De la préparation à la guérison : l’expérience avant et après une épisiotomie


Rédigé par Florence D-L. et publié le 12 juillet 2023

épisiotomie

L’épisiotomie est un acte chirurgical controversé et redouté par de nombreuses femmes. Il s’agit d’une incision du périnée destinée à faciliter le passage du bébé. L’épisiotomie est parfois vécue comme une épreuve, voire une véritable mutilation, source de douleurs à la fois physiques et psychologiques. L’épisiotomie peut également venir perturber la vie sexuelle des femmes après l’accouchement. Heureusement, l’épisiotomie n’est plus automatique dans les maternités françaises. Mieux comprendre en quoi consiste l’épisiotomie permet d’en avoir moins peur et de mieux appréhender les différentes étapes, avant, pendant et après.

Définition de l’épisiotomie

définition épisiotomie

Avant toute chose, il faut bien comprendre ce qu’est le périnée. Aussi appelé plancher pelvien, il s’agit d’un ensemble de muscles et de ligaments ayant pour rôle de soutenir les viscères d’une part, et de permettre le bon fonctionnement des sphincters au niveau anal et urinaire d’autre part.

Qu’est-ce que c’est ?

L’épisiotomie est un geste chirurgical. Elle est pratiquée par une sage-femme ou un gynécologue-obstétricien au cours de l’accouchement.

L’épisiotomie consiste à inciser le périnée afin d’élargir l’ouverture du vagin et permettre le passage du bébé.

D’après l’Enquête nationale périnatale publiée par Santé Publique France, l’épisiotomie concernait 8,3% des accouchements par voie basse en 2021. On est loin des 20,1% de 2016, et encore plus loin des chiffres du début des années 2000, où l’épisiotomie concernait environ 1 accouchement sur 2. Ces taux en baisse sont la preuve que les pratiques évoluent et que l’épisiotomie n’est plus systématique en France. Dans le reste du monde, les taux d’épisiotomie sont très variables.

A quoi ça sert ?

L’épisiotomie a pour but de prévenir les déchirures graves du périnée qui peuvent survenir au cours de l’accouchement.

L’épisiotomie a également pour objectif de préserver les sphincters et ainsi de limiter le risque d’incontinence urinaire ou fécale après l’accouchement.

Au fil des années, l’épisiotomie a ainsi été réalisée de plus en plus fréquemment, voire de façon quasi-systématique, pour préserver la santé de la mère mais aussi celle de l’enfant.

À savoir ! Aucune étude n’a pour le moment permis de mettre en évidence l’intérêt préventif de l’épisiotomie. C’est pourquoi elle est aujourd’hui réservée à quelques cas particuliers seulement (voir ci-dessous) et qu’elle doit s’accompagner d’une explication claire aux futures mamans.

Déroulement de l’épisiotomie

sage femme épisiotomie

La sage-femme ou le gynécologue-obstétricien incise le vagin et le périnée à l’aide d’un ciseau, ce qui permet de faire sortir le bébé. Par la suite, le praticien recoud la peau et le muscle à l’aide de points de suture.

Dans quels cas est-elle réalisée ?

D’après le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), les principales situations au cours desquelles une épisiotomie est pratiquée sont :

  • Une souffrance fœtale ;
  • Une macrosomie (c’est-à-dire un bébé qui pèse plus de 4 kg) ;
  • Une présentation du bébé par le siège ;
  • Un accouchement nécessitant l’utilisation d’instruments comme le forceps ou les spatules ;

À savoir ! L’épisiotomie n’est plus réalisée de façon systématique, mais uniquement au cas par cas, essentiellement lors d’un accouchement qui présente une ou plusieurs difficultés.

Peut-on refuser une épisiotomie ?

Oui. La loi du 4 mars 2002, appelée loi Kouchner, stipule que tous les patients doivent pouvoir donner leur consentement libre et éclairé au sujet de leur prise en charge.

À savoir ! Dans la pratique, la future maman à qui l’on propose une épisiotomie en plein travail et alors que les difficultés s’accumulent aura bien du mal à refuser. Il est alors essentiel que la sage-femme ou le gynécologue-obstétricien prenne le temps d’expliquer la démarche et de rassurer la patiente. Idéalement, le sujet de l’épisiotomie doit être abordé avec l’équipe médicale avant l’accouchement.

Après l’épisiotomie

Après l’accouchement, le corps se retrouve très souvent modifié, relâché, voire abîmé par endroits. Les hormones sont en chute libre. Les suites de couches sont plus ou moins longues et pénibles pour les femmes. Une dépression post-partum peut apparaître. L’épisiotomie est un élément supplémentaire qui peut gêner et perturber les femmes, aussi bien sur le plan physique que psychique.

Quelles sont les suites ?

L’épisiotomie se traduit par la présence d’une cicatrice douloureuse et enflée. Cette situation dure environ une dizaine de jours, ce qui correspond également à la durée de vie des points résorbables.

À savoir ! Si la douleur s’intensifie et/ou persiste au-delà de 3 semaines, il faut en parler au médecin ou à la sage-femme en charge du suivi post-accouchement.

Quels soins suite à une épisiotomie ?

Dans tous les cas, la cicatrice doit être maintenue propre et au sec. Ainsi, prévoir un lavage et un séchage doux et minutieux de la zone d’épisiotomie, matin et soir mais aussi après chaque passage aux toilettes, à l’aide d’eau claire ou d’un produit d’hygiène intime. Au bout de 10 jours environ, il est généralement possible d’appliquer une à plusieurs fois par jour une crème cicatrisante.

À savoir ! La prise de paracétamol ou d’ibuprofène permet généralement de lutter contre la douleur associée à l’épisiotomie. Demander conseil à un médecin, à un pharmacien ou à une sage-femme avant toute consommation médicamenteuse.

Quel délai pour les rapports sexuels ?

En théorie, les rapports sexuels avec pénétration peuvent avoir lieu une fois que l’épisiotomie est complètement cicatrisée, soit au bout de 3 semaines environ. A ce stade, les points de suture sont tombés depuis un moment déjà. En pratique, ce délai est parfois rallongé, soit parce que la cicatrisation se fait plus lentement, soit parce que la jeune maman se sent encore gênée. Ainsi les premiers rapports après un accouchement douloureux peuvent avoir lieu plusieurs mois après celui-ci. Dans tous les cas, il est important de reprendre une sexualité en douceur car les tissus sont encore fragiles. A chaque consultation de suivi post-partum, il est possible d’aborder le sujet avec le médecin ou la sage-femme, en même temps que d’éventuels troubles de l’humeur pouvant être associés à une dépression périnatale.

À savoir ! En cas de difficultés intimes, penser à utiliser du lubrifiant ou à prolonger les préliminaires. En revanche, ressentir des douleurs lors des rapports plusieurs semaines voire plusieurs mois après l’accouchement n’est pas normal, une consultation s’impose.

Prévenir et éviter

Pendant la grossesse, le périnée doit faire l’objet de toutes les attentions. Cela permet de l’assouplir et de le préparer à l’accouchement. Exercices de respiration, massages à l’aide d’huiles végétales, voire recours à certains dispositifs médicaux : les séances de préparation à la naissance et les rendez-vous réguliers chez le médecin ou la sage-femme sont l’occasion de mettre en place ces différentes solutions pour prendre soin de son périnée et limiter le risque d’épisiotomie.

Après chaque accouchement, la rééducation du périnée est une étape importante à ne pas négliger pour retrouver un périnée tonique.

À savoir ! L’épisiotomie concerne davantage les femmes primipares (qui accouchent pour la première fois) que les autres. Contrairement à une idée reçue, un premier accouchement avec épisiotomie ne se traduit pas systématiquement par une nouvelle épisiotomie lors de l’accouchement suivant.

Rédigé par Florence D.-L., Docteur en pharmacie le 12 juillet 2023

Sources
– Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) www.cngof.fr. Consulté le 1er juillet 2023
– Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) ciane.net. Consulté le 1er juillet 2023