Une protéine de lait contre les effets indésirables des chimiothérapies ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 7 octobre 2018

En plus de leur maladie, les patients cancéreux doivent malheureusement subir les effets indésirables inhérents à leur chimiothérapie parmi lesquels l’altération du goût et de l’odorat. Et si une protéine de lait pouvait contrer ces effets secondaires ? C’est ce que suggère une étude américaine récemment publiée dans la revue Food & Function.

protéine

Chimiothérapie et altération des sens

Les patients sous chimiothérapie doivent faire face à de nombreux effets secondaires, parmi lesquels l’altération du goût et de l’odorat. La chimiothérapie peut en effet bouleverser de façon considérable les papilles gustatives et le sens olfactif des patients cancéreux pour qui le quotidien devient très pénible. En les privant du plaisir de s’alimenter, ce trouble peut les mener au fil du temps à une perte d’appétit, une dépression voire des conduites anorexiques, compromettant leur rétablissement.

« Le symptôme dominant décrit par les patients subissant une chimiothérapie est une saveur ou un arrière-goût métallique persistant, avec ou sans apport alimentaire. Cela peut durer des heures, des semaines, voire des mois après la fin des traitements », déclare la directrice de l’étude.

Bien que l’altération du goût et de l’odorat soit répandue et fréquemment rapportée par les patients cancéreux, il n’existe, jusqu’à présent, aucun traitement capable de prévenir ou de traiter ce problème..

Forts de ce constat et face au manque de connaissances scientifiques sur les mécanismes moléculaires impliqués des scientifiques américains se sont penchés sur la question. Ils ont ainsi analysé une molécule appelée lactoferrine retrouvée dans le lait et ayant la particularité de se lier au fer. L’équipe de chercheurs avait précédemment identifié le rôle de la lactoferrine dans la diminution du goût métallique provoqué par la chimiothérapie. Dans cette nouvelle étude, ils ont souhaité étudier l’impact réel de cette molécule par analyse des protéines salivaires.

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Impact de protéine de lait (lactoferrine) sur les protéines salivaires

La lactoferrine est une molécule connue pour soutenir la réponse immunitaire de l’organisme, mais il existe peu de données concernant sur son action sur les protéines salivaires.

A savoir ! : La lactoferrine est une protéine hautement bioactive retrouvée dans la salive et le lait.

Dans cette étude , les scientifiques ont enrôlé deux groupes de volontaires qui devaient prendre chaque jour pendant un mois une supplémentation de 3 comprimés à base de 250 mg de lactoferrine :

  • 19 patients cancéreux présentant des troubles du goût et de l’odorat suite à une chimiothérapie
  • 12 volontaires sains

La salive des participants a été prélevée à 3 reprises : au début de l’étude, après 30 jours de supplémentation en lactoferrine et30 jours après la dernière prise de lactoferrine.

L’analyse des prélèvements salivaires a révélé les observations suivantes :

  • Un trouble du goût et de l’odorat important s’accompagnait d’une concentration élevée de fer dans la salive et d’une diminution des protéines salivaires immunitaires.
  • La prise de lactoferrine a permis de diminuer de façon nette la concentration en fer de la salive et d’augmenter les quantités de protéines chargées de dégrader les aliments.
  • La prise de lactoferrine a permis d’augmenter le taux de protéines immunitaires.

Par ailleurs, les prélèvements salivaires à 30 jours après la fin du traitement ont montré une nouvelle augmentation des quantités de protéines chargées de dégrader les aliments et une absence de troubles des sens chez presque tous les patients :

« Notre recherche montre que la supplémentation quotidienne en lactoferrine provoque des changements dans les profils de protéines salivaires chez les patients cancéreux. Ces changements pourraient aider à protéger les papilles gustatives et la perception des odeurs. En proposant la lactoferrine comme complément alimentaire, nous pouvons réduire la déformation du goût et de l’odorat chez de nombreux patients, en restaurant leur capacité à apprécier les aliments sachant que la nourriture joue un rôle clé dans leur rétablissement. »  

Les chercheurs ont enfin observé que la supplémentation en lactoferrine améliorait également l’expression de protéines salivaires immunitaires, ce qui pourraient aider à réduire le stress oxydatif et les effets indésirables associés.

Cette découverte pourrait soulager des millions de patients sous traitement anticancéreux, en leur permettant de retrouver le goût des aliments grâce à une alimentation adaptée  pendant la période de rétablissement,

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Titre source 1. sciencedaily.com.
– Des protéines du lait pourraient atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie ! sciencepost.fr.

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