Le RGO chronique est un trouble digestif fréquent chez le nourrisson. Bien qu’un RGO soit en général bénin, les régurgitations répétées peuvent cacher un RGO pathologique qui peut évoluer en œsophagite.
Rappels sur le tube digestif supérieur
Le tube digestif supérieur est composé de la bouche, du pharynx, de l’œsophage et de l’estomac.
Une fois mastiqués dans la bouche, les aliments sont déglutis et poussés, via le pharynx, dans l’œsophage, un organe en forme de tube vertical qui transporte le bol alimentaire vers l’estomac.
L’estomac est un organe clé de la digestion qui possède une action mécanique de brassage et une action chimique avec l’acide chlorhydrique et les enzymes digestives – telles que la pepsine – l’ensemble constituant les sucs gastriques.
Les tissus composant les parois de l’estomac sont pourvus de cellules sécrétant du mucus. Le mucus protège l’estomac d’une autodigestion par les sucs gastriques. La paroi de l’estomac se divise en 3 parties distinctes. La sécrétion des sucs gastriques est assurée par des appareils glandulaires situés dans la muqueuse de l’estomac. La deuxième couche de profondeur, dite sous-muqueuse, est une couche musculaire qui assure les mouvements mécaniques de l’estomac. Le tout est maintenu par la dernière couche séreuse, elle-même accolée au péritoine viscéral.
La jonction entre l’œsophage et l’estomac est assurée par le cardia. Cet orifice s’ouvre et se referme grâce à un muscle appelé le sphincter œsophagien inférieur.
Le sphincter a un rôle important puisqu’il ne s’ouvre qu’au cours de la déglutition, permettant le passage des aliments dans l’estomac. Il est fermé le reste du temps, empêchant le contenu de l’estomac de remonter vers l’œsophage.
Définitions et symptômes
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) se définit comme le renvoi d’une quantité plus ou moins importante du contenu gastrique vers l’œsophage et la bouche, à un moment quelconque de la journée et même à jeun. Plusieurs facteurs sont à l’origine du RGO du nourrisson, notamment le fait que les nourrissons n’ont pas de système digestif mature à la naissance.
Le sphincter œsophagien supérieur, entre le pharynx et l’œsophage, assurant un rôle d’anti-reflux, se relâche plus fréquemment. A cet âge l’estomac a une faible capacité et se distend après les repas. Autres facteurs favorisants : le régime liquide du bébé, l’ingestion de beaucoup d’air et le changement de position.
L’ensemble favorise la remontée du contenu de l’estomac vers l’œsophage et la bouche ce qui entraine des irritations.
Les deux types de RGO
On distingue deux types de RGO :
- Le RGO simple et régurgitations
Il entraîne des régurgitations. Elles sont fréquentes et bénignes même si elles peuvent paraître importantes. Chez le nourrisson elles sont principalement composées de lait intact.
Ces RGO guérissent spontanément avec l’acquisition de la position debout. L’appétit du nourrisson n’est pas altéré, il grandit normalement.
- Le RGO compliqué d’oesophagite ou RGO pathologique
Il est beaucoup plus rare chez le nourrisson. L’acidité des régurgitations provoque une inflammation de la muqueuse de l’œsophage ou œsophagite. Ce RGO est beaucoup plus rare.
Il existe des RGO pathologiques dits « internes ». En effet, il arrive que les reflux ne remontent pas jusqu’à la bouche du nourrisson ou que celui-ci avale le reflux. Il n’y a donc pas de remontées apparentes. Ce type de RGO est donc plutôt détecté par des pleurs inexpliqués du bébé.
À savoir ! Une allergie aux protéines du lait de vache peut également être la cause de pleurs et vomissements chez les nourrissons qui ne sont pas nourris au lait maternel. De nombreuses études ont par ailleurs montré un lien entre ces deux pathologies : les allergies aux protéines de lait de vache peuvent causer le développement de RGO chez les enfants de moins de 1 an.
Complications du Reflux Gastro-Œsophagien du Nourrisson
Bien que très rares, des complications peuvent survenir chez les bébés souffrant de RGO pathologiques :
- Inflammation de la muqueuse de l’œsophage entrainant une œsophagite peptique, aussi appelée œsophagite par reflux. L’œsophagite se caractérise par des sensations de brulures le long de l’œsophage. Elle peut être aigüe ou chronique.
- L’endobrachyœsophage ou œsophage de Barrett, qui se traduit par l’apparition de tissus intestinaux sur les parois de la partie inférieure de l’œsophage. Cette condition peut entraîner à long terme un rétrécissement de l’œsophage inférieur et évoluer en cancer.
Ces complications, en particulier l’endobrachyœsophage, sont extrêmement rares chez le nourrisson,. Elles surviennent principalement dans les RGO chroniques et non traités qui ne disparaissent pas après l’acquisition de la position assise et persistent pendant l’enfance, voire à l’âge adulte.
Lire aussi – Brûlures d’estomac ou Reflux gastro-œsophagien (RGO)
Diagnostic et traitement
Il ne faut pas hésiter à consulter le pédiatre lorsqu’un nourrisson présente des symptômes.
Le Diagnostic
Les signes à rechercher pour la détection d’un RGO pathologique sont :
- Les pleurs : Le bébé est inconsolable jusqu’à ce qu’il fasse son rot.
- Les vomissements, qui peuvent parfois contenir des filets de sang.
- Un refus d’alimentation : celui-ci est souvent associé à une perte de poids.
- Un bébé agité pendant le repas.
- Des troubles du sommeil.
- Une facilitation ou aggravation des affections ORL : Asthme, bronchiolite, rhinopharyngite, otites pouvant être provoquées par la remontées d’acides au niveau du pharynx, du larynx et même du cavum (situé en arrière du nez).
- Une position du bébé évoquant un torticolis.
Lorsque le RGO pathologique est suspecté, le pédiatre pourra procéder à la mesure du pH œsophagien.
Cet examen consiste en l’introduction d’une sonde de mesure du pH dans l’œsophage par voie nasale. Cette sonde va enregistrer en continu les variations de pH de la partie inférieure de l’œsophage sur une période allant de 18 à 24 heures.
L’œsophage a normalement un pH compris entre 6 et 7 alors que le pH de l’estomac est de l’ordre de 1 ou 2. Les reflux gastriques abaissent en général le pH œsophagien en dessous de 4.
Une œsogastroscopie peut également être réalisée, cet examen permet de constater les conséquences du reflux sur l’œsophage en visualisant l’intérieur de l’estomac et de l’œsophage.
Le Traitement du Reflux Gastro-Œsophagien du Nourrisson
Le traitement du RGO non pathologique repose sur la mise en place de mesures hygiéno-diététique.
Il existe quelques bonnes habitudes à prendre pour limiter les reflux du bébé :
- S’assurer que bébé fait son rot régulièrement pendant le repas,
- Maintenir son bébé en position verticale pendant le repas et après le repas, pendant une trentaine de minutes,
- Éviter les gros repas : Préférer des repas plus légers et plus fréquents,
- Vérifier que l’orifice de la tétine du biberon n’est pas trop grand et que le bébé n’avale pas trop de lait à la fois,
- Éviter que les couches ou vêtements du bébé comportent un élastique à la taille.
Le pédiatre peut également conseiller des laits à plus grande viscosité, qui sont enrichis en amidon ou en caroube, comme les laits dits à formule épaissie.
En ce qui concerne le traitement du RGO pathologique, différents types de traitements médicamenteux peuvent être prescrits par le pédiatre :
- Des anti-sécrétoires gastriques (inhibiteur de la pompe à proton). Ils luttent contre l’inflammation de l’œsophage et favorisent sa cicatrisation.
- Des anti-acides d’action locale. Ils protègent l’œsophage en cas de reflux en formant un gel visqueux. Ils ne sont pas utiles sur le long terme.
Cependant, ces médicaments ne traitent pas le mécanisme premier des RGO, c’est-à-dire la relaxation anormale du sphincter œsophagien inférieur. De plus, ils ne sont souvent pas recommandés avant l’âge de 1 an.
Enfin de façon très exceptionnelle, une chirurgie de correction de reflux peut être réalisée.
MarineT.
– www.ameli-sante.fr
– www.mpedia.fr
– www.gastropediatrie.fr
– Treatment of gastroesophageal reflux disease, Elizabet Vilar Guimarães, Christophe Marguet, Paulo Augusto Moreira Camargos, J Pediatr (Rio J). 2006;82(5 Suppl):S133-45.