Paludisme : vers un traitement à 100% efficace ?

Actualités Maladies parasitaires Santé au quotidien (maux quotidiens) Santé en voyages Vaccins

Rédigé par Julie P. et publié le 22 mars 2018

L’animal pèse seulement quelques grammes mais tuent bien plus que les requins, ours bruns, serpents, tigres, méduses, crocodiles, lions, buffles et araignées réunis. Chaque année, des centaines de milliers de personnes meurent à travers le monde à cause de lui : le moustique femelle du genre Anophèle infecté par le parasite du paludisme, le Plasmodium sp. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’éradication du paludisme est devenue de plus en plus difficile compte tenu de la survenue de souches parasitaires résistantes aux combinaisons médicamenteuses à base d’artémisinine. Mettre au point de nouveaux traitements est une urgence pour les populations touchées qui sont d’ailleurs situées, dans 90% des cas, en Afrique subsaharienne. Description d’une nouvelle étude clinique très prometteuse combinant deux molécules pharmaceutiques.

éradication du paludisme

Des premiers essais sur l’homme très prometteurs

Des premiers essais cliniques sur 83 personnes atteintes par le parasite du paludisme de type Plasmodium falciparum avec un antibiotique et un antipaludéen donnent des résultats très satisfaisants avec un pourcentage de guérison atteignant les 100%.

Selon cette étude clinique de phase II, publiée dans la revue Clinical Infectious Diseases et supervisée par Peter Kremsner du Centre de Recherches Médicales de Lambaréné de Libreville au Gabon et de l’Institut de médecine tropicale de l’université de Tübingen en Allemagne, les individus atteints de paludisme sans complication, et âgés de 1 à 30 ans, ont répondu tous favorablement au traitement médicamenteux.

Cette combinaison pharmaceutique associait notamment l’antibiotique fosmidomycine et un antipaludéen, la pipéraquine proche de la chloroquine.

À savoir ! La chloroquine est un antipaludique de synthèse de la famille des amino-4-quinoléines. Elle exerce une action essentiellement toxique sur les formes érythrocytaires (globules rouges) des plasmodiums. Elle est néanmoins, inactive sur les formes intrahépatiques du parasite.

Après trois jours de traitement et au bout de deux mois de suivi médical dans des structures médicales gabonaises, les symptômes cliniques de la maladie ont régressé et le parasite avait totalement disparu de la circulation sanguine de ces volontaires.

Lire aussiPrix Nobel de Médecine 2015 : coup de projecteur sur les maladies parasitaires tropicales

Une approche pharmaceutique inédite

La combinaison d’une administration orale de fosmidomycine et de pipéraquine représente une nouvelle approche thérapeutique du paludisme. Ces nouvelles combinaisons sont nommées « thérapie combinée sans artémisinine ».

À savoir ! L’artémisinine est une substance active médicamenteuse provenant de la plante chinoise Artemisia annua. Son rôle antipaludique a été mis en évidence dès les années 1970 par les chinois mandatés par les vietnamiens, victimes de l’insectes pendant la guerre du Viêt-Nam. Ce n’est qu’en 2001 que l’OMS préconise l’utilisation de cette molécule en traitement de première intention ou de prévention du paludisme sans complication compte tenu que les traitements par chloroquine ou amodiaquine font preuve de résistance. Ensuite, l’artémisinine sera proposée sous forme de traitements combinés pour renforcer son efficacité et diminuer les risques de développement de résistance du parasite.

cycle parasite
cycle du parasite
Les deux molécules possèdent différents modes d’action qui se complètent : la fosmidomycine empêche la reproduction du parasite et la pipéraquine attaque le parasite au niveau du globule rouge assurant un post-traitement prolongé et diminuant les risques de transmission du parasite vers un nouveau moustique non infecté.

Du côté des effets secondaires, les chercheurs ont notamment relevé, chez deux patients, un trouble du rythme cardiaque après l’administration du médicament.

Cet effet sur la santé cardiaque du patient justifiera notamment la mise en place d’études complémentaires pour réduire ou empêcher la survenue de ce trouble.

La plupart des effets indésirables ont affecté les voies respiratoires et gastro-intestinales (vomissements, nausées) de manière transitoire et avec une sévérité légère.

Pour poursuivre ces travaux, les chercheurs vont renouveler l’étude sur une population de personnes atteintes de paludisme plus grande et comparer les résultats obtenus avec d’autres combinaisons médicamenteuses incluant l’artémisinine.

Lire aussiPaludisme : un nouveau vaccin en perspective

Les autres pistes pour une éradication du paludisme d’ici 2030

Selon l’OMS, les stratégies de recherche et d’innovation pour faire reculer le paludisme à hauteur de 90% s’appuient, entre autres, sur :

  • La lutte antivectorielle avec l’utilisation de nouveaux insecticides, de nouveaux agents bioactifs comme les champignons, de moustiques génétiquement modifiés, de nouveaux tissus répulsifs ou encore, le recours aux téléphones mobiles et à la cartographie numérique pour anticiper la dangerosité de certaines zones ;
  • La mise au point de tests diagnostiques fiables, faciles d’utilisation et détectant une parasitémie faible ;
  • Le recours systématique à la chimioprévention pour certaines personnes (enfants, voyageurs, femmes enceintes) ;
  • La mise à disposition de vaccins antipaludiques (comme le vaccin RTS,S) ;
  • La surveillance grâce aux Technologies de l’Information et de la Communication de différents paramètres comme la prévalence du parasite, la présence du moustique, le nombre de personnes infectées, le nombre de décès etc…

Véritable enjeu de santé publique à l’échelle du globe, le paludisme a touché 216 millions de personnes en 2016 et a entraîné 445 000 décès.

Lire aussiLe paludisme, une nouvelle maladie à éradiquer

Julie P., Journaliste scientifique

– Promising malaria medication tested. Science Daily. Consulté le 20 mars 2018.
– fficacy and safety of fosmidomycin-piperaquine as non-artemisinin-based combination therapy for uncomplicated falciparum malaria – A single-arm, age-de-escalation proof of concept study in Gabon. Clinical Infectious Diseases. G.Mombo-Ngoma et al. Consulté le 20 mars 2018.
– Chloroquine. Vidal. Consulté le 20 mars 2018.
– Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2013. OMS. Consulté le 20 mars 2018.
  • Je suis atteint de paludisme aprés de nombreux voyages au senegal je vis en France et les symptomes du palu se reveillent dès que j’ai une grippe ( plusieurs fois par an que je sois en France ou en afrique.c’est le cas actuellement) quel traitement pour moi avec ce problème chronique,merci,urgent

    Reply
  • Mathieu says:

    Bonjour,
    Moi je suis en côte d’Ivoire, on peut dire depuis un certain temps je ne me suis PAS encore rétabli du paludisme. Je souffre du paludisme depuis 18 ans.
    Actuellement je suis malade, je ne comprends rien… j’ai fait des examens, j’ai des traitements. Mais rien ne va…

    Reply
    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Nous vous remercions pour votre témoignage. Nous vous conseillons d’en parler à un professionnel de santé pour qu’il vous aide et apaise vos symptômes.
      Bon courage,
      L’équipe Santé sur le Net

      Reply
Ou
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *