Saviez-vous que dans le monde, une personne sur dix souffre du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil ? C’est dire combien sa prise en charge est importante. Une récente étude suggère qu’un médicament, le tirzépatide, jusque-là utilisé pour traiter le diabète de type 2, pourrait également aider à réduire les symptômes de l’apnée du sommeil. Zoom sur les résultats de cette étude porteuse d’espoir.
Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?
Par « apnée du sommeil » ou syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), on entend un trouble ventilatoire survenant pendant la nuit et touchant près d’un tiers des personnes de plus de 65 ans. Parmi les facteurs de risque identifiés, citons l’âge, le surpoids, l’obésité, ou le diabète de type 2.
Le syndrome d’apnée du sommeil se manifeste par des pauses respiratoires (apnées) pendant au moins 10 à 30 secondes ou par des réductions significatives de la respiration (hypopnées), répétées et incontrôlées, pendant le sommeil.
Ce syndrome impacte considérablement la qualité de vie du patient qui en souffre (somnolence, grande fatigue, irritabilité, difficulté de concentration) ainsi que son état de santé avec un risque accru de maladies cardiovasculaires, de maladies métaboliques et décès prématuré.
À savoir ! Certains patients expérimentent plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’apnées au cours d’une même nuit. En revanche, les ronflements ne représentent pas un symptôme spécifique du syndrome d’apnée du sommeil.
D’où l’importance de le diagnostiquer et de le prendre en charge le plus tôt possible. Si des mesures hygiéno-diététiques simples suffisent généralement à soulager les formes légères d’apnée du sommeil, les formes modérées à sévères peuvent quant à elles nécessiter une prise en charge médicale (ventilation à pression positive continue, propulseurs mandibulaires voire chirurgie).
À savoir ! La ventilation à pression positive continue consiste en l’utilisation pendant la nuit d’un masque facial relié à un appareil envoyant de l’air sous pression pour dégager les voies aériennes.
Un antidiabétique contre l’apnée du sommeil ?
Une étude récemment publiée dans le New England Journal of Medicine suggère d’ailleurs qu’un médicament, le tirzépatide, jusque-là utilisé pour traiter le diabète de type 2 tout en favorisant la perte de poids, pourrait également aider à réduire les symptômes de l’apnée du sommeil.
À savoir ! Commercialisé en Europe (mais non en France) par Eli Lilly sous le nom « Mounjaro », le tirzépatide est un analogue du GLP-1. Depuis décembre 2023, ce médicament dispose d’une autorisation de mise sur le marché européenne pour le contrôle du poids chez l’adulte en situation d’obésité ou de surpoids avec au moins un facteur de comorbidité lié au poids.
Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont recruté 469 patients souffrant d’obésité, associée à un syndrome d’apnées du sommeil modéré à sévère. Les participants ont été répartis en deux groupes : ceux recevant un traitement de pression positive continue et ceux non traités par cette technique. Certains ont reçu une injection de 10 ou 15 mg de tirzépatide durant 52 semaines quand d’autre ont reçu une injection placebo.
Après la période de suivi, les scientifiques ont pu constater :
- Une réduction du nombre d’apnées et d’hypopnées de 55 à 63 % chez les participants. Cette réduction peut s’expliquer par la perte de poids permise par ce médicament.
- Chez les patients déjà traités par pression positive continue : une réduction de 30 interruptions/diminutions de respiration par heure de sommeil sur les 50 interruptions/diminutions initiales.
Vers un nouveau traitement ?
Pour les auteurs de l’étude, le tirzépatide représente le premier médicament à être aussi efficace dans la gestion de l’apnée du sommeil en plus de réduire la pression artérielle, le taux de lipides et de contrôler la glycémie. Ce traitement est ainsi porteur d’espoir pour les personnes souffrant d’apnées du sommeil et ne pouvant pas tolérer ou adhérer aux thérapies existantes.
Les chercheurs envisagent d’ailleurs de comparer l’efficacité du tirzépatide à celle de la ventilation en pression positive continue. Car cette technique aujourd’hui fréquemment utilisée dans l’apnée du sommeil s’avère en effet bien plus contraignante que l’injection de tirzépatide. Les scientifiques ambitionnent enfin d’évaluer les effets à long terme du tirzépatide au moyen d’un nouvel essai clinique pour convaincre les autorités sanitaires de son utilité et de son efficacité dans le traitement de l’apnée du sommeil. Affaire à suivre !
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Tirzepatide for the Treatment of Obstructive Sleep Apnea and Obesity. www.nejm.org. Consulté le 1er juillet 2024.