Après les effets du Binge Drinking, les chercheurs de l’Institut National Santé Et Recherche Médicale (INSERM) ont voulu comprendre les effets sur le cerveau d’une consommation importante et régulière d’alcool chez les jeunes adolescents de 14 et 16 ans. Focus sur l’étude montrant que ce comportement altère les neurones situés dans le tronc cérébral.
Une altération des fibres nerveuses du tronc cérébral
Pour mener à bien leurs travaux, André Galinowski, Jean-Luc Martinot et leurs collègues de l’unité de recherche Neuroimagerie et psychiatrie à l’université Paris-Sud de Gif-sur -Yvette, ont utilisé les données de l’étude IMAGEN, un programme de recherche européen sur le développement du cerveau pendant l’adolescence et regroupant 1510 jeunes.
A partir de ces données, ils ont sélectionné une soixantaine des jeunes ayant une consommation problématique d’alcool et 128 adolescents ne buvant pas d’alcool entre 14 ans et 16 ans.
À savoir ! Le questionnaire AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test), développé par l’Organisation mondiale de la santé, permet d’établir un score selon le niveau et les habitudes de consommation. Un score inférieur à 7 indique un risque faible ou anodin (simples consommateurs). Un score compris entre 7 et 10 correspond à une consommation problématique, à risque. Au-delà, la dépendance à l’alcool est probable.
En analysant par Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM), les cerveaux de l’ensemble des jeunes à l’âge de 14 ans et 16 ans, ils ont observé une anomalie du mésencéphale chez les jeunes buvant avec exagération de l’alcool.
À savoir ! Le mésencéphale, appelé également cerveau reptilien, est une région du tronc cérébral très conservée au sein des espèces et qui assure les fonctions vitales comme la respiration, le sommeil, le tonus musculaire ou encorela fonction cardiaque. Des neurones de cette région sont connectées à d’autres zones cérébrales contrôlant notamment le système de récompense, un système renforçant la motivation pour obtenir une récompense matérielle ou biologique.
Lire aussi – Binge Drinking : mieux comprendre pour mieux prévenir
Une hypersensibilité à la récompense
En regardant de plus près ces anomalies, les chercheurs ont mis en évidence que c’est la myéline, la gaine protégeant la fibre nerveuse et assurant la transmission du signal nerveux, qui est altérée au niveau de certains neurones du mésencéphale. Mais dans quelles mesures ces anomalies peuvent interférer sur le système de récompense ?
En pratiquant des tests, les chercheurs ont mis en évidence que les adolescents ayant un problème de consommation d’alcool sont hypersensibles à la récompense en étant, comparativement aux adolescents abstinents, plus performants dans des tâches lorsqu’une sucrerie est promise après sa réalisation. « Cela peut faire craindre une hypersensibilité à l’envie des effets hédoniques de l’alcool, entretenant le cercle vicieux de la dépendance pour se sentir mieux » précise Jean-Luc Martinot dans un communiqué de presse de l’INSERM. « Nous avions déjà trouvé ces altérations mésencéphaliques chez des adultes sortis de leur dépendance à l’alcool. Ces nouveaux travaux confirment l’effet d’une consommation importante d’alcool sur le mésencéphale des adolescents. Une preuve supplémentaire qu’il faut renforcer la prévention ciblant le tout début de l’adolescence » conclut Jean-Luc Martinot.
Lire aussi – Un ou deux verres… Mais pas plus ! Les limites de la consommation d’alcool
Julie P., Journaliste scientifique