Aspirine et ibuprofène pendant la grossesse : une consommation encore trop élevée
Ils sont présents dans toutes les armoires à pharmacie, en vente libre, et souvent utilisés pour soulager douleurs ou fièvre. Pourtant, l’aspirine et l’ibuprofène peuvent être dangereux pendant la grossesse. Malgré les recommandations officielles, leur consommation reste trop élevée chez les femmes enceintes, alerte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Pourquoi ces médicaments posent-ils problème ? Quels sont les risques réels ? Et quelles alternatives privilégier ? Décryptage.
Les anti-inflammatoires encore trop souvent utilisés par les femmes enceintes
L’aspirine et l’ibuprofène appartiennent à la classe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), utilisés pour traiter la douleur, la fièvre ou l’inflammation. S’ils sont efficaces et bien tolérés chez la majorité des adultes, leur utilisation pendant la grossesse est encadrée de façon très stricte.
- Avant le 6e mois de grossesse, leur usage reste possible, mais uniquement sur prescription médicale, en cas de nécessité absolue et sous surveillance.
- À partir du 6e mois révolu, les AINS sont formellement contre-indiqués, même pour une prise ponctuelle. Cette interdiction concerne tous les AINS, quelle que soit leur forme : comprimés, crèmes, gels ou suppositoires.
Pourtant, selon le Système national des données de santé (SNDS), plus de 700 000 femmes enceintes ont été exposées à des AINS entre 2018 et 2023, dont 26 000 après le cinquième mois de grossesse, période à risque maximal pour le fœtus.
AINS et Grossesse, quels sont les risques pour le fœtus ?
L’exposition aux AINS pendant la grossesse peut avoir des conséquences graves, parfois irréversibles pour l’enfant à naître. Les risques varient selon le stade de la grossesse :
- Avant le 6e mois, les AINS peuvent :
- Augmenter le risque de fausse couche ;
- Provoquer des malformations congénitales, notamment cardiaques ou de la paroi abdominale ;
- Altérer le fonctionnement des reins du fœtus ;
- Entraîner une diminution du liquide amniotique.
- Après le 6e mois, les risques deviennent encore plus sévères :
- Fermeture prématurée du canal artériel, un vaisseau vital pour la circulation fœtale, pouvant causer une hypertension pulmonaire et parfois la mort du fœtus ;
- Insuffisance rénale sévère chez le nouveau-né ;
- Complications hémorragiques à l’accouchement, aussi bien pour la mère que pour l’enfant.
Ces effets peuvent être liés à un usage prolongé, mais aussi à une simple prise occasionnelle. C’est pourquoi l’automédication est fortement déconseillée pendant toute la grossesse.
Quels traitements privilégier en cas de douleur ou de fièvre pendant la grossesse ?
En cas de douleur ou de fièvre pendant la grossesse, le paracétamol reste le traitement de référence. Il peut être utilisé à toutes les étapes de la grossesse, en respectant les doses recommandées. Toutefois, comme pour tout médicament, il doit être pris avec discernement, idéalement après avis médical.
Pour les femmes enceintes, le bon réflexe est toujours le même : demander conseil à un professionnel de santé. Il évaluera le rapport bénéfice-risque et proposera la solution la plus adaptée à la situation, que ce soit un médicament compatible avec la grossesse ou une alternative non médicamenteuse.
De manière générale, il est essentiel d’éviter toute automédication (même avec des produits en apparence anodins, comme les huiles essentielles ou les crèmes anti-inflammatoires) et de ne jamais modifier un traitement sans avis médical.
À savoir : pictogrammes de sécurité et notices à lire attentivement
Pour aider les femmes enceintes à identifier les médicaments à risque, des pictogrammes ont été ajoutés sur les boîtes en 2017 :
- « Grossesse = Danger » : prudence, usage restreint.
- « Grossesse = Interdit » : contre-indication formelle.
Crédit image : ANSM – Réévaluation du pictogramme grossesse sur les boîtes de médicaments : lancement d’une consultation publique
Ces pictogrammes sont visibles sur les médicaments considérés comme tératogènes ou fœtotoxiques. Par ailleurs, les notices des AINS ont été mises à jour récemment pour renforcer la clarté de l’information, notamment sur les contre-indications pendant la grossesse.
Si la grossesse est une période où certains maux peuvent apparaître (douleurs, fièvre, inconfort), elle nécessite d’être particulièrement prudent avec l’automédication. L’aspirine et l’ibuprofène, largement consommés dans la population générale, peuvent exposer le fœtus à des risques graves, en particulier à partir du 6e mois. En cas de doute, il est recommandé de demander conseil à un professionnel de santé.
– Assurance maladie, Médicaments et grossesse, . www.ameli.fr. Consulté le 05 mai 2025.
Cet article vous a-t-il été utile ?