Traitement acné : l’isotrétinoïne à bannir durant la grossesse

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Rédigé par Deborah L. et publié le 27 octobre 2020

Les traitements contre l’acné à base d’isotrétinoïne exposent les femmes enceintes à un risque de malformations graves chez le fœtus. C’est ce que rappelle l’ANSM qui lance une nouvelle alerte face au nombre toujours élevé de grossesses chez des femmes prenant ce médicament.

Une femme touchant un bouton d'acné devant un miroir

L’acné et ses traitements

Considérée à tort comme un mal incontournable de l’adolescence, l’acné est pourtant une pathologie cutanée très fréquente. Elle touche en effet une femme sur deux ainsi que les hommes adultes.

Plusieurs médicaments peuvent être prescrits contre l’acné parmi lesquels les rétinoïdes administrés par voie cutanée (crèmes, pommades, gels) ou par voie orale. Parmi ces médicaments  figurent l’adapalène, la trétinoïne et l’isotrétinoïne.

À savoir ! Bien que le mécanisme d’action exact de l’isotrétinoïne n’ait pas encore été entièrement élucidé, il semblerait que l’amélioration clinique de l’acné sévère soit associée à une suppression de l’activité des glandes sébacées et à une diminution de la taille de ces glandes. De plus, il a été démontré que l’isotrétinoïne exerçait un effet anti-inflammatoire au niveau du derme.

Mais il faut savoir qu’en raison du risque de malformations fœtales graves, ces traitements sont formellement contre-indiqués pendant la grossesse. Ils ne peuvent donc pas être prescrits chez une femme en âge de procréer sans contraception efficace. Si une grossesse est découverte au cours du traitement, celui-ci doit être immédiatement arrêté.

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Un nombre de grossesses encore trop élevé sous isotrétinoïne

Les médicaments composés d’isotrétinoïne ont déjà fait l’objet de mesures diverses pour en améliorer le bon usage et de multiples mises en gardes ont été adressées aux femmes en âge de procréer. A l’heure actuelle, le nombre de grossesses chez des femmes traitées par ce médicament pour une acné sévère et persistante reste cependant élevé avec 175 grossesses par an.  Et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de déplorer que « le nombre de grossesses exposées à l’isotrétinoïne n’a pas diminué depuis 2010 ».

Dans ce contexte, l’Agence lance une nouvelle alerte. Elle rappelle que la grossesse est une contre-indication absolue à l’utilisation de ces médicaments « en raison du risque très élevé de malformations graves (plus de 30 %) chez les fœtus exposés telles que des anomalies du cerveau, du visage ou du cœur ».

 L’Agence en profite également pour marteler de nouveau ses recommandations :

  • Prescription des médicaments à base d’isotrétinoïne uniquement en dernière intention pour le traitement d’acnés sévères et uniquement en cas d’échec des traitements classiques (antibiothérapie et traitements locaux).
  • Pendant un traitement durant 4 à 6 mois habituellement, il est impératif de débuter une contraception 1 mois avant le démarrage du traitement et de la poursuivre encore 1 mois après l’arrêt du traitement (en raison de la persistance d’isotrétinoïne dans le sang).
  • Un test de grossesse doit être réalisé avant de commencer le traitement, ainsi que tous les mois lors du renouvellement de la prescription et de la délivrance du traitement ainsi que le mois suivant l’arrêt du traitement.
  • Interruption immédiate du traitement en cas de grossesse survenant pendant la cure ou si la patiente pense être enceinte. Consultation impérative d’un médecin qui l’orientera vers un médecin spécialiste ou compétent en tératologie pour évaluation et conseil.

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Des troubles psychiatriques associés à la prise de médicaments rétinoïdes

Par ailleurs, des cas d’anxiété ou de changements de l’humeur, de dépression, ou d’aggravation d’une dépression incluant des tentatives de suicide, sont continuellement rapportés par des patients traités par des médicaments rétinoïdes. En plus de renforcer ses informations sur la tératogénicité de ces produits, l’ANSM alerte donc sur les troubles psychiatriques associés aux rétinoïdes administrés par voies cutanée et orale.

L’ANSM recommande ainsi aux professionnels de santé de s’assurer de l’état psychologique du ou de la patient.e à l’initiation du traitement et tout au long de son traitement et après son arrêt si nécessaire. En cas de modification de l’humeur, il sera important de réévaluer la balance bénéfice/risque du traitement.

L’ANSM prévoit enfin de réunir en début d’année prochaine des représentants des professionnels de santé et des patients afin de renforcer la réduction des risques liés à la prise de ces médicaments rétinoïdes. En attendant, l’Agence exhorte les professionnels de santé concernés (dermatologues, médecins généralistes et pharmaciens d’officine) ainsi que les patients (surtout les filles et femmes en âge de procréer), à respecter les règles d’utilisation de ces médicaments pas si anodins !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Traitement contre l’acné : règles de bon usage de l’isotrétinoïne pour limiter les risques. ANSM. Consulté le 22 octobre 2020.
– Encore trop de grossesses sous isotrétinoïne. Le quotidien du pharmacien. Consulté le 22 octobre 2020.