Substances chimiques dans les vêtements : de nouvelles directives en Europe ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 10 mai 2019

Métaux lourds, stabilisateurs de couleurs, détergents, retardateurs de flammes … en concentrant pas moins de 1000 substances chimiques sensibilisantes cutanées, les textiles d’habillement peuvent devenir une menace pour notre santé. Face à la hausse des cas d’allergies cutanées de ce type, estimés entre 50 000 à 200 000 par an en Europe, l’agence de sécurité sanitaire française (Anses) et l’Agence suédoise des produits chimiques (KemI) proposent d’interdire ou de limiter leurs usages.

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Plus de 1000 substances chimiques concernées

C’est très rarement le textile lui-même (la soie, le cuir ou le coton) qui déclenche la réaction allergique cutanée, mais plus souvent les colorants, les colles ou les apprêts intégrés dans ou sur le vêtement.

À savoir ! On donne le nom « d’apprêts » aux divers traitements que l’on fait subir aux tissus avant de les façonner.

Les textiles les plus irritants, comme la laine et certains tissus synthétiques, déclenchent, par frottement, des rougeurs ou une irritation. On parle ici d’hypersensibilité non allergique.

Les allergies cutanées (ou allergies de contact) provoquées par les molécules présentes dans les habits et autres articles portés sur soi ont une origine moléculaire très diverse.

Les travaux précédents de l’Anses et du Keml (études biomédicales, revues de littérature, analyses chimiques des vêtements et chaussures) ont permis d’identifier plus de 1000 molécules sensibilisantes cutanées (au regard du règlement CLP : classification et étiquetage des produits chimiques) et 25 substances de la famille des colorants dispersés pouvant être à l’origine des nombreux cas recensés d’allergies cutanées liées aux textiles.

D’autres accessoires que l’on porte peuvent aussi déclencher une réaction allergique : boutons, fermeture éclair, élastiques, pendentifs, boucle de ceintures ou bijoux fantaisie.

Les symptômes observés sont cependant souvent identiques : rougeurs sur la peau (dermatite de contact), inflammation voire oedème.

À savoir ! La réaction inflammatoire est la première réponse qui se produit dans le tissu, suite à une agression. Il s’agit généralement d’un processus bénéfique et essentiel pour qu’une réponse immunitaire puisse se mettre en place. Elle est caractérisée par une rougeur,  un oedème, de la chaleur, ou bien encore par des douleurs. Quand elle est inadaptée ou mal contrôlée, cette réaction inflammatoire est néfaste pour l’organisme.

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Une modification du cadre réglementaire pour protéger les consommateurs

Après avoir demandé en 2018 un renforcement du cadre réglementaire (notamment au niveau du chrome et du cobalt) et une prévention plus adéquate auprès des consommateurs sur ce sujet des substances sensibilisantes dans les vêtements, l’ANSES et le le Keml passent à la vitesse supérieure.

Désormais, les deux agences, sollicitent auprès de l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques ou European CHemicals Agency) une limitation ou une interdiction de certaines molécules intégrées dans ces articles indispensables de la vie courante. Plus de 1000 substances sont concernées par ce projet de restriction.

Pour l’Anses, l’objectif est de  » Limiter la présence des substances sensibilisantes cutanées dans les articles textiles, cuirs, fourrures et peaux, vendus au grand public pour mieux protéger les consommateurs ».

A la lumière de leurs travaux d’évaluation des risques, la France et la Suède demandent aux autorités européennes de :

  • Ne pas dépasser certains seuils de concentrations maximales pour le chrome VI, le nickel, le cobalt, le formaldéhyde et la 1,4 paraphénylène diamine (PPD) et les autres substances sensibilisantes ;
  • Interdire 25 substances de la famille des colorants dispersés (colorant non soluble dans l’eau utilisée pour teindre les fibres synthétiques) ayant des propriétés sensibilisantes.

À savoir ! Le PPD est utilisé pour fixer les couleurs foncées. Il est interdit depuis 2005 dans les cosmétiques au contact de la peau et notamment dans les tatouages à base de henné. Il est autorisé dans les textiles et teintures de cheveu si sa concentration ne dépasse pas un certain seuil.

Les deux instances sanitaires vont plus loin dans leur proposition de restriction en proposant des solutions aux industriels comme le remplacement de certaines molécules par d’autres et l’optimisation des procédés de production. L’impact économique de la mesure est également détaillée dans ce dossier.

D’ici six mois, et après une consultation publique, l’ECHA formulera une réponse à cette proposition. Ensuite, la Commission Européenne viendra statuer sur l’adoption de cette nouvelle règlementation.

Si cette proposition est adoptée, elle sera intégrée dans le règlement REACH et son application sera obligatoire pour les textiles, cuirs, fourrures et peaux mis sur le marché en Europe.

En attendant la position de l’union européenne sur ce point, n’oubliez pas de laver vos vêtements neufs avant de les porter !

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Julie P., Journaliste scientifique

– Allergies cutanées : restreindre les substances chimiques dans les textiles, cuirs, fourrures et peaux. ANSES. Consulté le 7 mai 2019.
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