En France, près de 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont recensés chaque année et environ 1 000 femmes en décèdent. Face à ce cancer, un moyen de prévention existe, le vaccin contre les infections à Papillomavirus Humains (HPV). Actuellement, les recommandations générales de vaccination concernent uniquement les jeunes filles. Pourtant, certains pays ont choisi de vacciner tous les adolescents, filles et garçons. En effet, deux régions françaises vont prochainement expérimenter la vaccination contre les infections à Papillomavirus des garçons.
Un vaccin contre un risque de cancer
Les infections à Papillomavirus Humains (HPV) sont très fréquentes et surviennent souvent dès le début de la vie sexuelle. Généralement, ces infections ne provoquent presque aucun symptôme et guérissent d’elles-mêmes en un à deux ans. Dans moins de 10 % des cas, l’infection par les HPV peut devenir persistante et est alors associée à une augmentation du risque de plusieurs cancers, tels que :
- Chez les femmes, le cancer du col de l’utérus, le cancer du vagin et le cancer de la vulve ;
- Chez les femmes et les hommes, le cancer de l’anus et le cancer de la gorge.
Les HPV responsables d’infections persistantes sont appelés les HPV à haut risque. Chez les femmes, les lésions précancéreuses peuvent être détectées grâce au frottis de dépistage, effectués régulièrement entre 25 et 65 ans.
Au-delà de ce dépistage, la prévention du cancer du col de l’utérus repose sur la vaccination, qui prévient l’infection par plusieurs types d’HPV à haut risque. Deux vaccins sont actuellement disponibles :
- Un vaccin contre les HPV 16 et 18 ;
- Un vaccin contre les HPV 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58.
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Un vaccin jusque-là destiné aux jeunes filles
Actuellement, en France, les recommandations générales de vaccination préconisent de vacciner contre les infections à HPV toutes les jeunes filles entre 11 et 14 ans. Selon le type de vaccin et l’âge, deux ou trois injections sont nécessaires. Un schéma vaccinal de rattrapage est possible, pour toutes les jeunes femmes entre 15 et 19 ans, si elles n’ont pas été vaccinées auparavant.
Par ailleurs, la vaccination contre les infections à Papillomavirus (HPV) est également recommandée pour trois autres catégories de personnes :
- Les enfants et les adolescents transplantés ou vivant avec le VIH jusqu’à l’âge de 19 ans ;
- Dès l’âge de 9 ans, les enfants et adolescents candidats à une transplantation d’organe solide ;
- Jusqu’à l’âge de 26 ans, les hommes ayant ou ayant eu des relations sexuelles avec des hommes.
Ainsi, les hommes ne sont concernés par la vaccination contre les infections à Papillomavirus que dans des contextes très particuliers. Un élargissement de la vaccination à tous les jeunes garçons est-elle envisageable ?
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Une expérimentation dans deux régions françaises
La vaccination de tous les adolescents, filles ou garçons, contre les infections à HPV a été choisie par plusieurs pays, comme l’Autriche ou l’Australie. En effet, les garçons peuvent être porteurs des virus HPV, sans même le savoir, puisqu’ils n’ont aucun symptôme. De plus, même si les femmes sont celles qui payent le plus lourd tribut aux infections à HPV, en raison du cancer du col de l’utérus, près d’un tiers des cancers liés à ces infections touche des hommes, avec 5 cancers différents :
- Le cancer de l’oropharynx ;
- Le cancer de l’anus ;
- Le cancer de la bouche ;
- Le cancer du larynx ;
- Le cancer du pénis.
En vaccinant tous les adolescents, il est possible d’augmenter la couverture vaccinale et donc les chances à terme de pouvoir éradiquer les HPV à haut risque responsables de plusieurs cancers chez les femmes et les hommes.
La question d’élargir la vaccination contre les infections à Papillomavirus à tous les adolescents se pose donc de plus en plus en France. En octobre 2018, les sénateurs français ont adopté une extension de la couverture vaccinale contre les infections à HPV aux garçons dans deux régions choisies pour cette expérimentation :
- La région Grand-Est ;
- La région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les résultats de cette expérimentation devraient permettre aux autorités de santé publique de trancher en faveur ou non d’une vaccination de tous les adolescents contre les infections à HPV.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– Vaccination des garçons contre les infections à papillomavirus. Avis et Rapports du HCSP. 19 février 2016.