La Haute Autorité de Santé a récemment recommandé qu’à l’instar des filles, les garçons de 11 à 14 ans puissent bénéficier de la vaccination anti-papillomavirus (anti-HPV). Agnès Buzyn, ministre de la santé, a précisé dans un communiqué de presse officiel qu’elle devrait être intégrée au calendrier vaccinal de 2020.
La vaccination anti-HPV aujourd’hui en France
La vaccination contre les papillomavirus humains, est couramment appelée vaccination contre les HPV (human papilloma virus). Elle s’associe au dépistage du cancer du col de l’utérus et constitue à ce jour la meilleure stratégie de lutte contre ce cancer féminin qui provoque en France environ 1000 décès par an.
À savoir ! Très fréquentes, les infections à HPV apparaissent souvent en début de vie sexuelle. Elles ne provoquent presque aucun symptôme et guérissent en général spontanément en un à deux ans. Cependant, dans moins de 10 % des cas, elles peuvent prendre une forme persistante et ainsi s’associer à une augmentation du risque de certains cancers (col de l’utérus, vagin et vulve chez la femme et anus et gorge chez la femme et l’homme).
La vaccination contre les HPV est actuellement recommandée pour deux types de populations :
- les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans (rattrapage possible jusqu’à 19 ans)
- les hommes homosexuels âgés de moins de 26 ans
Le fait est que la vaccination contre le HPV reste aujourd’hui très insuffisante en France. Seulement 24% de femmes sont en effet vaccinées selon le schéma complet et environ 15% des hommes homosexuels.
Par ailleurs, près de 25% des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes. Forte de ce constat, la ministre des Solidarités et de la Santé avait saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) afin qu’elle se penche sur le sujet de l’extension de la vaccination aux jeunes garçons.
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Vaccin anti-HPV : les jeunes garçons désormais concernés
De nombreux pays ont déjà décidé d’étendre cette vaccination à tous les garçons vu que ces derniers peuvent également être infectés par ces virus HPV et les transmettre à leurs partenaires. Cette extension de vaccination a démontré un bénéfice sur la fréquence des lésions du col utérin, mais aussi sur les autres lésions pouvant être associés au HPV (lésions au niveau du vagin, de la vulve, de l’anus).
Dans ce contexte, la HAS a analysé les données de la littérature et mené une consultation publique du 30 octobre au 27 novembre derniers, avant de recommander à son tour d’étendre cette vaccination aux jeunes garçons entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans.
En recommandant l’extension de la vaccination aux jeunes garçons, la HAS prend ainsi le parti d’aligner les dispositions de vaccination des garçons à celles des filles : « La vaccination étendue à tous les jeunes garçons est une décision scientifique et éthique qui permettra, quelle que soit leur orientation sexuelle, de bénéficier d’une protection individuelle, mais aussi comme pour la vaccination des jeunes filles, d’améliorer la protection de leurs partenaires », a déclaré le Ministère de la santé.
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Vers une augmentation de la couverture vaccinale contre les papillomavirus
Afin de renforcer l’efficacité de cette mesure, la HAS a par ailleurs diffusé différentes recommandations ayant pour but d’augmenter la couverture vaccinale et de regagner la confiance du public et des professionnels de santé vis-vis de la vaccination :
- mise en place d’actions d’information sur la sécurité de la vaccination
- prise en charge intégrale du vaccin par l’Assurance Maladie
- analyse des freins à la vaccination en milieu scolaire
Ces recommandations vont de pair avec deux expérimentations régionales, lancées depuis l’automne 2019 en Guyane et en région Grand-Est: « Elles visent à améliorer les pratiques des professionnels pour le développement de la vaccination contre les HPV vers les publics pour lesquels elle est recommandée et contribuer ainsi à augmenter la couverture vaccinale » précise le Ministère de la Santé.
Il est enfin prévu que de nouveaux travaux soient conduits dans un futur proche afin de « redéfinir les modalités du rattrapage vaccinal, pour les filles comme pour les garçons, dans un contexte d’évolution des connaissances et de possibles tensions d’approvisionnement en vaccins au niveau mondial ».
Augmenter la couverture vaccinale en vaccinant tous les adolescents permettra peut être d’augmenter les chances de parvenir à éradiquer les formes de HPV responsables de plusieurs cancers chez les femmes et les hommes.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– HPV : la HAS recommande l’extension de la vaccination aux garçons. EGORA. Consulté le 27 décembre 2019.