L’alimentation des moins de trois ans passée au crible

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Rédigé par Deborah L. et publié le 12 décembre 2018

Et si les pesticides n’étaient pas les seules substances particulièrement nocives pour les plus jeunes ? C’est ce que suggère une étude de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail) qui a estimé l’exposition des enfants de moins de trois ans aux produits chimiques présents dans l’alimentation. L’ensemble des données de cette étude sur, l’alimentation des moins de trois ans, est désormais disponible en libre accès sur internet.

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Une alimentation des moins de 3 ans passée au crible

L’ANSES avait publié en Septembre 2016 une étude de l’alimentation infantile, laquelle étudiait l’exposition des enfants de moins de trois ans aux substances chimiques. L’alimentation des moins de trois ans avait été passé au crible et près de 670 substances avait été recherchées.

Cette étude menée sur six ans et intitulée « Etude de l’alimentation totale infantile »(EATi), avait ainsi couvert 97% du régime alimentaire des moins de trois ans. Il était important pour l’Anses de conduire cette étude au regard de l’alimentation et de la vulnérabilité particulière des nourrissons et des enfants en bas-âge.

À savoir ! Les «Etudes de l’Alimentation Totale » (EAT) de l’Anses sont des enquêtes nationales qui ont pour objectif d’estimer l’exposition des populations à des contaminants chimiques présents dans l’alimentation. Elles reposent sur l’analyse d’un grand nombre de substances dans des échantillons alimentaires représentatifs de la consommation de la population concernée.

Le 28 Novembre dernier, l’ANSES a mis à disposition du public l’ensemble des données issues de cette étude en OpenData sur le site officiel data.gouv.fr. Ce document présente l’ensemble des concentrations de résidus de substances chimiques ou de contaminants dans l’alimentation des moins trois ans :

  • résidus de produits phytosanitaires
  • contaminants de l’environnement
  • composés néoformés
  • toxines naturelles
  • additifs
  • éléments traces ou minéraux

Sur les 670 substances analysées, 400 d’entre elles ont pu faire l’objet d’une estimation de risque à travers l’évaluation de la concentration des résidus présents dans chaque aliment. Globalement, 90% des substances évaluées ne présentent pas de risque ainsi que le suggérait  « le bon niveau de maîtrise des risques sanitaires associés à la présence potentielle de contaminants chimiques dans les aliments », d’après l’Anses.

Néanmoins, 16 substances restent à surveiller dont 9 qui présentent en effet un risque avéré dans la mesure où un certain nombre de bébés a dépassé les limites d’exposition aux valeurs toxicologiques de référence :

  1. Arsenic inorganique : présent dans le riz et les céréales infantiles à base de riz ainsi que dans l’eau de consommation
  2. Plomb : présent dans l’eau et les légumes
  3. Nickel : dans les produits à base de chocolat à destination des enfants de plus d’un an
  4. Dioxines et furanes (Pcdd/F) : polluants organiques persistants présents dans le lait, les poissons et les aliments trop cuits ou brûlés
  5. Polychlorobiphényles : retrouvés dans les poissons
  6. Mycotoxines T-2 & HT-2 : toxines des champignons retrouvées dans les préparations infantiles, les boissons lactées à base de céréales, les petits pots de fruits et de légumes, les biscuits et le pain
  7. Acrylamide : ingrédient de l’industrie plastique retrouvé dans les petits pots de légumes, les pommes de terre et les biscuits
  8. Déoxynivalénol et dérivés
  9. Furane

Enfin, l’Anses juge que le « risque ne peut être écarté » pour les 7 substances suivantes : l’aluminium, le cobalt, le strontium, le méthylmercure, le sélénium, le cadmium et la génistéine (molécule du soja ayant un effet perturbateur endocrinien).

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Les recommandations de l’Anses

L’étude s’est également intéressée à 12 minéraux importants pour la couverture des besoins nutritionnels. Cette couverture des besoins s’est révélée satisfaisante dans l’ensemble malgré :

  • des insuffisances d’apport pour le zinc, le calcium et le fer
  • des excès d’apport pour le zinc et le calcium en fonction de l’âge de l’enfant.

Face à ces résultats, l’Anses recommande :

  • De renforcer les mesures visant à limiter les niveaux d’exposition pour les 9 substances pour lesquelles la situation a été jugée préoccupante : maîtrise des rejets environnementaux, maîtrise des procédés, fixation de seuils réglementaires ou diminution de ces seuils.
  • D’acquérir des connaissances complémentaires pour les sept autres pour lesquelles il y a un doute sur les risques
  • De ne pas pratiquer de diversification alimentaire avant les six mois de l’enfant
  • De proscrire le lait courant avant l’âge d’an au profit du lait maternel ou des préparations infantiles.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Alimentation des moins de 3 ans : 9 substances potentiellement dangereuses retrouvées. Egora. Le 30 novembre 2018.
– Communiqué de presse Anses. ANSES. Le 28 novembre 2018