Au cœur des préoccupations environnementales, la pollution atmosphérique n’est pas sans conséquence sur la santé des populations. Les pics de pollution de l’air peuvent en effet augmenter le risque d’hospitalisations pour des causes cardiorespiratoires et l’incidence des pathologies chroniques en particulier pneumologiques à plus long terme. Dans ce contexte, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande de revoir à la baisse les seuils d’action règlementaires en vigueur.
Pics de pollution : des seuils d’action pour protéger les populations
La pollution atmosphérique, ou « pollution de l’air », désigne l’ensemble des émissions de substances polluantes sous forme de gaz ou de particules au sein de l’atmosphère. Ces émissions ont pour principales sources les transports et l’industrie.
La mesure de la concentration dans l’air de différents polluants (particules, dioxyde d’azote, ozone, dioxyde de soufre…) permet d’en évaluer le niveau de pollution. En France, deux seuils d’action ont été définis afin de limiter les effets de la pollution sur la santé humaine :
- Un seuil d’information et de recommandation qui correspond à «un niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine de groupes particulièrement sensibles au sein de la population».
- Un seuil d’alerte qui correspond à «un niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé de l’ensemble de la population ou de dégradation de l’environnement».
À savoir ! En fonction des polluants, ces repères sont actualisés sur des laps de temps très courts (de quelques heures à une journée).
Selon le niveau de seuil atteint, des actions spécifiques sont alors mises en place à l’échelle locale pour tenter de réduire le taux des polluants dans l’air. Ces actions peuvent passer par exemple par une diminution de la vitesse de circulation automobile ou une obligation de réduction des émissions industrielles, ou l’information des populations sensibles.
Quant à la qualité de l’air, elle est précisée quotidiennement au moyen d’un autre repère : l’indice ATMO français qui s’appuie sur le référentiel de l’European Air Quality Index. Or, ce référentiel européen a fait l’objet de modifications récentes par l’Agence Européenne de l’Environnement. Dans ce contexte d’actualisation, l’Anses a été saisie pour délivrer un avis sur la modification des seuils de déclenchement des procédures en cas d’épisodes de pollution de l’air ambiant.
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Une actualisation nécessaire des seuils d’action règlementaires
Après examen de la littérature scientifique récente, les experts de l’Anses ont pu dresser le constat suivant : les risques sanitaires interviennent en réalité à des niveaux de concentration en polluants inférieurs aux seuils existants !
Forts de ces nouvelles observations, les experts de l’Agence conseillent de revoir à la baisse les deux seuils d’action règlementaires. D’autant que l’Organisation Mondiale de la Santé vient de publier de nouvelles valeurs guides pour l’action à court terme sur la base des nouvelles connaissances épidémiologiques disponibles. Il serait bon que cette actualisation concerne également l’indice européen European Air Quality Index et l’indice ATMO français. L’intérêt étant de refléter au mieux l’état des connaissances en matière de risques sanitaires et de garantir une meilleure protection de la santé des populations.
Enfin, si les pics de pollution sont préoccupants pour la santé des populations, le niveau moyen de pollution de l’air ambiant l’est tout autant sinon plus. L’Anses exhorte ainsi les politiques publiques à lutter contre les conséquences néfastes de la pollution de l’air sur le long terme.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à « la modification des seuils de déclenchement des procédures préfectorales en cas d’épisodes de pollution de l’air ambiant ». anses.fr. Consulté le 21 octobre 2021.