Reflux Gastro-Œsophagien du Nourrisson


Rédigé par Estelle B. et publié le 13 février 2024

Header RGO nourrisson

Les régurgitations sont fréquentes chez les nourrissons, quel que soit leur mode d’alimentation, allaitement maternel ou allaitement au biberon. Elles sont le signe d’un reflux gastro-œsophagien du nouveau-né. Le plus souvent, ce reflux est passager et disparaît en quelques semaines ou mois. Cependant, il peut devenir chronique et évoluer vers une œsophagite.

Qu’est-ce que le reflux gastro-œsophagien ? Régurgitations et RGO

 

Le reflux gastro-œsophagien est défini par la Haute Autorité de Santé, comme «  la remontée d’une partie du contenu gastrique dans l’œsophage, avec ou sans extériorisation ». Le contenu de l’estomac remonte vers l’œsophage en franchissant le sphincter qui sépare naturellement l’œsophage de l’estomac. Une fois dans l’œsophage, le contenu gastrique peut être extériorisé, ce sont les régurgitations, ou résider un temps dans l’œsophage avant de redescendre vers l’estomac.

appareil digestif

 

Chez le nouveau-né, avant l’âge de la marche, le reflux gastro-œsophagien est considéré comme physiologique, c’est-à-dire non pathologique, à la différence du reflux gastro-œsophagien survenant chez l’enfant plus grand ou chez l’adulte. Néanmoins, dans certains cas, le reflux gastro-œsophagien du nourrisson devient pathologique. Cette évolution survient dans deux contextes :

  • Des régurgitations abondantes ;
  • La survenue d’une complication, l’œsophagite, qui est une inflammation de l’œsophage.

D’où vient le reflux gastro-œsophagien du nourrisson ?

 

Plusieurs mécanismes physiologiques peuvent expliquer la survenue du reflux gastro-œsophagien (RGO) chez les nouveau-nés :

  • Le système digestif des nouveau-nés est encore immature, et le sphincter œsophagien supérieur, entre le pharynx et l’œsophage, assurant un rôle d’anti-reflux, se relâche plus fréquemment.
  • L’estomac du nourrisson est de faible capacité et se distend après les repas.
  • Les nourrissons ont une alimentation exclusivement liquide, à base de lait, ce qui favorise les régurgitations.
  • En tétant, le sein ou le biberon, les bébés peuvent ingérer de l’air, qui s’accumule avec le lait dans l’estomac et favorise ainsi le reflux.
  • Au début de leur vie, les nourrissons sont la plupart du temps couchés, ce qui peut entraîner des remontées de liquide vers l’œsophage.

À savoir ! Certains parents pensent que les bébés allaités par leur mère sont préservés du reflux gastro-œsophagien et des régurgitations. En réalité, tous les bébés, quel que soit leur mode d’alimentation, peuvent développer un RGO.

Au-delà de ces facteurs physiologiques qui exposent tous les bébés au reflux, il existe de grandes variations entre les nourrissons. Certains ne régurgiteront jamais, tandis que d’autres présenteront un reflux dès les premiers jours de vie.

Par ailleurs, le reflux gastro-œsophagien peut être associé à d’autres pathologies du nourrisson. Le peut en effet aggraver ou accentuer des maladies de l’enfant, comme l’asthme, les infections ORL et pulmonaires ou encore les pneumopathies. Le RGO est parfois suspecté dans la survenue des apnées respiratoires physiologiques de l’enfant.

Des simples régurgitations à l’œsophagite

 

Si le reflux gastro-œsophagien du nourrisson est le plus souvent physiologique, il peut aussi devenir pathologique. Les spécialistes différencient deux types de RGO :

  • Le RGO simple, qui entraîne des régurgitations. Les régurgitations sont le signe de ce reflux et restent bénignes, même si elles sont fréquentes. L’enfant régurgite du lait, conserve son appétit et se développe normalement. Le RGO simple cesse de lui-même lorsque l’enfant acquiert la position debout et la marche.
  • Le RGO pathologique et l’œsophagite sont plus rares chez les nourrissons. L’œsophagite résulte de l’inflammation de la muqueuse de l’œsophage, en lien avec une exposition prolongée et répétée avec le contenu acide de l’estomac. Il faut savoir que tous les nourrissons atteints de RGO ne régurgitent pas. La remontée du contenu gastrique peut rester dans l’œsophage sans remonter jusqu’à la bouche. Mais la gêne provoquée fait généralement pleurer l’enfant, signalant aux adultes que quelque chose ne va pas.

À savoir ! Une allergie aux protéines du lait de vache peut également être la cause de pleurs et vomissements chez les nourrissons qui ne sont pas nourris au lait maternel. De nombreuses études ont par ailleurs montré un lien entre ces deux pathologies : les allergies aux protéines de lait de vache peuvent causer le développement de RGO chez les enfants de moins de 1 an.

Le reflux gastro-œsophagien du nourrisson est très souvent bénin. Toutefois, de rares complications peuvent survenir :

  • Une œsophagite peptique ou œsophagite par reflux: l’enfant souffre de brûlures au niveau de l’œsophage. Sans traitement, cette œsophagite peut devenir chronique.
  • L’endobrachyœsophage ou œsophage de Barrett se traduit par l’apparition de tissus intestinaux sur les parois de la partie inférieure de l’œsophage. Cette condition peut entraîner à long terme un rétrécissement de l’œsophage inférieur et évoluer en cancer.

Les formes pathologiques et les complications du RGO sont rares, et surviennent généralement chez des enfants présentant certains facteurs de risque, comme une anomalie de l’appareil digestif, des maladies pulmonaires chroniques, comme la mucoviscidose, ou encore des troubles du développement psychomoteur.

Comment savoir si mon enfant a un reflux gastro-œsophagien ?

 

Une majorité de nourrissons présentent un reflux gastro-œsophagien bénin au début de leur vie. A côté des régurgitations, principal symptôme du RGO, il se manifeste par des pleurs inexpliqués et des difficultés à s’endormir ou parfois des infections ORL plus fréquentes. Parfois, les régurgitations sont absentes, mais l’enfant pleure sans raison apparente, semble souffrir ou refuse de téter. Dans tous les cas, au moindre doute, il est conseillé d’en parler avec un professionnel de santé (médecin, pédiatre, sage-femme, pharmacien).

Pour le RGO simple, aucun examen n’est nécessaire. En revanche, si le médecin suspecte un RGO pathologique, il peut prescrire des examens complémentaires pour confirmer le diagnostic :

  • La mesure du pH œsophagien: cet examen consiste en l’introduction d’une sonde de mesure du pH dans l’œsophage par voie nasale. Cette sonde va enregistrer en continu les variations de pH de la partie inférieure de l’œsophage sur une période allant de 18 à 24 heures. L’œsophage a normalement un pH compris entre 6 et 7 alors que le pH de l’estomac est de l’ordre de 1 ou 2. Les reflux gastriques abaissent en général le pH œsophagien en dessous de 4.
  • Une œsogastroscopie peut également être réalisée, cet examen permet de constater les conséquences du reflux sur l’œsophage en visualisant l’intérieur de l’estomac et de l’œsophage.

D’autres examens peuvent être nécessaires en fonction du contexte, par exemple pour rechercher la cause d’un reflux. La recherche par exemple d’une allergie aux protéines de lait de vache peut être entreprise.

Quels sont les traitements du RGO ?

 

Dans le cas du RGO simple, le reflux est physiologique et aucun traitement n’est nécessaire. Seules des mesures hygiéno-diététiques sont recommandées aux parents pour limiter la gêne de leur enfant :

  • Poursuivre l’allaitement ;
  • Préparer les biberons en respectant les règles d’hygiène ;
  • Utiliser un lait infantile à formule épaissie (parfois appelé lait anti-reflux) ;
  • Fractionner les biberons, avec des volumes de biberons plus faibles, mais plus fréquents ;
  • Faire faire un rot à son bébé pendant la tétée puis en fin de tétée ;
  • Débuter la diversification alimentaire dès que c’est possible ;
  • Ne pas allonger le bébé juste après le repas ;
  • Ne pas laisser l’enfant dans un transat.

Dans le cas du RGO pathologique, un traitement médicamenteux est nécessaire pour réduire le risque de complications et soulager les symptômes de l’enfant. Le traitement est prescrit par le médecin ou le pédiatre en fonction du cas précis de chaque enfant. Les médicaments utilisés sont des antisécrétoires gastriques ou des inhibiteurs de la pompe à protons, uniquement dans le contexte suivant :

  • A partir de l’âge d’un an ;
  • Chez des nourrissons d’un poids minimal de 10 kg ;
  • Chez les nourrissons atteints d’œsophagite.

Ponctuellement, des médicaments antiacides peuvent être prescrits, mais leur usage au long cours n’a pas d’intérêt dans le RGO pathologique.

Dans certains cas exceptionnels, un traitement chirurgical pour corriger l’origine du reflux peut être nécessaire.

Quelques conseils pour limiter les régurgitations de bébé

 

Pour les bébés qui régurgitent dans le cadre d’un RGO simple, et donc physiologique, quelques conseils à suivre au quotidien peuvent être utiles pour limiter la fréquence des régurgitations :

  • Poursuivre l’allaitement maternel ;
  • Respecter les consignes de préparation des biberons ;
  • Demander conseil à un professionnel de santé pour choisir un lait infantile à formule épaissie ;
  • Fractionner les biberons ;
  • Faire faire un rot pendant et après la tétée, même chez les enfants nourris au sein ;
  • Débuter la diversification alimentaire dès que vous avez le feu vert du médecin ou du pédiatre ;
  • Ne pas coucher l’enfant juste après son repas ;
  • Limiter les temps passés dans le transat ou le siège auto.

Chez la majorité des enfants, les régurgitations sont un désagrément temporaire, qui cessera de lui-même lorsque l’enfant commencera à se mettre debout !

Rédiger et mis à jour par Estelle B., le 13 Février 2024, Docteur en Pharmacie

Sources
– Reflux gastro-œsophagien du nourrisson et régurgitations. www.ameli.fr. Consulté le 13 Février 2024.
– Reflux gastroœsophagien de l’enfant de moins d’un an www.has-sante.fr. Consulté le 13 Février 2024.
– Reflux gastro-œsophagien.pap-pediatrie.fr. Consulté le 13 Février 2024.