Un test génomique pour prédire la réponse à une chimiothérapie ?
Il arrive que certains patients souffrant de cancers soient exposés aux effets indésirables d’un traitement par chimiothérapie alors même qu’il n’y pas de bénéfice clinique garanti. Dès lors, serait-il possible de prévoir l’efficacité d’une chimiothérapie chez un patient ? C’est ce suggèrent des scientifiques anglais et espagnols qui viennent de mettre au point une technique inédite permettant de prédire la réponse des patients à la chimiothérapie. Plongeons au cœur de cette innovation majeure.

La chimiothérapie : un traitement lourd et pas toujours efficace
Traitement standard et incontournable des cancers, la chimiothérapie a pour but de détruire les cellules tumorales. Mais cette thérapie ne se révèle malheureusement pas systématiquement efficace. A l’heure actuelle, on estime en effet que 20 à 50 % des patients souffrant de cancer ne répondent pas aux traitements par chimiothérapie. Pire, ils en subissent les effets secondaires sans aucun bénéfice clinique. On qualifie ces patients de « résistants » ou « non répondeurs ».
Dans ce contexte, des cancérologues et des bioingénieurs espagnols et anglais ont mis au point une technique inédite permettant de prédire la réponse des patients à la chimiothérapie. L’objectif affiché ? Identifier en amont les patients résistants aux traitements par chimiothérapie et leur éviter d’endurer une prise en charge et des effets indésirables inutiles.
Un test génomique pour prédire la réponse à une chimiothérapie
En pratique, cette technique innovante s’appuie ainsi sur un test génomique et consiste à observer les changements dans l’ordre, la structure et le nombre de copies de l’ADN tumoral. En clair, l’objectif est de reconnaître chaque tumeur grâce aux modifications chromosomiques présentes dans les cellules tumorales. Certes, les modifications chromosomiques sont variables selon les tumeurs, mais elles forment des schémas caractéristiques que l’on qualifie de signatures « d’instabilité chromosomique ».
Sur la base de ces signatures d’instabilité chromosomique, les scientifiques ont donc identifié et quantifié des biomarqueurs permettant de détecter à l’avance les patients résistants aux chimiothérapies communément utilisées (sels de platine, taxanes et anthracyclines).
Des biomarqueurs prédictifs efficaces
Les scientifiques ont ensuite évalué et validé la performance de ces biomarqueurs en exploitant les données de 840 patients atteints de divers types de cancers (cancers du sein, de la prostate, de l’ovaire et sarcomes) et ayant déjà reçu des chimiothérapies. C’est ainsi que par exemple, les patients identifiés par le test génomique comme « résistants » ont présenté un risque plus élevé d’échec thérapeutique pour les taxanes et les anthracyclines dans le cancer ovarien.
Publiés dans la revue Nature Genetics, ces résultats suggèrent que l’instabilité chromosomique pourrait constituer un biomarqueur prédictif efficace de la réponse à la chimiothérapie. Et les auteurs de cette étude se félicitent d’avoir « trouvé un moyen de transformer les chimiothérapies standards en médecine de précision ».
Prochaine étape pour les scientifiques ? Tester cette technique sur des échantillons biologiques dans la perspective d’essais cliniques prospectifs en 2026. Pour l’heure, ils réfléchissent déjà à la façon d’élargir cette méthode innovante à d’autres types de thérapies. Affaire à suivre !
– Predicting resistance to chemotherapy using chromosomal instability signatures. Nature genetics. . www.nature.com. Consulté le 02 juillet 2025.
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