résultat déjà observé en Allemagne. Or la surveillance sanitaire des animaux d’animalerie ne prévoit pas la recherche systématique de la bactérie responsable de la leptospirose. De plus, chez le rat, les spécialistes soupçonnent une transmission de la bactérie de la mère à ses petits, facilitant la dissémination de la maladie.

Face à de tels résultats, les médecins doivent évoquer un potentiel diagnostic de leptospirose face à un patient possédant un rongeur domestique et souffrant de symptômes évocateurs de la maladie. De plus, un renforcement des mesures de prévention s’avère nécessaire. A ce jour, ces mesures se basent notamment sur la vaccination des travailleurs très exposés et sur la vaccination des chiens. D’autres mesures de lutte collective seraient intéressantes, même si elles semblent difficiles à mettre en œuvre :

  • La dératisation ;
  • Le contrôle des effluents des élevages industriels ;
  • Le drainage des zones inondées.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Leptospirose : informations et traitements. Institut Pasteur. Janvier 2013
– Pet rodents as possible risk for leptospirosis, Belgium and France, 2009 to 2016. Mori Marcella and al. 2017. Euro Surveill. 22(43): pii=16-00792. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2017.22.43.16-00792.
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