Grossesse extra-utérine


Rédigé par Charline D. et publié le 2 décembre 2019

Jeune femme souffrant de douleur abdominale assise sur un sofa à cause de la grossesse extra-utérine

Une grossesse extra-utérine, ou ectopique, désigne une grossesse se développant en dehors de la cavité utérine. Ce type d’anomalie survient pour environ 2% des grossesses, et son incidence est en augmentation depuis une dizaine d’années. Elle demeure, par ailleurs, la première cause de décès maternel au cours du premier trimestre de grossesse. Dans la majorité des cas de grossesse extra-utérine, celle-ci se déroule dans les trompes, mais il arrive qu’elle est lieu dans l’ovaire, le col de l’utérus, l’abdomen ou au niveau d’une cicatrice de césarienne.

Définition et symptômes

À propos de l’appareil génital féminin

Jeune femme ayant des souleurs menstruelles et des maux d'estomac à cause de la grossesse extra-utérine

L’appareil génital féminin, dont la fonction principale est la reproduction, est constitué des trois structures suivantes :

  • Les ovaires ;
  • Le tractus génital comprenant l’utérus, les trompes utérines et le vagin ;
  • Les glandes mammaires.

Les ovaires, localisés de part et d’autre de l’utérus, sont impliqués dans la production de cellules reproductrices (ou ovules) et dans la régulation hormonale. L’utérus est situé en arrière de la vessie et en avant du rectum. C’est un organe creux et extensible destiné à accueillir le fœtus. Il est prolongé par deux conduits de quelques millimètres de diamètre et d’une dizaine de centimètres de long : ce sont les trompes utérines ou les trompes de Fallope. Chacune d’elles est reliée à un ovaire, conduisant ainsi, chaque ovule à l’utérus afin qu’il soit fécondé.

Chaque trompe est composée de quatre parties :

    • Une partie utérine qui traverse l’épaisseur du muscle utérin (moins d’un centimètre) ;
    • L’isthme tubaire (3 à 4 centimètres de long avec un diamètre compris entre 2 et 4 millimètres) ;
    • L’ampoule tubaire où a lieu la fécondation (7 à 8 centimètres de long avec un diamètre d’environ 8 millimètres) ;
    • L’infundibulum qui finit en diverses (entre 10 et 15) franges dont l’une d’elles, la frange ovarique, est reliée à l’ovaire. Cette dernière possède un petit orifice afin de permettre aux ovules produits par l’ovaire d’entamer leur descente des trompes.

Qu’est-ce qu’une grossesse extra-utérine ?

Normalement, lorsque l’ovule est fécondé au niveau de la trompe utérine, il s’implante ensuite dans l’utérus où le développement du fœtus va pouvoir débuter.

Cependant, il arrive parfois que l’ovule ne puisse pas atteindre l’utérus, notamment lorsque la trompe est obstruée. Ainsi, l’ovule fécondé s’implante alors à l’extérieur de l’utérus, et on parle de grossesse extra-utérine ou ectopique. Les trompes de Fallope (grossesse tubaire) sont la localisation la plus fréquente (96% des cas) dans ce type de grossesse, mais il arrive qu’elle se développe à d’autres endroits (abdomen, col utérin, etc.). L’emplacement de l’œuf dans la trompe peut également varier :

      • Au niveau de l’ampoule tubaire (grossesse ampullaire) ;
      • Dans la partie la plus étroite de la trompe (grossesse isthmique) ;
      • Dans le pavillon (grossesse infundibulaire) ;
      • Dans la paroi utérine où la trompe débouche (grossesse interstitielle).

La fréquence des grossesses extra-utérines est estimée à 2 grossesses sur 100.

Lors d’une grossesse ectopique, le fœtus peut parfois survivre quelques semaines, mais finit toujours par mourir. En effet, les tissus extra-utérins ne sont pas en capacité de fournir l’apport sanguin nécessaire à son développement. La structure hébergeant le fœtus se rompt après maximum 16 semaines. A cette occasion, l’hémorragie peut être très importante, voire engager le pronostic vital de la femme. A noter que plus la rupture est tardive, plus l’hémorragie est conséquente, et le risque de décès important.

Il existe plusieurs facteurs de risque de grossesse extra-utérine :

      • Les maladies sexuellement transmissibles ou MST. En effet, un antécédent d’infection des trompes (salpingite) multiplie par 6 le risque de grossesse extra-utérine ;
      • Le stérilet bien qu’efficace comme contraception multiplie par 3 le risque de grossesse ectopique par rapport à la contraception orale. Les dispositifs contenant de la progestérone augmentent encore le risque ;
      • Le tabac. Une grossesse extra-utérine sur 5 serait directement liée à la consommation de tabac ;
      • L’âge. Le risque de développer une grossesse ectopique est multiplié par 3 après 35 ans, et par 4 après 40 ans ;
      • Une chirurgie en lien avec un traitement de la stérilité, un avortement ou une ligature des trompes ;
      • La procréation médicalement assistée (fécondation in vitro) ;
      • Certains médicaments, par exemple les pilules contraceptives micro-dosées ;
      • Des antécédents de grossesses extra-utérines.

Quels symptômes ?

Une grossesse extra-utérine se traduit par deux types de symptômes survenant généralement après un retard de règles (plus de 3 semaines) :

      • Des douleurs ou crampes abdominales ;
      • Des hémorragies utérines ou des pertes vaginales.

À noter que certaines femmes ne ressentent aucune manifestation particulière avant la rupture de la structure hébergeant l’ovule fécondé. En cas de rupture, des douleurs intenses et soudaines dans le bas ventre avec d’importantes pertes de sang sont ressenties par la patiente. Elle peut faire un malaise, et doit être prise en charge sans délai.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

Docteur tenant dans sa main une pilule anesthésique pour menstruer une fille contre la douleur de la grossesse extra-utérine Une grossesse ectopique est évoquée lorsqu’une femme en âge de procréer présente une douleur dans le bas-ventre ou un saignement vaginal, associé à des évanouissements ou un état de choc. Un test de grossesse est réalisé.

Lorsque le test est positif, la confirmation du diagnostic d’une grossesse extra-utérine nécessite deux examens, souvent associés : une échographie et le dosage de la hCG (l’hormone chorionique gonadotrophique qui est spécifique de la grossesse). Le dosage de cette hormone permet de déterminer si la grossesse est trop précoce pour que le fœtus soit visible au niveau de l’utérus, ou si la grossesse est extra-utérine.

Parfois, les médecins peuvent utiliser un laparoscope pour confirmer le diagnostic. Cet examen appelé laparoscopie ou cœlioscopie est une technique chirurgicale permettant, par une petite ouverture dans l’abdomen de visualiser directement la présence d’une grossesse ectopique.

Quel traitement ?

La principale complication d’une grossesse extra-utérine est la rupture d’une trompe qui peut entraîner une hémorragie interne importante. Bien qu’exceptionnelle, une telle rupture constitue donc une urgence chirurgicale.

Une fois le diagnostic de grossesse ectopique confirmé, cette dernière doit être stoppée le plus rapidement possible.

Dans la majorité des cas, une intervention chirurgicale (par laparoscopie ou laparotomie) est nécessaire pour retirer le fœtus, le placenta et la partie de la trompe utérine endommagée. Après réparation du reste de la trompe, cette prise en charge permet d’augmenter les chances de grossesse ultérieure. Parfois, la trompe n’est, en revanche, pas réparable. Plus rarement, c’est l’utérus qui est abîmé et qui doit être retiré.

Lorsque la grossesse extra-utérine est précoce (qui ne s’est pas rompue), l’intervention chirurgicale peut être remplacée par des injections de méthotrexate.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Grossesse extra-utérine. Le manuel MSD – Version pour professionnels de la santé. Consulté le 31 Octobre 2019.
– Grossesse extra-utérine. Le manuel MSD – Version pour le grand public. Consulté le 31 Octobre 2019.
– Grossesse extra-utérine ou grossesse ectopique. Larousse. Consulté le 31 Octobre 2019.