Augmenter l’espérance de vie des patients cancéreux constitue un enjeu majeur de santé publique. Lors du plus important congrès mondial de cancérologie (American Society of Clinical Oncology (ASCO)), plusieurs études ont rapporté les potentiels bénéfices d’approches non médicamenteuses pour améliorer la survie des patients cancéreux.
Cancer et recherche clinique
Récemment, un biostatisticien américain s’est penché sur l’intérêt des essais cliniques pour la survie des patients atteints de cancer. Il a analysé 193 essais cliniques, ayant mobilisé près de 200 000 patients et financés par le réseau américain d’essais cliniques sur le cancer entre 1956 et 2016.
Sur l’ensemble des essais pris en compte, 23 essais, représentant 12 361 patients entre 1965 et 2012, ont montré une amélioration de la survie des patients cancéreux et mené au développement de quatorze nouvelles substances anti-cancéreuses, actives contre différents types de cancer (peau, poumon, sein, prostate, sang). Selon le chercheur, ces essais auraient permis de sauver 3,34 millions d’années de vie dans la population américaine.
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Une application pour augmenter l’espérance de vie
Au-delà de l’intérêt de la recherche clinique, une autre étude a dévoilé les effets bénéfiques d’une nouvelle application mobile, baptisée STAR (Symptom Tracking And Reporting for patients pour suivi des symptômes et rapports pour les patients), sur l’espérance de vie des patients cancéreux.
Accessible depuis un site internet dédié ou sur smartphone, STAR permet aux patients cancéreux de signaler en temps réel les effets secondaires de leurs traitements à l’équipe médicale (médecins, infirmiers). Pour évaluer l’intérêt de cette application, une étude a été menée entre 2007 et 2011 auprès de 766 patients, atteints de différents cancers (formes métastasées de cancer du poumon, du sein ou de la prostate).
Durant l’étude, les patients ont rapporté une douzaine d’effets indésirables (perte d’appétit, nausées, vomissements, douleurs, essoufflement, fatigue, troubles du transit, …), auxquels ils ont attribué une note de 1 à 5 selon leur importance. Les données étaient régulièrement évaluées par l’équipe médicale, qui a pu mettre en place rapidement des solutions adaptées pour réduire ces symptômes.
Au final, les 441 utilisateurs de l’application ont vécu en moyenne 31 mois, tandis que les patients du groupe témoin (325 patients) n’ont survécu que 26 mois, soit un gain d’espérance de vie de cinq mois. L’application STAR permet également d’améliorer la qualité de vie (+31 %), avec un moindre recours aux urgences (-7 %) et une meilleure tolérance au traitement (deux mois de traitement supplémentaires).
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Une amélioration non pharmacologique de l’espérance de vie
Selon les résultats de l’étude menée sur STAR, cette nouvelle application pourrait permettre d’allonger la survie des patients de cinq mois. Un gain d’espérance de vie qui peut sembler modeste, mais qui est important pour des patients atteints de stades avancés de cancer. De plus, ce gain est équivalent ou supérieur à celui mis en avant par la plupart des études sur les nouveaux médicaments de chimiothérapie.
Lors d’un suivi classique, les équipes médicales ne sont informées des effets indésirables que dans 50 % des cas, selon les estimations. L’utilisation de l’application STAR permet une information en temps réel des équipes médicales, qui ont pris des mesures cliniques immédiates (ajustement de la chimiothérapie, prescription de médicaments, conseils) dans 75 % des cas.
Ces études montrent que la lutte contre le cancer ne passe pas uniquement par le développement de nouveaux médicaments anti-cancéreux. La recherche clinique et les nouvelles technologies peuvent aussi améliorer la survie des patients cancéreux.
Les auteurs de l’étude souhaitent désormais confirmer ces résultats sur une étude plus vaste et avec une version plus attractive de l’application. Une nouvelle démonstration en tout cas de l’intérêt d’un suivi personnalisé, étroit et réactif des patients cancéreux !
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Cancer métastatique : résultats positifs et encourageants d’un télésuivi par internet (ASCO 2017). VIDAL. Le 8 juin 2017.
– Overall survival results of a randomized trial assessing patient-reported outcomes for symptom monitoring during routine cancer treatment (ASCO 2017). J Clin Oncol 35 (suppl; abstr LBA2). – Consulté le 26 juin 2017.