Blessures, brûlures, chutes, intoxications alimentaires… les urgences pendant les fêtes (accidents domestiques) sont fréquents en cette période de l’année. Les pathologies respiratoires, digestives ou pulmonaires liées au froid et aux excès des fêtes sont également à ajouter à la liste, sans compter la recrudescence attendue des cas de Covid-19… Déjà l’année dernière, une étude menée par des chercheurs canadiens avait mis en évidence que les patients admis aux urgences à l’hôpital pendant les vacances de Noël étaient légèrement moins bien pris en charge comparativement aux autres périodes de l’année. Retour sur les résultats parus dans la revue British Medical Journal.
Une prise en charge moins efficace qu’en temps normal
Entre avril 2002 à janvier 2016, l’équipe de Lauren Lapointe-Shaw de l’hôpital général de Toronto a étudié le parcours médical de 217 305 patients reçus pendant les périodes de fêtes de fin d’année et 453 641 patients pris en charge avant cette période (en novembre) ou après (en janvier).
Les chercheurs ont enregistré :
- La durée de leur hospitalisation et leur diagnostic ;
- Leur suivi ambulatoire pendant le mois suivant leur sortie de l’hôpital.
Parmi ces plus de 670 000 participants éligibles (adultes et enfants), les diagnostics d’hospitalisation les plus fréquents étaient :
- Les maladies du système circulatoire (17 %) ;
- Les pathologies du système digestif (16 %) ;
- Les affections touchant le système respiratoire (13,4%).
La durée moyenne de séjour à l’hôpital était de 3 jours.
Quelles sont leurs observations ? Les patients admis pendant les deux semaines des vacances de décembre présentaient un risque légèrement plus élevé de décès ou de retour à l’hôpital dans le mois suivant leur admission aux urgences comparativement aux patients ayant été admis hors de cette période de vacances hivernales.
Sur 100 000 patients ayant été admis aux urgences pendant les fêtes, les chercheurs ont observé :
- 26 décès supplémentaires ;
- 188 hospitalisations supplémentaires;
- 3000 visites de suivi en moins sur 14 jours ;
- 483 visites en plus aux services d’urgences.
Les patients admis pendant les vacances bénéficiaient d’un suivi médical moins consciencieux : leur suivi à moins de 7 jours était réduit de 11,5 %, et le suivi sur 14 jours était diminué de 9,2 %.
Les patients libérés pendant les vacances étaient également plus exposés au risque de décès ou de réadmission après 30 jours.
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Urgences pendant les fêtes : des services hospitaliers débordés
Plusieurs causes viennent expliquer ce phénomène de la baisse de la qualité de la prise en charge hospitalière pendant les fêtes de Noël :
- Une moindre disponibilité du personnel hospitalier (et notamment les médecins) ;
- Des problèmes de coordination entre les services hospitaliers pour assurer le suivi du patient ;
- Des difficultés de prise en charge en ambulatoire par le médecin traitant ou une infirmière;
- Les excès liés aux fêtes (alcool, manque de sommeil, sucre et sel, stress psychologiques et physiologiques) jouent probablement un rôle dans la mortalité et les comorbidités.
Seulement 59% des patients pris en charge pendant Noël avaient un suivi médical pendant quinze jours contre 69% pour les patients pris en charge hors de la période des vacances de Noël.
Par exemple, les patients souffrant de Bronchopneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) sont suivis sur une période de 15 jours à hauteur de 30 % pendant les fêtes alors que ce suivi est de 41% hors vacances.
En prenant conscience de ces risques pendant la période de fêtes, les auteurs suggèrent aux professionnels de santé de rester particulièrement « attentifs au planning de sortie des patients et à la coordination du suivi de soins à domicile ».
Malheureusement, après presque un an d’activité maximale dans les hôpitaux à cause de la pandémie due au coronavirus SRAS-CoV-2, les personnels soignants sont débordés et épuisés. Alors plus que jamais, prenez soin de vous.
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Suzanne L., Pharmacienne & Rédactrice scientifique