Selon les derniers chiffres publiés par l’INSEE, près de 26 % des femmes âgées de 15 à 49 ans en France utiliseraient un stérilet comme moyen de contraception. Une récente étude épidémiologique suggère l’existence d’un lien entre l’utilisation d’un stérilet fortement dosé en lévonorgestrel et la survenue de troubles dépressifs. Explications.
Stérilet hormonal et troubles dépressifs
En France, le stérilet ou dispositif intra-utérin (DIU) est actuellement le second moyen de contraception féminine le plus utilisé, après la pilule contraceptive. Il existe plusieurs catégories de DIU :
- Les DIU ou stérilets au cuivre ;
- Les DIU ou stérilets hormonaux.
Les DIU hormonaux sont constitués d’un réservoir renfermant un dérivé de progestérone, le lévonorgestrel, qui diffuse lentement sur une durée totale de trois à cinq ans selon les dispositifs. Actuellement, deux dosages de lévonorgestrel sont disponibles, un dosage à 19.5 mg et un dosage plus élevé à 52 mg. Des études antérieures ont déjà révélé que les pilules contraceptives peuvent être associées à une augmentation faible du risque de dépression ou de troubles de l’humeur. Qu’en est-il pour les DIU hormonaux ? Des chercheurs français du Groupement d’Intérêt Scientifique EPI-PHARE se sont intéressés à cette question, dans le cadre d’une récente étude épidémiologique.
Un léger surrisque de troubles dépressifs avec le DIU dosé à 52 mg de lévonorgestrel
Cette étude de cohorte avait pour objectif de comparer l’utilisation de médicaments psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques) dans les deux années suivant la pose d’un DIU hormonal, dosé soit à 19,5 mg, soit à 52 mg. Au total, 45 736 femmes âgées de 13 à 40 ans ont reçu un DIU dosé à 52 mg de lévonorgestrel, et un nombre identique de femmes un DIU dosé à 19.5 mg de lévonorgestrel. Les résultats de l’étude révèlent que les femmes porteuses d’un stérilet dosé à 52 mg de lévonorgestrel présentaient un risque légèrement augmenté de recevoir un traitement par antidépresseur au cours des deux ans suivant la pose du moyen de contraception, par rapport aux femmes utilisant un DIU plus faiblement dosé.
Ce lien, de faible intensité entre le DIU fortement dosé en lévonorgestrel et la prescription d’antidépresseurs, n’était pas observé pour les deux autres catégories de médicaments prises en compte, les anxiolytiques et les hypnotiques. Cette étude à grande échelle est la première à révéler un impact d’un fort dosage en lévonorgestrel d’un DIU sur le risque de troubles dépressifs nécessitant un traitement médicamenteux. Le surrisque apparait toutefois très faible, et nécessite des études complémentaires pour le préciser.
Une attention particulière aux signes dépressifs chez les femmes porteuses d’un DIU hormonal
Cette étude suggère que le recours à un DIU hormonal moins dosé, à 19,5 mg, pourrait avoir moins de conséquences sur l’humeur des femmes, en réduisant l’imprégnation progestative. En attendant l’arrivée de données complémentaires, l’ANSM émet des recommandations à destination des femmes et des professionnels de santé. Au moment de la mise en place d’un DIU au lévonorgestrel, les femmes doivent être informées des effets indésirables et de la nécessité de contacter leur médecin en cas de survenue de troubles de l’humeur ou de symptômes dépressifs.
Les professionnels de santé doivent également prévoir une consultation de contrôle entre 4 et 6 semaines après la pose du stérilet, puis une fois par an. Ces consultations de suivi sont l’occasion de faire le point sur la contraception par DIU et notamment d’évoquer les effets indésirables, dont des modifications de l’humeur et la survenue de troubles dépressifs.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Association entre dispositifs intra-utérins au lévonorgestrel et l’usage ultérieur de psychotropes en France. epi-phare.fr. Consulté le 15 février 2023.