Reflux gastro-œsophagien et fractures chez l’enfant

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Rédigé par Estelle B. et publié le 31 mai 2017

L’étude ERGO menée en 2013 avait révélé que 80 % des prescriptions de médicaments contre le reflux gastro-œsophagien chez le nourrisson étaient injustifiées. Si dans les 20 % justifiées, ces traitements soulagent efficacement l’enfant, ils ne sont pas sans conséquence. Une récente étude met ainsi en évidence un lien possible entre ces médicaments anti-reflux et le risque de fractures osseuses au cours de l’enfance.

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Les traitements du reflux gastro-œsophagien

Le reflux gastro-œsophagien, noté RGO, correspond à la remontée d’une partie du contenu de l’estomac dans l’œsophage. Il se manifeste par plusieurs symptômes caractéristiques :

  1. Des brûlures d’estomac ;
  2. Des régurgitations acides ;
  3. Des troubles digestifs (hoquet, éructations) ;
  4. Des signes ORL et pulmonaires (toux chronique, laryngite, enrouement, asthme, …) ;
  5. Des problèmes dentaires (érosion des dents).

Cette affection est fréquente dans la population, et particulièrement chez les nourrissons, où elle entraîne des symptômes supplémentaires (pleurs après les repas, refus de s’alimenter). Elle est diagnostiquée par le médecin traitant, le pédiatre ou un gastro-entérologue.

En parallèle des conseils hygiéno-diététiques (position pour s’alimenter, nature et quantité des aliments, …), plusieurs traitements médicamenteux sont disponibles pour traiter le reflux gastro-œsophagien, parmi lesquels :

  1. Les anti-acides et les alginates prescrits ponctuellement pour calmer les symptômes ;
  2. Les anti-H2 (antagonistes des récepteurs à l’histamine de type 2) pour soulager les symptômes et favoriser la cicatrisation de l’œsophage ;
  3. Les inhibiteurs de la pompe à protons en traitement de fond pour prévenir les récidives.

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Les fractures chez l’enfant

Parallèlement, les fractures représentent la première cause de consultations chirurgicales en urgence chez l’enfant. Si certaines fractures présentent les mêmes caractéristiques que chez l’adulte, d’autres sont spécifiques. En effet, chez l’enfant, l’os est constitué d’une matrice cartilagineuse qui s’ossifie progressivement et est donc mécaniquement moins résistant que chez l’adulte.

Le plus souvent, les fractures sont situées au niveau des poignets, des coudes, des mains, des chevilles ou des jambes. Elles surviennent dans différents types de circonstances :

  1. Le plus souvent après un traumatisme (activités sportives, accidents domestiques, maltraitance) ;
  2. En cas de fragilité osseuse associée à une maladie congénitale ou chronique ;
  3. Consécutivement à la présence d’une tumeur osseuse, bénigne ou maligne.

Mais peut-il y avoir un lien entre les fractures de l’enfant et les traitements du reflux gastro-œsophagien ?

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Traitement anti-reflux et risque de fractures

A l’occasion du dernier Congrès des Sociétés Universitaires Pédiatriques à San Francisco, une étude suggère que les nourrissons traités pour un reflux gastro-œsophagien au cours de leur première année de vie ont un risque accru de fractures au cours de l’enfance.

Chez l’adulte, de précédentes études avaient déjà mis en évidence que les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et les anti-H2 étaient associés à une hausse des fractures osseuses. Pour savoir si ce phénomène se retrouve également chez l’enfant, les chercheurs ont analysé les dossiers de 874 447 enfants, entre 2001 et 2013. Environ 10 % d’entre eux ont été traités par des médicaments anti-reflux avant l’âge de un an.

Les résultats de l’étude montrent que les enfants traités par des IPP avaient un risque de fractures majoré de 22 % par rapport aux enfants non traités. Le risque était accru de 31 % pour les enfants traités à la fois par des IPP et des anti-H2. La prescription d’anti-H2 n’entraîne pas de hausse immédiate du nombre de fractures, mais le risque de fractures augmente au cours du temps, d’autant plus si le traitement a été long. De plus, plus l’enfant est traité tôt après sa naissance, plus le risque de fractures est élevé. En revanche, les enfants traités par des médicaments anti-reflux après l’âge de deux ans ne présentent pas un nombre supérieur de fractures, par rapport aux enfants non traités au cours des cinq premières années de vie.

Cette étude révèle un lien possible entre la prise de médicaments anti-reflux chez le nourrisson et le risque de fractures au cours de l’enfance. Un argument supplémentaire pour que ces médicaments ne soient prescrits qu’en cas de diagnostic confirmé de reflux gastro-œsophagien.

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Fractures de l’enfant. Campus de Pédiatrie. Université Médicale Virtuelle Francophone. Mis à jour le 1er décembre 2014.
– Le diagnostic et les traitements du reflux gastro-œsophagien. AMELI Santé. Mis à jour le 16 mai 2017.
– Early Antacid Exposure Increases Fracture Risk in Young Children. Malchodi L, and al. 2017. Pediatric Academic Societies Meeting. San Francisco.
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