Et si nous réduisions notre consommation de viande pour diminuer la vitesse du réchauffement climatique ? Une étude récente, parue dans la revue Nature ce 10 octobre dernier, estime que les pays développés devront, d’ici 2050, réduire leur consommation de produits carnés de 90%.
En 2050, l’agroalimentaire va doubler son impact environnemental
La production alimentaire qui regroupe l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’industrie agroalimentaire est un moteur majeur du changement climatique. Toutes ces filières exigent beaucoup d’énergie et libèrent des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère contribuant au réchauffement climatique.
À savoir ! Comme dans une serre, les gaz présents dans l’atmosphère laissent passer les rayons du soleil pour réchauffer la Terre. En retour, la terre renvoie un tiers de ces rayons sous forme de rayons infrarouges pour se refroidir. Mais les gaz à effet de serre ou GES absorbent les rayons infrarouges et les renvoient vers la Terre pour la réchauffer. Les GES sont présents naturellement dans l’atmosphère mais les activités humaines augmentent leurs quantités. Les principaux GES émis par l’Homme sont le dioxyde de carbone (77 % des émissions), le méthane et le protoxyde d’azote. Selon les estimations 2014 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les activités liées à l’alimentation provoquent 24 % des émissions de GES d’origine anthropique dans le monde.
Les impacts directs et indirects de l’élevage sur l’environnement sont nombreux :
- Consommation d’eau douce en très grande quantité ;
- Déforestation et destruction des zones humides qui sont des « puits de carbone » ;
- Pollution des milieux aquatiques et terrestres par l’utilisation de fertilisants et de pesticides.
Les gaz à effet de serre produits par l’élevage sont le méthane (rumination des bovins et ovins), le protoxyde d’azote (gaz relargué par les engrais azotés) et le dioxyde de carbone (engins agricoles).
D’après les chercheurs de l’université d’Oxford, l’impact environnemental des pratiques agroalimentaires va augmenter de 50 % à 90 % entre 2010 et 2050 si nous ne changeons pas nos modes de consommation. Sans oublier, qu’en 2050, la planète devra nourrir 10 milliards d’habitants.
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Repenser l’alimentation occidentale pour limiter le réchauffement climatique
Comment réussir à nourrir 10 milliards d’individus tout en réduisant l’empreinte environnementale de la production alimentaire ? Dans leurs travaux, les chercheurs ont proposé tout un ensemble de solutions dont le changement des habitudes alimentaires occidentales.
Ils proposent d’intégrer des régimes alimentaires moins riches en viande tout en augmentant la part des aliments d’origine végétale.
Dans leur modèle prédictif, ils ont montré que l’adoption de régimes alimentaires sains et à base de plantes (légumes, légumineuses), à l’échelle de la planète, pourrait réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre.
À savoir ! Entre 2003 et 2010, la consommation de viande a diminué de près de 15 % en France, pays dans lequel la consommation est deux fois plus importante que la moyenne mondiale.
A côté de la réduction de protéines animales (viandes et poissons), les chercheurs encouragent aussi à manger local et de saison pour réduire le transport des denrées alimentaires, une activité aggravant le réchauffement climatique.
De plus, les chercheurs soulignent l’importance du rôle des pouvoirs publics pour encourager le changement et faire comprendre au plus grand nombre que notre alimentation occidentale doit être repensée pour prendre soin de notre santé mais aussi, de l’environnement.
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Les autres solutions pour une alimentation plus écoresponsable
Des solutions complémentaires ont été étudié par les chercheurs comme :
- L’amélioration des technologies agricoles et de la gestion des flux (eau, engrais etc…) ;
- La réduction du gaspillage alimentaire et des déchets alimentaires.
En augmentant les rendements agricoles des terres cultivées existantes tout en gérant mieux l’eau et les intrants utilisés, il sera, selon ces travaux, possible de réduire l’impact environnemental de moitié.
Enfin, une réduction de 50 % des pertes alimentaires (concept du « zéro déchet ») pourrait, s’il était atteint à l’échelle mondiale, réduire l’impact environnemental de 15 %.
« Aucune solution à elle seule ne suffira à nous garder dans les limites planétaires » souligne Marco Springmann de l’université d’Oxford.
Finalement, les chercheurs ont réussi à montrer que c’est tout un ensemble de mesures synergiques mises en place simultanément qui pourront réduire les effets de l’agroalimentaire sur le changement climatique.
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Julie P., Journaliste scientifique